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Psaume 136 (135) - "Grande litanie d'action de grâces"


Psaume 136 (135) - "Grande litanie d'action de grâces" : Ps 136, 1-3 : Alléluia ! Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour ! Rendez grâce au Dieu des dieux, car éternel est son amour ! Rendez grâce au Seigneur des seigneurs, car éternel est son amour !

Le psaume 136 (135 selon la numérotation gréco-latine) est une litanie, appelée chez les Juifs : "Le grand Hallel" (cf. Daniel 3 52-90) et récitée pour la Pâque après le "petit Hallel" des Psaumes 113 à 118.
Dans la liturgie des Messes dominicales et des fêtes, le psaume 135 est récité lors de la Veillée Pascale en troisième lecture.


Le Psaume 135 (136) en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 135, 01 : Alléluia ! Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour !
Ps 135, 02 : Rendez grâce au Dieu des dieux, car éternel est son amour !
Ps 135, 03 : Rendez grâce au Seigneur des seigneurs, car éternel est son amour !
Ps 135, 04 : Lui seul a fait des merveilles, car éternel est son amour !
Ps 135, 05 : Il fit les cieux avec sagesse car éternel est son amour !
Ps 135, 06 : Il affermit la terre sur les eaux, car éternel est son amour !
Ps 135, 07 : Il a fait les grands luminaires, car éternel est son amour !
Ps 135, 08 : Le soleil pour gouverner sur le jour, car éternel est son amour !
Ps 135, 09 : La lune et les étoiles pour gouverner sur la nuit, car éternel est son amour !
Ps 135, 10 : Il frappa l'Égypte en ses premiers-nés, car éternel est son amour !
Ps 135, 11 : Et de là fit sortir Israël, car éternel est son amour !
Ps 135, 12 : À main forte et à bras étendu, car éternel est son amour !
Ps 135, 13 : Il sépara en deux parts la mer des Joncs, car éternel est son amour !
Ps 135, 14 : Et fit passer Israël en son milieu, car éternel est son amour !
Ps 135, 15 : Y culbutant Pharaon et son armée, car éternel est son amour !
Ps 135, 16 : Il mena son peuple au désert, car éternel est son amour !
Ps 135, 17 : Il frappa des rois puissants, car éternel est son amour !
Ps 135, 18 : Fit périr des rois redoutables, car éternel est son amour !
Ps 135, 19 : Sihôn, roi des Amorites, car éternel est son amour !
Ps 135, 20 : Et Og, roi du Bashân, car éternel est son amour !
Ps 135, 21 : Il donna leur terre en héritage, car éternel est son amour !
Ps 135, 22 : En héritage à Israël son serviteur, car éternel est son amour !
Ps 135, 23 : Il se souvint de nous dans notre abaissement, car éternel est son amour !
Ps 135, 24 : Il nous sauva de la main des oppresseurs, car éternel est son amour !
Ps 135, 25 : À toute chair il donne le pain, car éternel est son amour !
Ps 135, 26 : Rendez grâce au Dieu du ciel, car éternel est son amour !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Le Psaume 135 chanté par les moines du monastère orthodoxe de Cantauque dans la tradition Byzantine de langue française, situé près de Limoux dans l'Aude, à Villebazy, près de Carcassonne.



Le Psaume 135 (136) en français (AELF) :

Ps 135, 01 : Rendez grâce au Seigneur : il est bon, éternel est son amour !
Ps 135, 02 : Rendez grâce au Dieu des dieux, éternel est son amour !
Ps 135, 03 : Rendez grâce au Seigneur des seigneurs, éternel est son amour !
Ps 135, 04 : Lui seul a fait de grandes merveilles, éternel est son amour !
Ps 135, 05 : lui qui fit les cieux avec sagesse, éternel est son amour !
Ps 135, 06 : qui affermit la terre sur les eaux, éternel est son amour !
Ps 135, 07 : Lui qui a fait les grands luminaires, éternel est son amour !
Ps 135, 08 : le soleil qui règne sur le jour, éternel est son amour !
Ps 135, 09 : la lune et les étoiles, sur la nuit, éternel est son amour !
Ps 135, 10 : Lui qui frappa les Égyptiens dans leurs aînés, éternel est son amour !
Ps 135, 11 : et fit sortir Israël de leur pays, éternel est son amour !
Ps 135, 12 : d'une main forte et d'un bras vigoureux, éternel est son amour !
Ps 135, 13 : Lui qui fendit la mer Rouge en deux parts, éternel est son amour !
Ps 135, 14 : et fit passer Israël en son milieu, éternel est son amour !
Ps 135, 15 : y rejetant Pharaon et ses armées, éternel est son amour !
Ps 135, 16 : Lui qui mena son peuple au désert, éternel est son amour !
Ps 135, 17 : qui frappa des princes fameux, éternel est son amour !
Ps 135, 18 : et fit périr des rois redoutables, éternel est son amour !
Ps 135, 19 : Séhon, le roi des Amorites, éternel est son amour !
Ps 135, 20 : et Og, le roi de Basan, éternel est son amour !
Ps 135, 21 : pour donner leur pays en héritage, éternel est son amour !
Ps 135, 22 : en héritage à Israël, son serviteur, éternel est son amour !
Ps 135, 23 : Il se souvient de nous, les humiliés, éternel est son amour !
Ps 135, 24 : il nous tira de la main des oppresseurs, éternel est son amour !
Ps 135, 25 : A toute chair, il donne le pain, éternel est son amour !
Ps 135, 26 : Rendez grâce au Dieu du ciel, éternel est son amour !

Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.


Le Psaume 135 (136) en latin (La Vulgate) :

Ps 135, v. 01 : Alleluia confitemini Domino quoniam bonus quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 02 : confitemini Deo deorum quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 03 : confitemini Domino dominorum quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 04 : qui facit mirabilia magna solus quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 05 : qui fecit caelos in intellectu quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 06 : qui firmavit terram super aquas quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 07 : qui fecit luminaria magna quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 08 : solem in potestatem diei quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 09 : lunam et stellas in potestatem noctis quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 10 : qui percussit Aegyptum cum primogenitis eorum quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 11 : qui eduxit Israhel de medio eorum quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 12 : in manu potenti et brachio excelso quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 13 : qui divisit Rubrum mare in divisiones quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 14 : et duxit Israhel per medium eius quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 15 : et excussit Pharaonem et virtutem eius in mari Rubro quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 16 : qui transduxit populum suum in deserto quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 17 : qui percussit reges magnos quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 18 : et occidit reges fortes quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 19 : Seon regem Amorreorum quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 20 : et Og regem Basan quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 21 : et dedit terram eorum hereditatem quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 22 : hereditatem Israhel servo suo quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 23 : quia in humilitate nostra memor fuit nostri quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 24 : et redemit nos ab inimicis nostris quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 25 : qui dat escam omni carni quoniam in aeternum misericordia eius
Ps 135, v. 26 : confitemini Deo caeli quoniam in aeternum misericordia eius confitemini Domino dominorum quoniam in aeternum misericordia eius

Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum. Amen.





La Catéchèse de Benoît XVI sur le Psaume 135 (136) :

Chers frères et sœurs,

Je voudrais méditer aujourd’hui avec vous sur un psaume qui résume toute l’histoire du salut dont l’Ancien Testament nous apporte le témoignage. Il s’agit d’un grand hymne de louange qui célèbre le Seigneur dans les manifestations multiples et répétées de sa bonté tout au long de l’histoire des hommes : c’est le Psaume 136 — ou 135 selon la tradition gréco-latine.

Prière solennelle d’action de grâce, connu comme le « Grand Hallel », ce psaume est chanté traditionnellement à la fin du repas pascal juif et a probablement été prié également par Jésus lors de la dernière Pâque célébrée avec les disciples ; c’est à lui en effet que semble faire allusion l’annotation des évangélistes : « Après le chant des psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers » (cf. Mt 26, 30 ; Mc 14, 26). L’horizon de la louange illumine ainsi le chemin difficile du Golgotha. Tout le Psaume 136 se déroule sous forme de litanie, rythmée par la répétition de l’antienne « car éternel est son amour ». Tout au long de la composition, sont énumérés les nombreux prodiges de Dieu dans l’histoire des hommes et ses interventions constantes en faveur de son peuple ; et à chaque proclamation de l’action salvifique du Seigneur répond l’antienne avec la motivation fondamentale de la louange : l’amour éternel de Dieu, un amour qui, selon le terme hébreu utilisé, implique fertilité, miséricorde, bonté, grâce, tendresse. Tel est le motif unifiant de tout le psaume, répété toujours sous la même forme, tandis que changent ses manifestations ponctuelles et paradigmatiques : la création, la libération de l’exode, le don de la terre, l’aide providentielle et constante du Seigneur à l’égard de son peuple et de chaque créature.

Après une triple invitation à l’action de grâce au Dieu souverain (vv. 1-3), on célèbre le Seigneur comme Celui qui a fait « des merveilles » (v. 4), dont la première est la création : le ciel, la terre, les étoiles (vv. 5-9). Le monde créé n’est pas un simple scénario dans lequel s’inscrit l’action salvifique de Dieu, mais c’est le début même de cette action merveilleuse. Avec la création, le Seigneur se manifeste dans toute sa bonté et sa beauté, il se compromet avec la vie, révélant une volonté de bien dont jaillit toute autre action de salut. Et dans notre psaume, faisant écho au premier chapitre de la Genèse, le monde créé est synthétisé dans ses éléments principaux, en insistant en particulier sur les astres, le soleil, la lune, les étoiles, créatures magnifiques qui gouvernent le jour et la nuit. On ne parle pas ici de la création de l’être humain, mais il est toujours présent ; le soleil et la lune sont pour lui — pour l’homme — pour rythmer le temps de l’homme, le mettant en relation avec le Créateur en particulier à travers l’indication des temps liturgiques.

C’est précisément la fête de Pâques qui est évoquée immédiatement après lorsque, passant à la manifestation de Dieu dans l’histoire, commence le grand événement de la libération de l’esclavage de l’Egypte, de l’exode, retracé dans ses éléments les plus significatifs : la libération de l’Egypte avec la plaie des premiers-nés égyptiens, le départ de l’Egypte, le passage de la Mer Rouge, le cheminement dans le désert jusqu’à l’entrée en terre promise (vv. 10-20). Nous nous trouvons au moment originel de l’histoire d’Israël. Dieu est intervenu à travers toute sa puissance pour conduire son peuple à la liberté ; à travers Moïse, son envoyé, il s’est imposé au pharaon, se révélant dans toute sa grandeur et, enfin, a écrasé la résistance des Egyptiens par le terrible fléau de la mort des premiers-nés. Ainsi, Israël peut quitter le pays de l’esclavage, avec l’or de ses oppresseurs (cf. Ex. 12, 35-36), « sortant la main haute » (Ex. 14, 8), sous le signe exultant de la victoire. Au bord de la Mer rouge également, le Seigneur agit avec une puissance miséricordieuse. Devant un peuple d’Israël effrayé à la vue des Egyptiens qui le poursuivent, au point de regretter d’avoir quitté l’Egypte (cf. Ex. 14, 10-12), Dieu, comme le dit notre Psaume, « sépara en deux parts la mer des Joncs… fit passer Israël en son milieu… Y culbutant pharaon et son armé » (vv. 13-15). L’image de la Mer rouge « séparée en deux » semble évoquer l’idée de la mer comme un grand monstre qui est coupé en deux morceaux et est rendu ainsi inoffensif. La puissance du Seigneur vainc le danger des forces de la nature et des forces militaires déployées par les hommes : la mer, qui semblait barrer la route au peuple de Dieu, laisse passer Israël au sec, puis se referme sur les Egyptiens, les emportant. « La main forte et le bras étendu » du Seigneur (cf. Dt 5, 15 ; 7, 19 ; 26, 8) se montrent ainsi dans toute leur force salvifique : l’oppresseur injuste a été vaincu, englouti par les eaux, tandis que le peuple de Dieu « passe en son milieu » pour poursuivre son chemin vers la liberté.

Notre psaume fait à présent référence à ce chemin, en rappelant par une phrase très brève le long pèlerinage d’Israël vers la terre promise : « Il mena son peuple au désert, car éternel est son amour ! » (v. 16). Ces quelques mots contiennent une expérience de quarante ans, un temps décisif pour Israël qui, se laissant guider par le Seigneur, apprend à vivre de la foi, dans l’obéissance et dans la docilité à la loi de Dieu. Ce sont des années difficiles, marquées par la dureté de la vie dans le désert, mais aussi des années heureuses, de confiance dans le Seigneur, de confiance filiale ; c’est le temps de la « jeunesse » comme le définit le prophète Jérémie en parlant à Israël, au nom du Seigneur, avec des expressions pleines de tendresse et de nostalgie : « Je me rappelle l’affection de ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles, alors que tu marchais derrière moi au désert, dans une terre qui n’est pas ensemencée » (Jr 2, 2). Le Seigneur, comme le pasteur du Psaume 23 que nous avons contemplé dans une catéchèse, a guidé son peuple pendant quarante ans, l’a éduqué et aimé, le conduisant jusqu’à la terre promise, vainquant également les résistances et l’hostilité de peuples ennemis qui voulaient faire obstacle à son chemin de salut (cf. vv. 17-20).

Dans l’énumération des « grandes merveilles » que notre Psaume énonce, on parvient ainsi au moment du don conclusif, dans l’accomplissement de la promesse divine faite aux pères : « Il donna leur terre en héritage, car éternel est son amour ! En héritage à Israël son serviteur, car éternel est son amour ! » (vv. 21-22). Dans la célébration de l’amour éternel du Seigneur, on fait à présent mémoire du don de la terre, un don que le peuple doit recevoir sans jamais en prendre possession, vivant continuellement dans une attitude de recueillement reconnaissant et plein de gratitude. Israël reçoit le territoire dans lequel habiter comme « héritage », un terme qui désigne de manière générique la possession d’un bien reçu d’un autre, un droit de propriété qui, de manière spécifique, fait référence au patrimoine paternel. Une des prérogatives de Dieu est de « donner » ; et à présent, à la fin du chemin de l’exode, Israël, destinataire du don, comme un fils, entre dans le pays de la promesse accomplie. Le temps du vagabondage, sous les tentes, dans une vie marquée par la précarité, est fini. A présent a commencé le temps heureux de la stabilité, de la joie de construire des maisons, de planter les vignes, de vivre dans la sécurité (cf. Dt 8, 7-13). Mais c’est également le temps de la tentation de l’idolâtrie, de la contamination avec les païens, de l’autosuffisance qui fait oublier l’Origine du don. C’est pourquoi le psalmiste mentionne l’humiliation et les ennemis, une réalité de mort dans laquelle le Seigneur, encore une fois, se révèle comme le Sauveur : « Il se souvint de nous dans notre abaissement, car éternel est son amour ! Il nous sauva de la main des oppresseurs, car éternel est son amour ! » (vv. 23-24).

Dès lors se pose la question : comment pouvons-nous faire de ce psaume une prière qui soit nôtre, comment pouvons-nous nous approprier, par notre prière, de ce psaume ? Le cadre du psaume est important, au début et à la fin : c’est la création. Nous reviendrons sur ce point : la création comme le grand don de Dieu dont nous vivons, dans lequel il se révèle dans sa bonté et sa grandeur. Et donc, avoir à l’esprit la création comme don de Dieu est un point qui nous est commun à tous. Vient ensuite l’histoire du salut. Naturellement nous pouvons dire : cette libération de l’Egypte, le temps du désert, l’entrée en Terre Sainte puis les autres problèmes, sont très loin de nous, ils n’appartiennent pas à notre histoire. Mais nous devons être attentifs à la structure fondamentale de cette prière. La structure fondamentale est qu’Israël se rappelle de la bonté du Seigneur. Dans cette histoire, il y a beaucoup de vallées obscures, il y a beaucoup de moments marqués par la difficulté et la mort, mais Israël se rappelle que Dieu était bon et qu’il peut survivre dans cette vallée obscure, dans cette vallée de la mort, parce qu’il se souvient. Il garde en mémoire la bonté du Seigneur, de sa puissance ; sa miséricorde vaut pour l’éternité. Et cela est important pour nous aussi : garder en mémoire la bonté du Seigneur. La mémoire devient force de l’espérance. La mémoire nous dit : Dieu existe, Dieu est bon, éternelle est sa miséricorde. Et ainsi la mémoire ouvre, même dans l’obscurité d’un jour, d’un temps, la route vers l’avenir : elle est lumière et étoile qui nous guide. Nous avons nous aussi une mémoire du bien, de l’amour miséricordieux, éternel de Dieu. L’histoire d’Israël appartient déjà à notre mémoire aussi, la mémoire de la façon dont Dieu s’est montré, a créé son peuple. Puis Dieu s’est fait homme, l’un d’entre nous : il a vécu avec nous, il a souffert avec nous, il est mort pour nous. Il reste avec nous dans le Sacrement et dans la Parole. C’est une histoire, une mémoire de la bonté de Dieu qui nous assure sa bonté : son amour est éternel. Et puis aussi en ces deux mille ans de l’histoire de l’Eglise il y a toujours, à nouveau, la bonté du Seigneur. Après la période obscure de la persécution nazie et communiste, Dieu nous a libérés, il a montré qu’il est bon, qu’il a de la force, que sa miséricorde vaut pour toujours. Et, comme dans l’histoire commune, collective, est présente cette mémoire de la bonté de Dieu, elle nous aide, elle devient étoile de l’espérance, ainsi aussi chacun a son histoire personnelle de salut, et nous devons réellement tirer profit de cette histoire, avoir toujours à l’esprit la mémoire des grandes choses qu’il a faites dans ma vie aussi, pour avoir confiance : sa miséricorde est éternelle. Et si aujourd’hui je suis dans la nuit obscure, demain Il me libère car sa miséricorde est éternelle.

Revenons au psaume, parce que, à la fin, il revient à la création. Le Seigneur — c’est ce qui est dit — « à toute chair, il donne le pain, éternel est son amour ! » (n. 25). La prière du psaume se conclut avec une invitation à la louange : « Rendez grâce au Dieu du ciel, éternel est son amour ! ». Le Seigneur est le Père bon et prévoyant, qui donne son héritage à ses fils et offre à tous la nourriture pour vivre. Le Dieu qui a créé les cieux et la terre et les grandes lumières célestes, qui entre dans l’histoire des hommes pour conduire au salut tous ses enfants est le Dieu qui comble l’univers de sa présence de bien en étant attentif à la vie et en donnant du pain. La puissance invisible du Créateur et Seigneur chantée dans le Psaume se révèle dans la petite visibilité du pain qu’il nous donne, avec lequel il nous fait vivre. Et ainsi ce pain quotidien symbolise et synthétise l’amour de Dieu comme Père, et nous ouvre à l’accomplissement néo-testamentaire, à ce « pain de vie », l’Eucharistie, qui nous accompagne dans notre existence de croyants, en anticipant la joie définitive du banquet messianique au Ciel.

Frères et sœurs, la louange de bénédiction du Psaume 136 nous a fait reparcourir les étapes les plus importantes de l’histoire du salut, jusqu’à parvenir au mystère pascal, où l’action salvifique de Dieu arrive à son sommet. Avec joie reconnaissante nous célébrons donc le Créateur, Sauveur et Père fidèle, qui « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle » (Jn 3, 16). Dans la plénitude des temps, le Fils de Dieu se fait homme pour donner la vie, pour le salut de chacun de nous, et il se donne comme pain dans le mystère eucharistique pour nous faire entrer dans son alliance qui fait de nous ses fils. C’est à ce point que s’élève la bonté miséricordieuse de Dieu et la sublimité de son « amour pour toujours ». Je veux donc conclure cette catéchèse en faisant miennes les paroles que saint Jean écrit dans sa Première Lettre et que nous devrions toujours avoir à l’esprit dans notre prière : « Voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés fils de Dieu — et nous le sommes » (1 Jn 3, 1). Merci.

Benoît XVI - 19 octobre 2011