home Les 150 psaumes Site-Catholique.fr
×

Psaume 48 - « La Vie Future du Juste et de l'Impie »


« Écoutez tous Ceci, ô peuples ; prêtez l'oreille, vous tous qui habitez l'univers »
« Audite hæc, omnes gentes ; auribus percipite, omnes qui habitatis orbem »

Il est assez inutile de rechercher à quelle occasion le Psaume 48 a été composé, puisqu'on n'en sait rien d'assuré, et qu'il est d'ailleurs entièrement de Morale. Le Prophète y représente la vanité des richesses et l’inutilité de la sagesse du monde ; et il y fait voir, que s'il arrive souvent que les Justes soient affligés en cette vie, et que les méchants y soient dans la prospérité, le temps de la Mort sera un juste discernement de toutes choses. Vanité des biens de ce monde ; les Impies seront à jamais Punis et les Bons éternellement Récompensés. Ce Psaume XLVIII moral et didactique, composé de sentences brèves et vigoureuses à la manière du Livre des Proverbes, a beaucoup de ressemblance avec celui du Psaume XXXVI : c'est de nouveau l'important et difficile problème de l'inégalité des conditions humaines et de la fréquente prospérité des Impies, qui est traité, discuté. Le psalmiste examine surtout la condition présente et future des hommes Impies qui « ont confiance en leurs biens et se glorifient de leurs grandes richesses » (verset 7) : il voit que ces biens sont essentiellement transitoires, et qu'ils ne sauraient délivrer ni de la mort, ni des châtiments d'outre-tombe, ceux qui les possèdent ici-bas ; au contraire, les Justes, quoique souvent plongés durant cette vie dans toute sorte de souffrances, ont pour consolation intime les espérances d'une Vie meilleure, Éternelle. Ce Psaume est peut-être celui du Psautier qui contient le plus d'assertions explicites sur l'existence et les conditions de la Vie Future : « Ils ont été mis dans l'Enfer comme un troupeau de brebis ; la mort les dévorera. Et, au matin, les Justes auront l'empire sur eux, et leur appui sera détruit dans l'Enfer, après qu'ils auront été dépouillés de leur gloire » (verset 15)


Le Psaume XLVIII en latin « Audite hæc, omnes gentes » (Vulgate) :
Ps. XLVIII, 1 : In finem, filiis Core, Psalmus.
Ps. XLVIII, 2 : Audite hæc, omnes gentes ; auribus percipite, omnes qui habitatis orbem ;
Ps. XLVIII, 3 : Quique terrigenæ et filii hominum, simul in unum dives et pauper.
Ps. XLVIII, 4 : Os meum loquetur sapientiam, et meditatio cordis mei prudentiam.
Ps. XLVIII, 5 : Inclinabo in parabolam aurem meam ; aperiam in psalterio propositionem meam.
Ps. XLVIII, 6 : Cur timebo in die mala ? Iniquitas calcanei mei circumdabit me.
Ps. XLVIII, 7 : Qui confidunt in virtute sua, et in multitudine divitiarum suarum gloriantur.
Ps. XLVIII, 8 : Frater non redimit ; redimet homo ? Non dabit Deo placationem suam,
Ps. XLVIII, 9 : Et pretium redemptionis animæ suæ. Et laborabit in æternum,
Ps. XLVIII, 10 : Et vivet adhuc in finem.
Ps. XLVIII, 11 : Non videbit interitum, cum viderit sapientes morientes. Simul insipiens et stultus peribunt, et relinquent alienis divitias suas,
Ps. XLVIII, 12 : Et sepulcra eorum domus illorum in æternum. Tabernacula eorum in progenie et progenie ; vocaverunt nomina sua in terris suis.
Ps. XLVIII, 13 : Et homo, cum in honore esset, non intellexit ; comparatus est jumentis insipientibus, et similis factus est illis.
Ps. XLVIII, 14 : Hæc via illorum scandalum ipsis, et postea in ore suo complacebunt.
Ps. XLVIII, 15 : Sicut oves in inferno positi sunt ; mors depascet eos. Et dominabuntur eorum justi in matutino, et auxilium eorum veterascet in inferno a gloria eorum.
Ps. XLVIII, 16 : Verumtamen Deus redimet animam meam de manu infer, cum acceperit me.
Ps. XLVIII, 17 : Ne timueris cum dives factus fuerit homo, et cum multiplicata fuerit gloria domus ejus ;
Ps. XLVIII, 18 : Quoniam, cum interierit, non sumet omnia, neque descendet cum eo gloria ejus.
Ps. XLVIII, 19 : Quia anima ejus in vita ipsius benedicetur ; confitebitur tibi cum benefeceris ei.
Ps. XLVIII, 20 : Introibit usque in progenies patrum suorum, et usque in æternum non videbit lumen.
Ps. XLVIII, 21 : Homo, cum in honore esset, non intellexit ; comparatus est jumentis insipientibus, et similis factus est illis.
Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto sicut erat in principio et nunc et semper et in sæcula sæculorum. Amen.


Le Psaume 48 en français « Écoutez tous Ceci, ô peuples » (Vulgate) :
Ps 48, 1 : Pour la fin, des fils de Coré, Psaume.
Ps 48, 2 : Écoutez tous Ceci, ô peuples ; prêtez l'oreille, vous tous qui habitez l'univers ;
Ps 48, 3 : Et vous, enfants de la terre et fils des hommes, le riche aussi bien que le pauvre.
Ps 48, 4 : Ma bouche proférera la Sagesse, et de la méditation de mon Cœur sortira la Prudence.
Ps 48, 5 : J'inclinerai mon oreille à la Parabole ; je révélerai au son de la harpe Ce que j'ai à proposer.
Ps 48, 6 : Pourquoi craindrais-je au jour mauvais ? L'iniquité de ceux qui me talonnent m'environnera.
Ps 48, 7 : Ils se confient dans leur force, et ils se glorifient dans l'abondance de leurs richesses.
Ps 48, 8 : Le frère ne rachète point, un homme rachètera-t-il ? Il ne pourra pas donner à Dieu de quoi L'apaiser,
Ps 48, 9 : Ni un prix capable de racheter son âme. Il sera éternellement dans la peine,
Ps 48, 10 : Et il vivra encore jusqu'à la fin.
Ps 48, 11 : Il ne verra pas la mort, lorsqu'il verra les Sages mourir. Ensemble l'insensé et le fou périront, et ils abandonneront leurs richesses à des étrangers,
Ps 48, 12 : Et leurs sépulcres seront à jamais leur demeure. Leurs tentes subsisteront de génération en génération ; ils ont donné leurs noms à leurs domaines.
Ps 48, 13 : Et l'homme, quoique élevé en honneur, n'a pas compris ; il a été comparé aux bêtes sans raison, et il leur est devenu semblable.
Ps 48, 14 : Telle est leur voie, qui leur est une occasion de chute, et néanmoins ils se complaisent dans leurs discours.
Ps 48, 15 : Ils ont été mis dans l'Enfer comme un troupeau de brebis ; la mort les dévorera. Et, au matin, les Justes auront l'empire sur eux, et leur appui sera détruit dans l'Enfer, après qu'ils auront été dépouillés de leur gloire.
Ps 48, 16 : Mais Dieu rachètera mon âme de la Puissance de l'Enfer, lorsqu'Il m'aura pris auprès de Lui.
Ps 48, 17 : Ne crains pas, quand un homme sera devenu riche, et quand la gloire de sa maison se sera agrandie ;
Ps 48, 18 : Car, lorsqu'il sera mort, il n'emportera pas tout, et sa gloire ne descendra point avec lui.
Ps 48, 19 : Car, pendant sa vie, son âme sera Bénie ; il Te louera lorsque Tu lui auras fait du bien.
Ps 48, 20 : Il entrera jusqu'auprès des générations de ses Pères, et durant toute l'Éternité il ne verra pas la Lumière.
Ps 48, 21 : L'homme, quoique élevé en honneur, n'a point compris ; il a été comparé aux bêtes sans raison, et il leur est devenu semblable.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Le Psaume 48 « Écoutez, peuples de la terre, prêtez-moi votre attention » mis en quatrains de 32 syllabes (Bible de Vence de 1738) :
Ps 48, 1 : Pour la fin, des fils de Coré, Psaume.
Ps 48, 2 : Écoutez, peuples de la terre,
Prêtez-moi votre attention ;
Écoutez ce que je profère,
Hommes de toute nation ;
Ps 48, 3 : Hommes d'une illustre origine,
Et vous dont le nom reste obscur ;
Vous que la richesse illumine,
Pauvres dont le sort est si dur.
Ps 48, 4 : Ma bouche de la Sapience
Va vous annoncer les Arrêts ;
Du fond de mon cœur, la Prudence
Va vous révéler ses secrets.
Ps 48, 5 : Attentive à ma Parabole,
Mon oreille en recueille l'or ;
Ma lyre anime la Parole
Qui vous en ouvre le Trésor.
Ps 48, 6: Que me restera-t-il à craindre,
Aux approches du mauvais jour ?
Que mon péché vienne m'enceindre,
Et n'envelopper sans retour.
Ps 48, 7 : Je le dis à ceux qui se fient
En la puissance de leur bras,
A tous ceux qui se glorifient
Des richesses qu'ils ont en tas :
Ps 48, 8 : On ne rachète pas son frère ;
L'étranger rachèterait-il,
Saurait-il à Dieu satisfaire ?
Au prix d'une âme tout est vil,
Ps 48, 9-10 : Eternellement on travaille ;
Ps 48, 11 : Et l'on vit jusques à la fin,
Sans songer un instant qu'il faille
Du Sage subir le destin.
Ps 48, 11 : Et cependant, comme le Sage,
Nous voyons mourir l'insensé ;
Comme le plus Saint personnage,
L'impie a malfaire exercé.
Ps 48, 12 : Ils délaisseront leur richesse
A des étrangers inconnus,
Lorsqu'à la tombe vengeresse
Ils seront enfin parvenus ;
A cette demeure dernière,
Tabernacle de leur orgueil
Qui donnait ses noms à la terre,
Et n'habitera qu'un cercueil.
Ps 48, 13 : L'homme, hélas ! De sa destinée
N'a jamais compris la Grandeur ;
De la brute indisciplinée
Le Maître en fut l'Imitateur.
Ps 48, 14 : Ceux qui n'ont trouvé dans leur voie
Que des pierres d'achoppement,
La suivent encore avec joie,
Et vantent leur aveuglement.
Ps 48, 15 : Troupeaux bons pour la boucherie,
La mort les chasse vers l'Enfer,
Sa dévorante bergerie,
Frappés de sa verge de fer.
Sur eux le Juste aura l'empire,
Quand se lèvera le grand Jour ;
Et l'Enfer saura bien détruire
Et leur espoir, et leur amour.
Ps 48, 16 : Mais celui dont je me réclame
Aux bords des gouffres infernaux,
Mon Dieu rachètera mon âme
De la puissance des tombeaux.
Ps 48, 17 : Ne craignez point à voir un homme
Accumuler d'immenses biens ;
Que sa prospérité renomme
Autant que la gloire des siens.
Ps 48, 18 : Emportera-t-il sa chevance
Sous les auspices du trépas ?
Avec lui sa magnificence
Au tombeau ne descendra pas.
Ps 48, 19 : Il recevra, pendant sa vie,
Les éloges des insensés ;
Et lui, de la foule asservie,
Louera les soins intéressés.
Ps 48, 20 : Mais bientôt, en des Lieux Funèbres,
Où rien n'éclairera ses yeux
Couverts d'éternelles ténèbres,
Il ira trouver ses aïeux.
Ps 48, 21 : L'homme, hélas ! De sa destinée
N'a jamais compris la Grandeur ;
De la brute indisciplinée
Le Maître en fut l'Imitateur.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Le Psaume 48 « Écoutez Ceci, tous les peuples ; entendez bien » (AELF) :
Ps 48, 1 : Pour la fin, des fils de Coré, Psaume.
Ps 48, 2 : Écoutez Ceci, tous les peuples ; entendez bien, habitants de l'univers,
Ps 48, 3 : Gens illustres, gens obscurs, riches et pauvres, tous ensemble.
Ps 48, 4 : Ma bouche dira des Paroles de Sagesse, les propos clairvoyants de mon cœur ;
Ps 48, 5 : L'oreille attentive aux proverbes, j'exposerai sur la cithare mon énigme.
Ps 48, 6 : Pourquoi craindre aux jours de malheur ces fourbes qui me talonnent pour m'encercler,
Ps 48, 7 : Ceux qui s'appuient sur leur fortune et se vantent de leurs grandes richesses ?
Ps 48, 8 : Nul ne peut racheter son frère ni payer à Dieu sa Rançon :
Ps 48, 9 : Aussi cher qu'il puisse payer, toute vie doit finir.
Ps 48, 10 : Peut-on vivre indéfiniment sans jamais voir la fosse ?
Ps 48, 11 : Vous voyez les Sages mourir : comme le fou et l'insensé ils périssent, laissant à d'autres leur fortune.
Ps 48, 12 : Ils croyaient leur maison éternelle, leur demeure établie pour les siècles ; sur des terres ils avaient mis leur nom.
Ps 48, 13 : L'homme comblé ne dure pas : il ressemble au bétail qu'on abat.
Ps 48, 14 : Tel est le destin des insensés et l'avenir de qui aime les entendre :
Ps 48, 15 : Troupeau parqué pour les Enfers et que la Mort mène paître. A l'Aurore, ils feront place au Juste ; dans la mort, s'effaceront leurs visages : pour eux, plus de palais !
Ps 48, 16 : Mais Dieu rachètera ma vie aux griffes de la Mort : c'est Lui qui me prendra.
Ps 48, 17 : Ne crains pas l'homme qui s'enrichit, qui accroît le luxe de sa maison :
Ps 48, 18 : Aux Enfers il n'emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui.
Ps 48, 19 : De son vivant, il s'est béni lui-même : « On t'applaudit car tout va bien pour toi ! »
Ps 48, 20 : Mais il rejoint la lignée de ses ancêtres qui ne verront jamais plus la Lumière.
Ps 48, 21 : L'homme comblé qui n'est pas clairvoyant ressemble au bétail qu'on abat.
Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.


Le Psaume 48 « Écoutez ceci, tous les peuples, prêtez l'oreille » (Bible de Jérusalem de 1998) :
Ps 48, 1 : Pour la fin, des fils de Coré, Psaume.
Ps 48, 2 : Écoutez ceci, tous les peuples, prêtez l'oreille, tous les habitants du monde,
Ps 48, 3 : Gens du commun et gens de condition, riches et pauvres ensemble !
Ps 48, 4 : Ma bouche énonce la Sagesse, et le murmure de mon cœur, l'Intelligence ;
Ps 48, 5 : Je tends l'oreille à quelque proverbe, je résous sur la lyre mon énigme.
Ps 48, 6 : Pourquoi craindre aux jours de malheur ? La malice me talonne et me cerne
Ps 48, 7 : Eux se fient à leur fortune, se prévalent du surcroît de leur richesse.
Ps 48, 8 : Mais l'homme ne peut acheter son rachat ni payer à Dieu sa Rançon
Ps 48, 9 : Il est coûteux, le Rachat de son âme, et il manquera toujours
Ps 48, 10 : Pour que l'homme survive et jamais ne voie la fosse.
Ps 48, 11 : Or, il verra mourir les Sages, périr aussi le fou et l'insensé, qui laissent à d'autres leur fortune.
Ps 48, 12 : Leurs tombeaux sont à jamais leurs maisons, et leurs demeures d'âge en âge ; et ils avaient mis leur nom sur leurs terres !
Ps 48, 13 : L'homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail muet.
Ps 48, 14 : Ainsi vont-ils, sûrs d'eux-mêmes, et finissent-ils, contents de leur sort.
Ps 48, 15 : Troupeau que l'on parque au Shéol, la Mort les mène paître, les hommes Droits domineront sur eux. Au matin s'évanouit leur image, le Shéol, voilà leur résidence !
Ps 48, 16 : Mais Dieu Rachètera mon âme des griffes du Shéol, et me prendra.
Ps 48, 17 : Ne crains pas quand l'homme s'enrichit, quand s'accroît la gloire de sa maison.
Ps 48, 18 : À sa mort, il n'en peut rien emporter, avec lui ne descends pas sa gloire.
Ps 48, 19 : Son âme qu'en sa vie il bénissait et l'on Te loue d'avoir pris soin de Toi
Ps 48, 20 : Ira rejoindre la lignée de ses pères qui plus jamais ne verront la Lumière.
Ps 48, 21 : L'homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail muet.
Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.



Ambroise-de-Milan-2.jpg

Sermon de Saint Ambroise sur le Psaume 48 : « Un seul Médiateur, Jésus Christ » :


Saint Ambroise place dans la bouche du Christ ce verset du Psaume 48 :

Un frère ne rachète pas, c'est l'homme qui rachètera, et il ne fournira pas à Dieu son expiation, ni la rançon qui rachète sa vie. Alors pourquoi craindre au jour du malheur ? Car rien ne peut me nuire, à moi qui, non seulement n'ai pas besoin de rédempteur, mais qui suis moi-même le rédempteur de tous. Je vais délivrer les autres et je tremblerais pour moi-même ? Voici que je vais faire toutes choses nouvelles, moi qui suis au-dessus d'un simple sentiment de parenté, au-delà de la tendresse familiale. Celui que le frère, né du même sein maternel, ne peut racheter, parce qu'il est emprisonné dans la faiblesse d'une nature égale, l'homme le rachètera, mais cet homme, dont il est écrit que le Seigneur enverra l'homme qui les sauvera, et qui a dit de lui-même : Vous cherchez à me faire mourir, moi l'homme qui vous ai dit la vérité.

Mais, bien qu'il soit un homme, qui pourrait le connaître ? Et pourquoi personne ne peut-il le connaître ? Parce que, comme il n'y a qu'un seul Dieu, il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Jésus Christ. C'est lui, le seul qui rachète l'homme, dépassant ses frères par sa tendresse ; car il a versé son sang pour des étrangers, et c'est une offrande que personne ne peut présenter même pour son frère. C'est pourquoi il n'a pas refusé son propre corps, afin de nous racheter du péché ; et il s'est donné lui-même en rançon pour tous, comme l'affirmait son témoin véridique, l'Apôtre Paul : Je dis vrai, je ne mens pas.

Mais pourquoi est-il le seul qui puisse racheter ? Parce que personne ne peut l'égaler en tendresse : il donne sa vie pour ses pauvres serviteurs ; personne ne peut égaler l'intégrité de sa nature humaine, car tous les hommes sont soumis au péché, à la déchéance d'Adam. Seul est choisi pour rédempteur celui qui ne peut être accusé de l'antique péché. Comprenons donc que c'est un homme, le Seigneur Jésus Christ, qui a endossé la condition de l'homme pour crucifier dans sa chair le péché de tous et pour effacer par son sang la reconnaissance de dette qui pesait sur tous.

Mais tu diras peut-être : Comment nier que le frère peut racheter, quand lui-même a dit : J'annoncerai ton nom à mes frères ? Non, ce n'est pas comme notre frère; c'est comme l'homme Jésus Christ, en qui était Dieu, qu'il nous a remis nos péchés. Car il est écrit : C'est Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui, dans ce Christ Jésus, le seul dont il est dit : Le Verbe s'est fait chair et il a demeuré parmi nous. Ce n'est donc pas en qualité de frère, mais en qualité de Seigneur qu'il a demeuré parmi nous, lorsqu'il demeurait dans la chair.


Le Rédempteur de tous

Puisque le Christ a réconcilié le monde avec Dieu, Lui-même, évidemment, n'a pas eu besoin de réconciliation. Pour quel péché aurait-il expié, en effet, Lui qui n'a commis aucun péché ? Lorsque les Juifs réclamaient le didrachme qu'on versait à cause du péché, selon la loi, il avait dit à Pierre : Simon, les rois de la terre, de qui reçoivent-ils taxe et impôt : de leurs enfants ou des étrangers ? Pierre répondit : Des étrangers. Le Seigneur lui dit alors : Donc, les enfants n'y sont pas soumis. Mais pour ne pas les heurter, jette l'hameçon, saisis le premier poisson ; et, en lui ouvrant la bouche, tu trouveras un statère : prends-le et donne-le pour moi et pour toi.

Il montre ainsi qu'il ne doit pas expier les péchés pour Lui-même, parce qu’Il n'était pas esclave du péché ; comme Fils de Dieu, Il était libre de toute erreur. En effet, le Fils libère, tandis que l'esclave est assujetti au péché. Donc Celui qui est entièrement libre n'a pas à payer rançon pour Sa vie, et Son sang pouvait être une rançon surabondante pour racheter tous les péchés de l'univers. Il est normal qu’Il libère les autres, Celui qui ne doit rien pour Lui-même.

J'irai plus loin. Non seulement le Christ ne doit pas verser la rançon de Sa propre rédemption ni expier pour Son propre péché, mais encore, si tu considères n'importe quel homme, il est compréhensible que chacun d'eux ne doit pas expier pour lui-même. Car le Christ est l'expiation de tous, la rédemption de tous.

Quel homme pourra se racheter par son propre sang, alors que le Christ a versé son Sang pour le rachat de tous ? Y a-t-il un seul homme dont le sang puisse être comparé à Celui du Christ ? Ou y a-t-il un homme assez puissant pour fournir son expiation en surplus de celle qui a été offerte en sa propre personne par le Christ qui, à Lui seul, a réconcilié le monde avec Dieu par son Sang ? Y a-t-il une victime plus noble, un sacrifice plus éminent, un avocat meilleur que Celui qui s'est fait supplication pour les péchés de tous et qui a donné Sa vie en rédemption pour nous ?

Il n'y a donc pas à chercher une expiation ou une rédemption individuelle, parce que le Sang versé en rançon pour tous est Celui du Christ. C'est par ce Sang que le Seigneur Jésus nous a rachetés, Lui qui, seul, nous a réconciliés avec le Père. Et Il a accompli Son labeur jusqu'au bout, car Il a pris sur Lui notre labeur, Lui qui dit : Venez à moi, vous tous qui êtes accablés par le labeur, et je vous relèverai.


Saint Ambroise de Milan (340-397)

Ambroise-de-Milan-1.jpg