« Seigneur, Vous avez été pour nous un Refuge de génération en génération »
« Domine, refugium factus es nobis a generatione in generationem »
Les Pères et les Interprètes sont fort partagés de sentiment touchant l'auteur véritable de ce Psaume 89 : Saint Jérôme croit que conformément au titre il doit être attribué à Moïse et son sentiment est celui de beaucoup d'autres qui en font le plus ancien de tous les Psaumes, composé vers la fin du long et pénible trajet des Hébreux à travers le désert de l'Arabie Pétrée, tandis que s'éteignaient peu à peu, sous les coups de la Colère Divine, toutes les générations qui étaient âgées de plus de vingt ans au moment où fut portée la terrible sentence de Cadèsbarné (Num. XIV, 20-35). Cette Prière sur l'homme passe et Dieu demeure, prononcée au nom du peuple hébreu courbé par la misère se divise en deux parties dont l'une contemple et décrit (versets 1b-12) tandis que l'autre implore (versets 13-17). Saint Augustin, Bellarmin, et quelques Auteurs ont cru au contraire, qu'il ne faut pas regarder Moïse comme étant lui-même l'auteur de ce Psaume LXXXIX mais qu'on a mis seulement le nom de ce grand serviteur de Dieu à la tête pour marquer qu'il devait être expliqué par rapport aux deux qualités qu'a eues ce Saint homme, de Ministre de l’Ancien Testament et de Prophète du Nouveau, et qu'ainsi en même temps que l'auteur représente les afflictions que souffrît le peuple Juif, peut-être durant la captivité de Babylone, selon que Moïse l'homme de Dieu en avait menacé ses pères, il faut y envisager les misères générales de tous les hommes dont ils devaient être délivrés par la Grâce du Sauveur, selon la Prédiction que Jésus-Christ même nous assure que Moïse en avait faite, lorsqu'Il déclare dans l'Évangile que c'était de Lui que Moïse avait parlé : « Celui dont il est écrit dans la Loi de Moïse et chez les Prophètes, nous L’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth » (Jean I, 45). La Sainte Liturgie de la Tradition Catholique cite le verset 17 à la Fête de Saint Joseph Artisan le 1er mai ; les versets 13.1 du Sixième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Sexta post Pentecosten) viennent raviver dans les cœurs l’humble et confiante Prière qui doit s’élever sans cesse de l’âme du Chrétien vers son Dieu ; et le verset de l'Allelúia du Treizième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Tertia post Pentecosten) nous rappelle que l'aide des hommes est inconstante et que Dieu Seul est toujours Fidèle
Le Psaume LXXXIX en latin « Domine, refugium factus es nobis » (Vulgate) :
Ps. LXXXIX, 1 : Oratio Moysi, hominis Dei. Domine, refugium factus es nobis a generatione in generationem.
Ps. LXXXIX, 2 : Priusquam montes fierent, aut formaretur terra et orbis, a sæculo et usque in sæculum tu es Deus.
Ps. LXXXIX, 3 : Ne avertas hominem in humilitatem ; et dixisti Convertimini, filii hominum.
Ps. LXXXIX, 4 : Quoniam mille anni ante oculos tuos tanquam dies hesterna quæ præteriit, et custodia in nocte ;
Ps. LXXXIX, 5 : Quæ pro nihilo habentur eorum anni erunt.
Ps. LXXXIX, 6 : Mane sicut herba transeat : mane floreat, et transeat ; vespere decidat, induret, et arescat.
Ps. LXXXIX, 7 : Quia defecimus in ira tua, et in furore tuo turbati sumus.
Ps. LXXXIX, 8 : Posuisti iniquitates nostras in conspectu tuo, sæculum nostrum in illuminatione vultus tui.
Ps. LXXXIX, 9 : Quoniam omnes dies nostri defecerunt, et in ira tua defecimus. Anni nostri sicut aranea meditabuntur.
Ps. LXXXIX, 10 : Dies annorum nostrorum in ipsis septuaginta anni. Si autem in potentatibus, octoginta anni, et amplius eorum labor et dolor ; quoniam supervenit mansuetudo, et corripiemur.
Ps. LXXXIX, 11 : Quis novit potestatem iræ tuæ, et præ timore tuo iram tuam
Ps. LXXXIX, 12 : Dinumerare ? Dexteram tuam sic notam fac, et eruditos corde in sapientia.
Ps. LXXXIX, 13 : Convertere, Domine ; usquequo ? Et deprecabilis esto super servos tuos.
Ps. LXXXIX, 14 : Repleti sumus mane misericordia tua ; et exultavimus, et delectati sumus omnibus diebus nostris.
Ps. LXXXIX, 15 : Lætati sumus pro diebus quibus nos humiliasti, annis quibus vidimus mala.
Ps. LXXXIX, 16 : Respice in servos tuos et in opera tua, et dirige filios eorum.
Ps. LXXXIX, 17 : Et sit splendor Domini Dei nostri super nos, et opera manuum nostrarum dirige super nos, et opus manuum nostrarum dirige.
Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto sicut erat in principio et nunc et semper et in sæcula sæculorum. Amen.
Le Psaume 89 en français « Seigneur, Vous avez été pour nous un Refuge » (Vulgate) :
Ps 89, 1 : Prière de Moïse, homme de Dieu. Seigneur, Vous avez été pour nous un Refuge de génération en génération.
Ps 89, 2 : Avant que les montagnes eussent été faites, ou que la terre et le monde eussent été formés, Vous êtes Dieu d'éternité en éternité.
Ps 89, 3 : Ne réduisez pas l'homme à l'abaissement, Vous qui avez dit : Revenez, enfants des hommes.
Ps 89, 4 : Car mille ans sont à Vos yeux comme le jour d'hier qui n'est plus, et comme une veille de la nuit ;
Ps 89, 5 : On les compte pour rien tel est le cas que l'on fait de leurs années.
Ps 89, 6 : Comme l'herbe, il passe en un matin : le matin elle fleurit, et elle passe ; le soir elle tombe, se durcit et se dessèche.
Ps 89, 7 : Car nous sommes consumés par Votre colère, et nous avons été troublés par Votre fureur.
Ps 89, 8 : Vous avez mis nos iniquités en votre Présence, et notre vie à la lumière de votre Visage.
Ps 89, 9 : C'est pourquoi tous nos jours se sont évanouis, et nous avons été consumés par Votre colère. Nos années se passent en de vains soucis, comme pour l'araignée.
Ps 89, 10 : Les jours de nos années sont en tout de soixante-dix ans ; pour les plus forts, de quatre-vingts ans. Le surplus n'est que peine et que douleur ; car alors survient la faiblesse, et nous sommes affligés.
Ps 89, 11 : Qui connaît la puissance de Votre colère, combien Votre colère est redoutable
Ps 89, 12 : Qui le comprend ? Apprenez-nous à reconnaître Votre droite, et instruisez notre cœur dans la Sagesse.
Ps 89, 13 : Revenez, Seigneur ; jusques à quand nous rejetterez-Vous ? Laissez-Vous fléchir en faveur de Vos serviteurs.
Ps 89, 14 : Nous avons été comblés, dès le matin, de votre Miséricorde ; nous avons tressailli d'allégresse et de bonheur tous les jours de notre vie.
Ps 89, 15 : Nous nous sommes réjouis à proportion des jours où Vous nous avez humiliés, et des années où nous avons vu le malheur.
Ps 89, 16 : Jetez un regard sur Vos serviteurs et sur Vos œuvres, et guidez leurs enfants.
Ps 89, 17 : Que la Lumière du Seigneur notre Dieu brille sur nous, et dirigez d'en Haut les œuvres de nos mains ; oui, dirigez l'œuvre de nos mains.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Le Psaume 89 « Seigneur, toujours et d'âge en âge, nous sûmes recourir à Toi ; Tu fus l'objet de notre hommage, notre Refuge et notre Roi » mis en quatrains de 32 syllabes (Bible de Vence de 1738) :
Ps 89, 1 : Prière de Moïse, homme de Dieu.
Seigneur, toujours et d'âge en âge,
Nous sûmes recourir à Toi ;
Tu fus l'objet de notre hommage,
Notre Refuge et notre Roi.
Ps 89, 2 : Dès avant que les monts naquissent,
Ou que, dans le monde enfanté,
La terre et le soleil surgissent,
Ô Dieu de toute Éternité,
Ps 89, 3 : Ne laisse pas l'homme, en délire,
Suivre de honteux étendards ;
Puisqu'aux hommes Tu daignas dire :
Retournez-vers moi vos regards.
Ps 89, 4 : A Tes yeux qu'est-ce mille années ?
C'est un jour écoulé sans bruit ;
Moins qu'une heure de nos journées,
C'est une veille de la nuit.
Ps 89, 5 : Quand l'un de nous, comme d'un songe,
Dans l'abîme est précipité ;
Sa vie est comme un vain mensonge,
Et semble n'avoir pas été.
Ps 89, 6 : L'homme passe aussitôt que l'herbe ;
Si le matin il a fleuri,
Le soir il tombe, encor superbe,
Et le voilà qui s'est flétri.
Ps 89, 7 : Ta colère est assez ardente,
Pour que nous soyons ébranlés ;
Et Ta fureur assez brûlante,
Pour que nous nous soyons troublés.
Ps 89, 8 : Devant Toi Tu fais comparaître
Nos longues infidélités ;
Ton œil éclaire et va connaître
Notre siècle d'iniquités.
Ps 89, 9 : Or, sous le poids de Ta colère,
Nos jours s'éteignent défaillis ;
De nos ans la trame est légère,
Comme par l'araignée ourdis.
Ps 89, 10 : Après soixante-dix années,
Nous avons vécu notre temps ;
Et du plus fort les destinées
Dépassent peu quatre-vingts ans.
Au delà ce n'est plus la vie,
Ce n'est que peine et que douleur ;
Encor ta Justice fléchie
Nous traite-t-elle avec Douceur.
Ps 89, 11-12 : Et qui saura jamais comprendre
La puissance de Ton courroux ;
Le craindre autant qu'il peut s'étendre,
Compter et mesurer Tes coups ?
Ps 89, 12 : Qu'ainsi Ta droite vengeresse,
Se montrant de près à nos yeux,
Verse, dans nos cœurs, la Sagesse,
De Tes dons le plus précieux.
Ps 89, 13 : Mais redeviens-nous favorable,
Seigneur ; est-ce assez de rigueurs ?
Ne reste pas inexorable
Aux cris de tant de serviteurs.
Ps 89, 14 : Des fruits de ta Miséricorde
Nous remplissant, dès le matin,
De ces jours qu'elle nous accorde,
Délecte le cours et la fin.
Ps 89, 15 : Ces jours que Tu nous fais si sombres,
Compense-les par de plus beaux,
En dissipant les noires ombres
Des ans où nous vîmes les maux.
Ps 89, 16 : Jette les yeux sur Tes ouvrages,
Et regarde Tes serviteurs ;
Dirige, en des sentiers plus sages,
Leurs fils exempts de leurs erreurs.
Ps 89, 17 : Et que de notre Dieu Suprême,
Sur nous, éclatent les Desseins ;
Conduis et dirige Toi-même,
D'en Haut, les œuvres de nos mains.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Le Psaume 89 « Seigneur, Tu as été pour nous un refuge d'âge en âge » (Bible de Jérusalem de 1998) :
Ps 89, 1 : Prière de Moïse, homme de Dieu. Seigneur, Tu as été pour nous un refuge d'âge en âge.
Ps 89, 2 : Avant que les montagnes fussent nées, enfantés la terre et le monde, de toujours à toujours Tu es Dieu.
Ps 89, 3 : Tu fais revenir le mortel à la poussière en disant : Revenez, fils d'Adam !
Ps 89, 4 : Car mille ans sont à Tes yeux comme le jour d'hier qui passe, comme une veille dans la nuit.
Ps 89, 5 : Tu les submerges de sommeil, ils seront le matin comme l'herbe qui pousse ;
Ps 89, 6 : Le matin, elle fleurit et pousse, le soir, elle se flétrit et sèche.
Ps 89, 7 : Par Ta colère, nous sommes consumés, par Ta fureur, épouvantés.
Ps 89, 8 : Tu as mis nos torts devant Toi, nos secrets sous l'éclat de ta Face.
Ps 89, 9 : Sous Ton courroux tous nos jours déclinent, nous consommons nos années comme un soupir.
Ps 89, 10 : Le temps de nos années, quelque 70 ans, 80, si la vigueur y est ; mais leur grand nombre n'est que peine et mécompte, car elles passent vite, et nous nous envolons.
Ps 89, 11 : Qui sait la force de Ta colère et, Te craignant, connaît Ton courroux ?
Ps 89, 12 : Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la Sagesse !
Ps 89, 13 : Reviens, Yahvé ! Jusques à quand ? Prends en pitié Tes serviteurs.
Ps 89, 14 : Rassasie-nous de ton Amour au matin, nous serons dans la joie et le chant tous les jours.
Ps 89, 15 : Rends-nous en joies Tes jours de châtiment et les années où nous connûmes le malheur.
Ps 89, 16 : Paraisse Ton œuvre pour Tes serviteurs, Ta splendeur soit sur leurs enfants !
Ps 89, 17 : La Douceur du Seigneur soit sur nous ! Confirme l'ouvrage de nos mains !
Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Le Psaume 89 (AELF) et son Antienne psalmodiés par les Moines Bénédictins de l’Abbaye de Keur Moussa au Sénégal :
Antienne : « Tu as changé notre deuil en une danse, alléluia, Tu nous as rassasiés de ton Amour au matin, alléluia »
Ps 89, 1 : D'âge en âge, Seigneur, Tu as été notre refuge.
Ps 89, 2 : Avant que naissent les montagnes, que Tu enfantes la terre et le monde, de toujours à toujours, Toi, Tu es Dieu.
Ps 89, 3 : Tu fais retourner l'homme à la poussière ; Tu as dit : « Retournez, fils d'Adam ! »
Ps 89, 4 : A Tes yeux, mille ans sont comme hier, c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit.
Ps 89, 5 : Tu les as balayés : ce n'est qu'un songe ; dès le matin, c'est une herbe changeante :
Ps 89, 6 : Elle fleurit le matin, elle change ; le soir, elle est fanée, desséchée.
Ps 89, 7 : Nous voici anéantis par Ta colère ; Ta fureur nous épouvante :
Ps 89, 8 : Tu étales nos fautes devant Toi, nos secrets à la lumière de ta Face.
Ps 89, 9 : Sous Tes fureurs tous nos jours s'enfuient, nos années s'évanouissent dans un souffle.
Ps 89, 10 : Le nombre de nos années ? Soixante-dix, quatre-vingts pour les plus vigoureux ! Leur plus grand nombre n'est que peine et misère ; elles s'enfuient, nous nous envolons.
Ps 89, 11 : Qui comprendra la force de Ta colère ? Qui peut T'adorer dans Tes fureurs ?
Ps 89, 12 : Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la Sagesse.
Ps 89, 13 : Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? Ravise-Toi par égard pour Tes serviteurs.
Ps 89, 14 : Rassasie-nous de ton Amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Ps 89, 15 : Rends-nous en joies Tes jours de châtiment et les années où nous connaissions le malheur.
Ps 89, 16 : Fais connaître Ton œuvre à Tes serviteurs et Ta splendeur à leurs fils.
Ps 89, 17 : Que vienne sur nous la Douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains ; oui, consolide l'ouvrage de nos mains.
Rendons Gloire au Père Tout Puissant, à son Fils Jésus-Christ le Seigneur, à l’Esprit qui habite en nos cœurs, pour les siècles des siècles. Amen.