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Psaume 74 - « Menace des Jugements Divins contre les impies »


« Nous Vous louerons, ô Dieu, nous Vous louerons, et nous invoquerons votre Nom ; nous raconterons Vos merveilles »
« Confitebimur tibi, Deus, confitebimur, et invocabimus nomen tuum ; narrabimus mirabilia tua »

On ne peut point assurer en quel temps ce Psaume 74 a été composé par Asaph. C'est une espèce de dialogue, où tantôt les Justes, tantôt le Prophète, et tantôt Dieu parle Lui-même. L'orgueil des hommes y est abaissé par la crainte des rigueurs du Dernier Jugement. Selon Théodoret, cette Menace des Jugements Divins contre les impies fut composé à une époque où le peuple de Dieu venait d'être menacé par des ennemis impies et puissants (versets 5-6) et de l'heureux instant où le Saint roi Ézéchias, après des jours d'angoisse terrible et de péril extrême, fut tout à coup rassuré par le Prophète Isaïe contre les orgueilleuses menaces de Sennachérib (Is. XXXVII, 33 et ss). D'abord un court prélude (verset 2) dans lequel la nation entière offre à Dieu des louanges dignes de ses Bienfaits. Le Seigneur Lui-même prend ensuite la Parole (versets 3-4), et annonce majestueusement qu'Il va venir au secours de son peuple. Le poète, se présentant à son tour, menace très vivement les ennemis d'Israël, et leur prédit la proximité des Jugements Divins (versets 5-10). Enfin Dieu ajoute un dernier mot (verset 11) pour confirmer l'oracle du psalmiste. La Sainte Église Catholique chante ce Psaume LXXIV au Jeudi-Saint comme pour nous rappeler à la fois, et la Miséricorde de Dieu dans l’Œuvre de notre Rédemption et sa Justice formidable contre la ville infidèle et déicide. Nous trouvons également ce Psaume aux Fêtes des Saints Apôtres (Matines, Troisième Nocturne) et on leur applique ce passage du verset 4 : C’est moi qui ai affermi ses colonnes.




Le Psaume LXXIV en latin « Confitebimur tibi, Deus » (Vulgate) :
Ps. LXXIV, 1 : In finem, Ne corrumpas, Psalmus cantici Asaph.
Ps. LXXIV, 2 : Confitebimur tibi, Deus, confitebimur, et invocabimus nomen tuum ; narrabimus mirabilia tua.
Ps. LXXIV, 3 : Cum accepero tempus, ego justitias judicabo.
Ps. LXXIV, 4 : Liquefacta est terra et omnes qui habitant in ea ego confirmavi columnas ejus.
Ps. LXXIV, 5 : Dixi iniquis : Nolite inique agere ; et delinquentibus : Nolite exaltare cornu.
Ps. LXXIV, 6 : Nolite extollere in altum cornu vestrum ; nolite loqui adversus Deum iniquitatem.
Ps. LXXIV, 7 : Quia neque ab oriente, neque ab occidente, neque a desertis montibus.
Ps. LXXIV, 8 : Quoniam Deus judex est, hunc humiliat, et hunc exaltat ;
Ps. LXXIV, 9 : Quia calix in manu Domini vini meri, plenus misto. Et inclinavit ex hoc in hoc, verumtamen fæx ejus non est exinanita ; bibent omnes peccatores terræ.
Ps. LXXIV, 10 : Ego autem annuntiabo in sæculum ; cantabo Deo Jacob.
Ps. LXXIV, 11 : Et omnia cornua peccatorum confringam, et exaltabuntur cornua justi.
Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto sicut erat in principio et nunc et semper et in sæcula sæculorum. Amen.


Le Psaume 74 en français « Nous Vous louerons, ô Dieu » (Vulgate) :
Ps 74, 1 : Psaume et cantique d'Asaph pour la fin : ne détruisez point.
Ps 74, 2 : Nous Vous louerons, ô Dieu, nous Vous louerons, et nous invoquerons votre Nom ; nous raconterons Vos merveilles.
Ps 74, 3 : Au Temps que j'aurai fixé, je ferai parfaite Justice.
Ps 74, 4 : La terre s'est dissoute, avec tous ceux qui l'habitent ; Moi j'ai affermi ses colonnes.
Ps 74, 5 : J'ai dit aux méchants : Ne commettez plus l'iniquité ; et aux pécheurs : N'élevez plus un front superbe.
Ps 74, 6 : Ne levez plus si haut la tête ; cessez de proférer des blasphèmes contre Dieu.
Ps 74, 7 : Car ce n'est ni de l'orient, ni de l'occident, ni des montagnes désertes, que vous viendra le Secours.
Ps 74, 8 : Parce que c'est Dieu qui est Juge, Il humilie celui-ci, et Il élève celui-là ;
Ps 74, 9 : Car il y a dans la main du Seigneur une coupe de vin pur, pleine d'aromates. Il en verse de côté et d'autre, et pourtant la lie n'en est pas épuisée ; tous les pécheurs de la terre en boiront.
Ps 74, 10 : Pour moi, j'annoncerai ces choses à jamais ; je chanterai à la Gloire du Dieu de Jacob.
Ps 74, 11 : Et je briserai toutes les cornes des pécheurs, et les cornes du Juste se redresseront.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Le Psaume 74 « Nous enchanterons les oreilles, ô Dieu, des charmes de ta Loi ; nous proclamerons Tes merveilles, nous qui nous approchons de Toi » mis en quatrains de 32 syllabes (Bible de Vence de 1738) :
Ps 74, 1 : Psaume et cantique d'Asaph pour la fin : ne détruisez point.
Ps 74, 2 : Nous enchanterons les oreilles,
Ô Dieu, des charmes de ta Loi ;
Nous proclamerons Tes merveilles,
Nous qui nous approchons de Toi.
Ps 74, 3 : Quand mon Heure sera venue,
Je visiterai les mortels ;
Justice à tous sera rendue
Par mes Jugements Solennels.
Ps 74, 4 : La terre s'en va, comme l'onde,
Et coule avec ses habitants ;
Moi, je raffermirai le monde
Sur ses antiques fondements.
Ps 74, 5 : Et j'ai dit au méchant : Du crime
Cesse de fréquenter le seuil ;
A l'impie aveugle : Réprime
Les élans de ton fol orgueil.
Ps 74, 6 : Cessez tous d'élever vos têtes,
Armés contre un Suprême Vœu ;
Et de provoquer des tempêtes,
En blasphémant le Nom de Dieu.
Ps 74, 7 : En vain votre terreur implore
Les montagnes d'un sol ardent ;
Et les régions de l'aurore,
Et les rives de l'occident,
Ps 74, 8 : Contre Dieu, ce Juge Sévère,
Dont le Pouvoir mystérieux
Renverse l'un sur la poussière,
Et porte l'autre jusqu'aux Cieux.
Ps 74, 9 : II a, dans Sa main, une coupe
D'un vin mêlé de sucs amers,
Qu'Il incline dans chaque groupe
Des nations de l'univers.
Des liqueurs dont Il l'a remplie
Le plus lourd est encore au fond ;
Il n'en épuise pas la lie,
Et tous les pécheurs en boiront.
Ps 74, 10 : Moi, j'annoncerai d'âge en âge
Les Louanges de l'Éternel ;
Et mes chants Te rendront hommage,
Ô Dieu Protecteur d'Israël.
Ps 74, 11 : Sur les débris de la puissance
De l'impie enfin abattu,
J'exalterai l'indépendance
Et le trône de la Vertu.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Le Psaume 74 (AELF) et son Antienne psalmodiés par les Moines Bénédictins de l’Abbaye de Keur Moussa au Sénégal :



Antienne : « Il renverse les puissants de leurs trônes, Il élève les humbles »
Ps 74, 2 : À Toi, Dieu, nous rendons Grâce ; nous rendons Grâce, et ton Nom est proche : on proclame Tes merveilles !
Ps 74, 3 : « Oui, au moment que j'ai fixé, moi, je jugerai avec droiture.
Ps 74, 4 : Que s'effondrent la terre et ses habitants : moi seul en ai posé les colonnes !
Ps 74, 5 : « Aux arrogants, je dis : Plus d'arrogance ! Et aux impies : Ne levez pas votre front !
Ps 74, 6 : Ne levez pas votre front contre le Ciel, ne parlez pas en Le prenant de haut ! »
Ps 74, 7 : Ce n'est pas du levant ni du couchant, ni du désert, que vient le Relèvement.
Ps 74, 8 : Non, c'est Dieu qui jugera : Il abaisse les uns, les autres Il les relève.
Ps 74, 9 : Le Seigneur tient en main une coupe où fermente un vin capiteux ; Il le verse, et tous les impies de la terre le boiront jusqu'à la lie.
Ps 74, 10 : Et moi, j'annoncerai toujours dans mes hymnes au Dieu de Jacob :
Ps 74, 11 : « Je briserai le front des impies, et le front du Juste s'élèvera ! »
Rendons Gloire au Père Tout Puissant, à son Fils Jésus-Christ le Seigneur, à l’Esprit qui habite en nos cœurs, pour les siècles des siècles. Amen.


Le Psaume 74 « À Toi nous rendons Grâce, ô Dieu » (Bible de Jérusalem de 1998) :
Ps 74, 1 : Psaume et cantique d'Asaph pour la fin : ne détruisez point.
Ps 74, 2 : À Toi nous rendons Grâce, ô Dieu, nous rendons Grâce, en invoquant ton Nom, en racontant Tes merveilles.
Ps 74, 3 : Au moment que j'aurai décidé, je ferai, moi, droite Justice ;
Ps 74, 4 : La terre s'effondre et tous ses habitants ; j'ai fixé, moi, ses colonnes.
Ps 74, 5 : J'ai dit aux arrogants : Pas d'arrogance ! Aux impies : Ne levez pas le front,
Ps 74, 6 : Ne levez pas si haut votre front, ne parlez pas en raidissant l'échine.
Ps 74, 7 : Car ce n'est plus du levant au couchant, ce n'est plus au désert des montagnes
Ps 74, 8 : Qu'en vérité, Dieu le Juge, abaisse l'un ou élève l'autre
Ps 74, 9 : Yahvé a en main une coupe, et c'est de vin fermenté qu'est rempli le breuvage ; Il en versera, ils en suceront la lie, ils boiront, tous les impies de la terre.
Ps 74, 10 : Et moi, j'annoncerai à jamais, je jouerai pour le Dieu de Jacob ;
Ps 74, 11 : Je briserai la vigueur des impies ; et la vigueur du Juste se dressera.
Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.


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Sermon de Saint Augustin sur le Psaume 74 : « Le Christ est mort pour nous, pécheurs » :



Notre vie est réussie pourvu que nous pratiquions ce que nous entendons et chantons. Entendre, c'est ensemencer ; pratiquer, c'est faire porter du fruit à la semence. J'en avais déjà précédemment averti votre charité : n'entrez pas à l'église sans porter du fruit, ce qui arrive lorsque l'on entend des paroles aussi bonnes sans agir bien. Car, ainsi que dit l'Apôtre, c'est par sa Grâce que nous sommes sauvés ; cela ne vient pas de nos actes, il n'y a pas de quoi s'en vanter ; oui, c'est par sa Grâce que nous sommes sauvés. Cela n'a pas été précédé par une vie méritoire que Dieu aurait aimée, et qui Lui aurait fait dire : Venons en aide à ces hommes, car ils mènent une vie excellente.

Notre vie Lui déplaisait, tout ce que nous faisions Lui déplaisait, mais non pas ce que Lui-même a fait en nous. Par conséquent, Il condamnera ce que nous avons fait, et Il sauvera ce que Lui-même a fait.

Donc, nous n'étions pas bons. Et Dieu a eu pitié de nous ; Il a envoyé son Fils, qui mourrait non pour des bons mais pour des méchants, non pour des justes mais pour des impies. En effet, le Christ est mort pour des impies. Et quelle est la suite du texte ? Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile, peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. On peut trouver peut-être quelqu'un qui ait le courage de mourir pour un homme de bien. Mais pour un injuste, pour un impie, pour un criminel, qui donc voudrait mourir, sinon le Christ seul, Lui qui est tellement juste qu’Il justifie même les injustes ?

Nous n'avions donc, mes frères, aucune œuvre bonne ; toutes nos œuvres étaient mauvaises. Alors que les hommes agissaient ainsi, la Miséricorde de Dieu ne les a pas abandonnés. Et Dieu a envoyé son Fils pour qu’Il nous rachète, non à prix d'or ou d'argent, mais au prix de son Sang répandu. Il a été l’Agneau sans tâche conduit à l'abattoir pour les brebis tâchées (si du moins elles étaient seulement tâchées et non pas profondément viciées !) Nous avons donc reçu cette Grâce. Vivons d'une manière qui en soit digne, pour ne pas Lui faire injure. Un si grand Médecin est venu à nous, Il a fait partir tous nos péchés. Si nous voulons retomber malades, nous nuirons à nous-mêmes, et en outre nous serons ingrats envers le Médecin.

Suivons donc Ses chemins, ceux qu’Il nous a montrés, surtout le chemin d'humilité qu’Il est devenu pour nous. En effet, Il nous a montré le chemin de l'humilité par Ses enseignements, et Il l'a réalisé en souffrant pour nous. Le Verbe s'est fait chair et a fait Sa demeure parmi nous afin de pouvoir mourir, Lui qui ne pouvait pas mourir. L'immortel a adopté la mortalité afin de mourir pour nous et, par Sa mort, de tuer notre mort.

Voilà ce que le Seigneur a fait, ce qu’Il nous a donné. Grand, Il s'est abaissé ; abaissé, Il a été tué ; tué, mais aussi ressuscitant et élevé dans les hauteurs, afin de ne pas nous abandonner, morts, au séjour des morts. Il voulait au contraire nous faire monter en Lui, lors de la Résurrection des morts, nous que, naguère, Il a fait monter en nous donnant la foi et la profession de foi qui rendent justes. Donc, Il nous a enseigné le chemin de l'abaissement. Si nous gardons ce chemin, nous rendrons grâce au Seigneur, car ce n'est pas sans motif que nous chantons : Nous Te rendrons grâce, Seigneur, nous Te rendrons grâce, et nous invoquerons ton Nom.

Saint Augustin (354-430)