« Heureux l’homme qui ne suit pas le conseil des impies, qui ne se tient pas dans la voie des pécheurs et qui ne s’assied pas dans la compagnie des moqueurs : mais qui a sa volonté dans la Loi du Seigneur, et qui médite cette Loi jour et nuit »
« Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum et in via peccatorum non stetit in cathedra derisorum non sedit : sed in lege Domini voluntas eius et in lege eius meditabitur die ac nocte »
La Sainte Église Catholique chante le Psaume 1 aux Matines de Pâques, c’est l’hymne du triomphe de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; aux Matines des Saints pour célébrer leurs Vertus et leurs Récompenses. La mention de « l’arbre » au verset 3 nous rappelle le Mystère de la Croix dont le Fruit est Notre-Seigneur que nous recevons dans la Sainte Eucharistie. On comprend la place de ce Premier Psaume aux Fêtes de la Croix et du Saint Sacrement.
« Pourquoi les nations ont-elles frémi et les peuples médité des choses vaines ? »
« Quare fremuerunt gentes et populi meditati sunt inania ? »
La Sainte Église Catholique chante le Deuxième Psaume aux Matines de Noël et prend pour Antienne le verset 7 : « Le Seigneur m’a dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui » ; aux Matines du Premier Nocturne de l’Office des Ténèbres du Vendredi-Saint avec l’Antienne : « Les rois de la terre se sont levés et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et contre son Christ » du verset 2 ; à Pâques, Elle prend l’Antienne du verset 8 « Demande-moi et je te donnerai les nations pour ton héritage et pour ton domaine les extrémités de la terre » ; enfin nous trouvons le Psaume 2 aux Matines des Saints Martyrs et Confesseurs.
« Seigneur, pourquoi se sont-ils multipliés ceux qui me persécutent ? »
« Domine, quid multiplicati sunt qui tribulant me ? »
La Sainte Église Catholique chante le Troisième Psaume aux Matines de Pâques ; son Antienne est formée du verset 5 « De ma voix, j’ai crié vers le Seigneur et Il m’a exaucé de sa Montagne Sainte » qui renferme le Mystère de la Passion et Celui de la Résurrection. L’Église lit aussi le Psaume III aux Fêtes des Saints Martyrs et des Saints Confesseurs, considérant le Psaume 3 comme la Prière du Christ, Elle en fait aussi la Prière de ses membres.
Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 3 est chanté ou récité à l’Office des Lectures le Dimanche de la Première Semaine après les deux premiers Psaumes (Psaume 1 et Psaume 2).
« Lorsque je L’invoquais, Il m’a exaucé le Dieu de ma justice »
« Cum invocarem, exaudivit me Deus justitiæ meæ »
Dans la Sainte Tradition Catholique, L’Église chante le Psaume IV aux Matines des Saints Martyrs avec l’Antienne : « Sachez donc que Dieu a glorifié son Saint ». Elle le répète aux Matines des Saints Confesseurs avec une Antienne qui rappelle la Prière des Saints sur la terre et leur Bonheur dans la Paix Éternelle. Ce Quatrième Psaume est appliqué à Jésus-Christ Lui-même, aux Matines du Premier Nocturne de l’Office des Ténèbres du Samedi Saint : c’est la Prière du Sauveur au Tombeau et la Prière confiante de celui qui repose en Dieu selon l'Antienne « En Paix, je dormirai et me reposerai tout ensemble ». La mention des sacrifices de justice au verset 6 et celle du froment et du vin ont mérité à ce Psaume 4 une place dans l’Office du Saint-Sacrement.
« Seigneur, prêtez l’oreille à mes paroles, comprenez mon cri »
« Verba mea auribus percipe, Domine intellege clamorem meum »
Le « Bouclier du Seigneur » au verset 13 du Psaume 5, a rappelé à la Sainte Église Catholique les combats de ses Martyrs ; aussi Elle chante ce Cinquième Psaume à leur Office au Commun d’un Martyr au deuxième Nocturne. Elle l’applique aussi aux Saints Confesseurs, auxquels Dieu accorde la Joie Éternelle et la Bénédiction due à leur justice (v. 12 et 13) ; l’Antienne est prise dans ces versets. Elle chante enfin le Psaume V à l’Office des Morts. C’est la prière de l’âme se dirigeant vers les Demeures Éternelles pour y être heureuse dans la Vision de Dieu (v. 8).
Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 5 est récité ou chanté aux Laudes le lundi de la première semaine.
« Seigneur, ne me reprenez pas dans votre Fureur et ne me punissez pas dans votre Colère »
« Domine, ne in furore tuo arguas me neque in ira tua corripias me »
Le Psaume 6 est attribué au roi David d'après l'indication du premier verset et fait partie des Sept Psaumes Pénitentiels (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142). Ce Psaume VI « Domine ne in furore tuo arguas me » en latin exprime les sentiments d'Israël souffrant de l'oppression d'un autre peuple et est destiné à quelqu'un qui a été frappé par la maladie. La Sainte Église croit que David a composé ce Psaume dans le temps que Dieu l’affligea, à cause de l'adultère qu'il avait commis avec Béthsabée et du meurtre d'Urie. C'est une excellente instruction pour tous ceux qui sont affligés, soit dans le corps ou dans l'âme.
Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 6 est récité ou chanté à l’Office des Lectures du lundi de la première semaine.
« Seigneur mon Dieu, j'ai espéré en Vous ; sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent, et délivrez-moi »
« Domine Deus meus in te speravi : salvum me fac ex omnibus persequentibus me et libera me »
Le Psaume 7 a été, selon plusieurs Interprètes, composé par David dans le temps de la persécution que lui fit Saül et c’est un Appel au Juge Suprême contre les calomnies et les embûches d'hommes pervers. Il renferme d'excellentes instructions qui devraient étonner salutairement les pécheurs.
Dans la Liturgie des Heures, le Psaume VII est récité à l'Office du Milieu du Jour le lundi de la première semaine.
« Domine, Dominus noster, quam admirabile est nomen tuum in universa terra ! Quoniam elevata est magnificentia tua super cælos »
« Seigneur, notre Maître, que votre Nom est admirable dans toute la terre ! Car votre Magnificence est élevée au-dessus des Cieux »
La Sainte Tradition de l’Église Catholique a conservée le Psaume 8 à l’Office de l’Ascension à cause du verset 2 ci-dessus ; à la Fête du Saint Nom de Jésus, la première Antienne de Matines est formée du verset 1 ; à l’Office des Saints Anges aux Fêtes des Saints Martyrs et des Saints Confesseurs. Le Psaume 8 est une Hymne de louange de Dieu et des merveilles de la création que nous retrouvons aux versets 5 à 7 dans l'Épître de Saint Paul aux Hébreux. Enfin, dans la Liturgie des Heures, le Psaume VIII est récité aux Laudes le samedi de la deuxième (II) et quatrième semaine (IV).
Le Psaume 8, attribué à David, apparaît aussi dans la nouvelle Liturgie Eucharistique de Vatican II : on le trouve à la Fête de la Trinité lors de l'année C. En semaine, il est proposé le jeudi de l'Octave de Pâques, le premier mardi du Temps Ordinaire, le 5ème mardi du Temps Ordinaire, et le 28ème samedi du Temps Ordinaire.
« Je Vous célébrerai, Seigneur, de tout mon cœur ; je raconterai toutes vos Merveilles »
« Confitebor tibi, Domine, in toto corde meo ; narrabo omnia mirabilia tua »
Le Psaume IX dans cette première partie 9A et 9B dans sa seconde partie sont attribués à David. David rend Grâces à Dieu d'une grande victoire remportée sur les ennemis du peuple. Ce Psaume 9 regarde figurément le Mystère de l’Incarnation et de la Dispensation du Fils de Dieu. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 9A est récité ou chanté à l’Office des Lectures du lundi de la première semaine (I).
« Pourquoi, Seigneur, Vous êtes-Vous retiré au loin, et me dédaignez-Vous au temps du besoin et de la tribulation ? »
« Ut quid Domine recessisti longe dispicis in oportunitatibus in tribulatione ? »
Le Psaume IX dans sa première partie 9A et 9B dans cette seconde partie sont attribués à David. David rend Grâces à Dieu d'une grande victoire remportée sur les ennemis du peuple. Ce Psaume 9 regarde figurément le Mystère de l’Incarnation et de la Dispensation du Fils de Dieu. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 9B est récité ou chanté à l’Office des Lectures du mardi de la première semaine (I).
« C’est dans le Seigneur que je mets ma confiance ; comment dites-Vous à mon âme : Émigrez sur la montagne comme un passereau ? »
« In Domino confido ; quomodo dicitis animæ meæ : Transmigra in montem sicut passer ? »
Le Psaume 10 est attribué à David : c'est un dialogue entre David et ceux qui lui conseillaient d'éviter par la fuite la fureur de Saül. Il convient à tous ceux qui sont opprimés et qui mettent leur confiance en Dieu. Il aborde le thème de la Justice : quel est le Regard de Dieu sur le Juste et le méchant ? En la Fête de l’Ascension, la Deuxième Antienne du Premier Nocturne est prise au verset 4 ; à la Fête des Sept Douleurs, l’Antienne est du verset 3. La Sainte Église Catholique chante également le Psaume X à la Fête des Martyrs et à Celle des Saints Anges à cause du verset 4. Or, les Cieux spirituels, le Trône mystique de Dieu, ce sont les Anges. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 10 est récité ou chanté aux Vêpres du lundi de la première semaine (I).
« Sauvez-moi, Seigneur, car il n'y a plus de Saint, car les Vérités ont été diminuées par les enfants des hommes »
« Salvum me fac, Domine, quoniam defecit sanctus, quoniam diminutæ sunt veritates a filiis hominum »
Plusieurs rapportent le Psaume 11 au temps de la persécution que Saül fit à David, lorsque ce Roi lui fit dire par ses officiers : Vous voyez que le Roi a de la bonne volonté pour vous (1. Rois 18. 22) et qui néanmoins ne cherchait que l'occasion de le faire mourir. D'autres le rapportent à la guerre que lui déclara Absalom. C'est une Prière ardente que fait le prophète se voyant environné d'une corruption presque générale. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XI est récité le mardi de la première semaine (I) à l’Office du Milieu du Jour.
« Jusques à quand, Seigneur, m'oublierez-Vous sans cesse ? Jusques à quand détournerez-Vous de moi votre Face ? »
« Usquequo, Domine, oblivisceris me in finem ? Usquequo avertis faciem tuam a me ? »
Théodoret de Cyr (393-458) rapporte le Psaume 12 au temps, non de la persécution que Saül fit à David, mais de la guerre que lui déclara Absalom : parce que la persécution de Saül ayant précédé son péché, la manière dont il en parlait était accompagnée d'une grande confiance ; au lieu que la guerre d'Absalom l'ayant suivi, il n'en parlait, comme il fait ici, qu'en mêlant plusieurs larmes et plusieurs soupirs. Plusieurs autres cependant le rapportent au temps de Saül. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XII est récité ou chanté à l’Office du Milieu du Jour le mardi de la première semaine (I).
« L'insensé a dit dans son cœur : Il n'y a pas de Dieu. Ils se sont corrompus et sont devenus abominables dans leurs tendances ; il n'y en a pas qui fasse le bien, il n'y en a pas un seul »
« Dixit insipiens in corde suo : Non est Deus. Corrupti sunt, et abominabiles facti sunt in studiis suis ; non est qui faciat bonum, non est usque ad unum »
Théodoret de Cyr (393-458) croit que le Psaume 13 doit être rapporté au temps de Sennacherib, Roi des Assyriens, qui fit de si grands ravages dans la Judée, et qui envoya Rabsacès à Ezéchias, Roi de fuda pour lui parler contre Dieu avec d'horribles blasphèmes. D'autres le rapportent au temps de la persécution que Saül fit à David, ou de la guerre d'Absalom. Enfin quelques-uns assurent, avec assez de vraisemblance, qu'il regarde plutôt la captivité de Babylone ; et qu'il peut avoir été composé par Aggée, ou par quelque autre Prophète du même temps ; ou que David rempli de l’Esprit de Dieu y a prédit cette dure captivité qui ne devait arriver que longtemps après, et qu'il y parle en la personne même des captifs comme un grand Prophète. Mais dans cette diversité de sentiments tous conviennent que la Délivrance Spirituelle de la captivité du Démon, que Jésus-Christ devait procurer aux hommes, y est figurée clairement. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XIII est récité aux Vêpres du lundi de la première semaine (I).
« Seigneur, qui habitera dans votre Tabernacle ? Ou qui reposera sur votre Montagne Sainte ? »
« Domine, quis habitabit in tabernaculo tuo ? Aut quis requiescet in monte sancto tuo ? »
Le Psaume 14 a été, selon quelques-uns, composé par David vers le temps où il plaça Parche sur la montagne de Sion. Il regarde directement et selon le sens littéral la ville de Jérusalem, et selon le sens spirituel que ce Saint Prophète avait aussi dans l'esprit, la Jérusalem Céleste, où ceux-là seuls qui sont purs et qui marchent dans la justice, peuvent prétendre d'entrer. Le Juste, le Saint, Celui qui habitera la Sainte Montagne, c’est Jésus-Christ ; la Sainte Montagne c’est le Calvaire. Nous l’apprenons par les Matines du Samedi Saint au Premier Nocturne. Qui monte au Calvaire montera aussi au Ciel ; ainsi le Sauveur et tous les Saints. C’est la pensée de la Sainte Église quand Elle chante ce Psaume 14 aux Fêtes des Martyrs et des Confesseurs. Enfin, parce que les Anges habitent la Sainte Montagne, l’Église chante ce Psaume à leurs Fêtes au Premier Nocturne pour nous enseigner le chemin du Séjour Bienheureux. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XIV est récité aux Vêpres du lundi de la première semaine (I).
« Conservez-moi, Seigneur, car j'ai espéré en Vous »
« Conserva me, Domine, quoniam speravi in te »
Le Psaume 15 a été composé par David dans la vue de Jésus-Christ, et il Le regarde directement et selon la lettre. C'est donc Jésus-Christ, fils de David, qui parle par la bouche de David, et qui déclare que Dieu son Père le Ressuscitera par Sa vertu toute-puissante. Dans la Sainte Église Catholique, le Psaume 15 est chanté au Premier Nocturne des Matines du Samedi-Saint, avec l’Antienne : « Ma chair reposera dans l’espérance ». La mention du Calice, verset 5, et des Sacrifices du Sang, versets 4, ont rappelé au Docteur Angélique le Calice de l’Alliance Éternelle, le Sang du Testament Nouveau, et ce Psaume a été choisi pour l’Office de la Fête-Dieu, au Premier Nocturne. Tous les Saints étant attachés au Sauveur partagent la Gloire de sa Résurrection ; c’est pourquoi nous retrouvons ce Psaume à l’Office de plusieurs Martyrs, l’Antienne au Premier Nocturne est prise du verset 3. Le Psaume XV est également fréquemment utilisé dans la Liturgie des Heures, il est récité ou chanté aux Vêpres du samedi de la première semaine (I) et aux Complies de chaque jeudi.
« Exaucez, Seigneur, ma justice ; soyez attentif à ma supplication. Prêtez l'oreille à ma prière, qui ne part point de lèvres trompeuses »
« Exaudi, Domine, justitiam meam ; intende deprecationem meam. Auribus percipe orationem meam, non in labiis dolosis »
Le Psaume 16 contient la Prière que David fit à Dieu dans le temps de la persécution si cruelle qu'il souffrait par la jalousie et la haine de Saül. Mais cette Prière nous exprime admirablement les vrais sentiments d'une âme qui pressée par les ennemis de son Salut, a recours à Celui-là Seul qui a le Pouvoir de l'en délivrer. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XVI est récité ou chanté à l’Office du Milieu du Jour du mercredi de la première semaine (I).
« Je Vous aimerai, Seigneur, Vous qui êtes ma Force »
« Diligam te, Domine, fortitudo mea »
Le titre du Psaume 17, l'un des plus longs de ceux que renferme le Psautier, nous marque l’occasion en laquelle il fut composé. Mais quoi qu'il convienne à David selon le sens historique et littéral, il s'applique admirablement à Jésus-Christ même, selon que Saint Paul lui en a appliqué le dernier verset. Dans son Épître aux Romains (Rm. XV, 9), Saint Paul a en effet vu dans la louange finale du Psaume 17 la louange des Païens convertis et autant de témoignages vivants de la Miséricorde de Dieu que le Christ a glorifié en accueillant les Païens. Saint Augustin a également repris le Psaume 17 : il a vu en David la figure du Christ et de son Église qui loue Dieu pour la délivrance obtenue par Jésus dans la Victoire sur la mort. Le Dieu vivant ne meurt pas, mais Il conserve la vie de Ses fidèles et les Sauve. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XVII est chanté chaque mois à l’Office des Lectures du mercredi et du jeudi de la première semaine (I), où il est proposé en 6 sections.
« Les Cieux racontent la Gloire de Dieu, et le firmament publie les Œuvres de Ses mains »
« Cæli enarrant gloriam Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum »
On croit que le Psaume 18 peut bien avoir été composé vers le temps auquel David s'était retiré dans des lieux déserts pour se soustraire à la fureur de Saül. Ce Saint Prophète y décrit comment la vue de tout l'univers nous porte à la connaissance de Dieu, aussi bien que sa Sainte Loi. Il s'applique aussi fort bien, selon le sens allégorique, à Jésus-Christ et à ses Apôtres. Saint Paul dans son Épître aux Romains (X, 18) applique à Jésus-Christ plusieurs passages de ce Psaume. Le Psaume 18 est souvent scindé en deux parties : Ps 18, 2-6 (Ps 18A) et Ps 18, 7-15 (Ps 18B). Dieu s'est en effet révélé successivement par un double Témoignage : le premier est celui de sa Création (v. 2 à 6) et le second est celui de sa Parole (v. 7 à 11). Dans la Liturgie des Heures, la partie A du Psaume XVIII est chantée aux Laudes du lundi de la deuxième semaine (II) tandis que la partie B est chantée à l’Office du Milieu du Jour du lundi de la première semaine (I).
« Que le Seigneur vous exauce au jour de l'affliction ; que le Nom du Dieu de Jacob vous protège »
« Exaudiat te Dominus in die tribulationis ; protegat te nomen Dei Jacob »
Le Psaume 19 a été, à ce qu'on croit, composé par David pour être chanté par le peuple, lorsqu'il était prêt de partir pour marcher contre les Ammonites, et qu'il offrait au Seigneur des sacrifices pour ce sujet. C'est une Prière pour l'heureux succès de cette guerre, qui peut aussi s'appliquer, selon le sens spirituel, à Jésus-Christ et à Ses membres, dans la Guerre qu'ils ont déclarée au Démon. Comme en beaucoup d’autres Psaumes, David est la figure du Roi-Messie, combattant les ennemis de Dieu, à savoir les Démons et les Péchés. C’est dans ce sens qu’aux Prières Fériales de Laudes et de Vêpres, la Sainte Église dit : « Domine salvum fac Regem ». En outre Elle le chante en entier à la Fête-Dieu, où Elle prend pour Antienne le verset 5. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XIX est chanté aux Vêpres du mardi de la première semaine (I).
« Seigneur, le Roi se réjouira dans votre Force, et Il tressaillira d'une vive allégresse, parce que Vous L'avez Sauvé »
« Domine, in virtute tua lætabitur rex, et super salutare tuum exultabit vehementer »
Le Psaume 20 est une suite du Psaume 19. Et comme David demandait dans l'autre la victoire, il rend Grâces à Dieu dans celui-ci de ce qu'Il la lui avait accordée. Il s'applique parfaitement à Jésus-Christ triomphant de Ses ennemis, qui prie Son Père de Lui faire vaincre encore tous ceux qui s'opposeraient à sa Gloire jusqu'à la fin des siècles.
« Ô Dieu, mon Dieu, regardez-moi ; pourquoi m'avez-Vous abandonné ? La voix de mes péchés éloigne de moi le Salut »
« Deus, Deus meus, respice in me ; quare me dereliquisti ? Longe a salute mea verba delictorum meorum »
Le Psaume 21 est aussi appelé le Psaume du Serviteur souffrant. Les Catholiques assimilent ce Psaume 21 à la Passion de Jésus-Christ car comme dans le Psaume 35 nous y voyons une description fidèle. C'est aussi le début de ce Psaume que Jésus crie peu avant de mourir sur la Croix : « Eloï, Eloï, lama sabactani ? », qui signifie en araméen « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-Vous abandonné ? ». Est-ce là, comme on le dit souvent un cri de détresse, poussé par Jésus vers son Père qui semble L'abandonner ? Ce n'est pas sûr. Il est probable que Jésus, en prononçant le premier verset du Psaume ait voulu évoquer le Psaume tout entier (quand nous disons que quelqu'un récite le « De Profundis » ou le « Magnificat », nous affirmons qu'il a récité en entier le chant qui commence ainsi). Or, si on lit ce Psaume 21 jusqu'au bout, on s'aperçoit qu'il décrit les douleurs de la Passion avec une précision extraordinaire : et les Évangélistes ont relevé les traits de la Passion qui concordaient avec ce Psaume. Mais, en outre, il prophétise la libération et le triomphe du Messie, et la fécondité de son Sacrifice. Ce Psaume du Vendredi Saint est donc aussi un Psaume de Pâques. On remarquera, dans la première partie, des ressemblances avec le chant du Serviteur souffrant (chapitre 53 d'Isaïe) qu'on a également appelé un « Cinquième Évangile ». Ce Psaume qui commence comme une lamentation, est au total un Psaume d'action de Grâces et d'Espérance. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXI est chanté le vendredi de la troisième semaine (III) à l’Office du Milieu du Jour.
« C'est le Seigneur qui me conduit, et rien ne pourra me manquer »
« Dominus regit me, et nihil mihi deerit »
Le Psaume 22 a été, selon quelques-uns, composé par David, lors qu'il était retiré dans le désert, où il n'avait de confiance qu'en Dieu Seul. Il s'y compare à une brebis qui a pour Pasteur Dieu même. Et c'est un Cantique d'action de Grâces qui vient très bien en la bouche des Chrétiens, que Jésus-Christ leur Pasteur Suprême a soin de nourrir durant leur exil et d'établir ici-bas dans les Divins pâturages de son Église, qui sont la Parole de ses Saintes Écritures et son Sacré Corps. La plus riche application que la Sainte Église fasse du Psaume XXII, c’est à l’Office de la Fête-Dieu au Deuxième Nocturne où l’Antienne est prise du verset 5. À l’Office des Morts, au Deuxième Nocturne, l’âme fidèle, libre des biens de la mortalité, mais non affranchie encore de ceux du péché, prie dans la confiance d’être conduite par Dieu Lui-même son Pasteur au lieu du Repos Éternel, au souper (v. 5), des Noces de l’Agneau, à la Maison de Dieu pour l’Éternité (v. 6).
« Au Seigneur est la terre et tout ce qu'elle renferme, le monde et tous ceux qui l'habitent »
« Domini est terra, et plenitudo ejus ; orbis terrarum, et universi qui habitant in eo »
David composa le Psaume 23 après que Dieu lui eut fait connaître l'endroit où le Temple serait bâti afin que le peuple chantât lorsque l'Arche serait portée dans le Saint des Saints. Mais tous les Chrétiens conviennent que ce Prophète avait aussi principalement en vue le Triomphe de l'Ascension de Jésus-Christ dans le Ciel. Il y repente les qualités de ceux qui veulent se rendre dignes d'entrer dans le Temple du Seigneur. Le Roi de Gloire venant en ce monde se révèle à nous revêtu de Son humanité. Sa Venue est annoncée au Temps de l’Avent ; c’est pourquoi la Sainte Église Catholique y chante souvent ce Psaume ; nous le retrouvons à l’Octave de Noël ; au Samedi Saint : le Roi de Gloire visite les limbes et y entre Triomphant ; à l’Ascension où ce Mystère y paraît tout particulièrement décrit. Si riche des Mystères de l’Incarnation, il trouve place à l’Office de la Sainte Vierge. L’Église le chante encore aux Matines des Saints Martyrs et Confesseurs, il leur est applicable dans le sens de leur union et de leur unité avec Jésus-Christ le Roi de Gloire. Le Psaume XXIII est également très présent dans la Liturgie des Heures. On le retrouve notamment aux Laudes du mardi de la première semaine (I) et à l’Office des Lectures du Dimanche de la quatrième semaine (IV).
« Vers Vous, Seigneur, j'ai élevé mon âme »
« Ad te, Domine, levavi animam meam »
Le Psaume 24 paraît avoir été composé par David durant la guerre qu'il eut à soutenir contre son fils Absalom, en punition des deux grands péchés qu'il avait commis, savoir un adultère et un homicide. Il contient une excellente Prière d'une âme qui soupire vers son Dieu, mais qui se sent fort pressée par ses ennemis. C'est la Prière pour obtenir la rémission des péchés et du secours dans l'affliction. Le Psaume 24 est un acrostiche : les premières lettres de chaque verset lues verticalement forment l'alphabet hébreu comme dans le Psaume 34. La Très Sainte Église Catholique débute l’Année Liturgique par les quatre premiers versets du Psaume XXIV à l'Introït « Ad te levavi animam meam » du Premier Dimanche de l’Avent (Dominica Prima Adventus). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXIV est chanté à l’Office du Milieu du Jour du jeudi de la première semaine (I).
« Jugez-moi, Seigneur, car j'ai marché dans mon innocence, et comme j'espère au Seigneur, je ne serai point affaibli »
« Judica me, Domine, quoniam ego in innocentia mea ingressus sum, et in Domino sperans non infirmabor »
Le Psaume 25 paraît avoir été composé par David vers le temps où il se vit obligé de se retirer chez les étrangers pour y être en sureté contre Saül qui le poursuivait, et qui l'accusait d'avoir conjuré contre sa personne. Protestation d'innocence et appel à la Divine Justice, David prend Dieu même pour Juge de son innocence. Et l'ardeur qu'il fait paraître pour la Maison du Seigneur au milieu de son exil est une excellente image du désir ardent que doivent avoir les Chrétiens pour leur vraie Patrie qui est le Ciel. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXV est chanté à l’Office du Milieu du Jour du vendredi de la première semaine (I).
« Le Seigneur est ma Lumière et mon Salut ; qui craindrai-je ? Le Seigneur est le Défenseur de ma vie ; devant qui tremblerai-je ? »
« Dominus illuminatio mea et salus mea ; quem timebo ? Dominus protector vitæ meæ ; a quo trepidabo ? »
Le Psaume 26 aurait été composé par David lorsqu'il fut devenu victorieux de plusieurs peuples, mais il paraît plus vraisemblable qu'il le composa lorsque s'étant retiré du désert de Ziph, il alla durant la nuit dans le camp, et jusques dans la tente du Roi Saül qui était venu le chercher accompagné de trois mille hommes d'élite. Sentiments de parfaite confiance en Dieu et ardente prière dans un grand péril, c’est une très belle Prière pour une âme, qui étant toute environnée d'ennemis, ne craint rien, lorsqu'elle songe qu'elle a Dieu pour Protecteur, et n'aspire qu'aux Biens Éternels. La Sainte Église chante cette Prière de confiance du Christ à son Père, malgré les ennemis qui L’entourent et les douleurs qui Le consument, au Premier Nocturne de l’Office des Ténèbres du Vendredi Saint. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXVI est chanté aux Vêpres du mercredi de la première semaine (I).
« Je crierai vers Vous, Seigneur ; mon Dieu, ne gardez pas le silence à mon égard, de peur que, si Vous ne me répondez pas, je ne sois semblable à ceux qui descendent dans la fosse »
« Ad te, Domine, clamabo ; Deus meus, ne sileas a me, ne quando taceas a me, et assimilabor descendentibus in lacum »
Il n'est pas certain en quel temps et par qui le Psaume 27 a été composé : par ou pour David, quelques-uns se rapportant au temps où David fuyait Saul et d'autres au temps où il sortit de Jérusalem à cause de la révolte d'Absalom. Supplication dans un grand danger et Action de Grâces anticipée en prévision du Divin Secours, le roi David est dans l'angoisse, et il pousse vers Dieu des cris de détresse (vers. 1-2), Le conjurant de ne pas lui faire partager le sort des impies que sa Colère est sur le point de châtier (vers. 3-5). Puis tout à coup, comme en d'autres Psaumes, sa prière se transforme en de joyeux sentiments de gratitude, car il est sûr d'être exaucé (vers. 6-7). Le Cantique se termine par un souhait en faveur de tout Israël (vers. 8-9). On peut bien avec plusieurs Pères y considérer Jésus-Christ parlant en la personne de David qui était sa vraie Figure, et qui prévoyait par l'Esprit de Dieu la Passion et la Résurrection du Sauveur du monde. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXVII est chanté le vendredi de la première semaine (I) à l’Office du Milieu du Jour.
« Offrez au Seigneur, enfants de Dieu, offrez au Seigneur les petits des béliers »
« Afferte Domino, filii Dei, afferte Domino filios arietum »
Il semble que David ait composé le Psaume 28 à l'occasion de quelque grande tempête qui arriva ; et qu'il en ait pris sujet d'exhorter principalement les grands et les puissances de la terre, à adorer le Tout-Puissant, qui en abatant les plus hauts cèdres d'un coup de tonnerre, fait voir aux princes qu'Il ne Lui est pas moins facile de les renverser eux-mêmes. Plusieurs entendent spirituellement par cette tempête la Prédication de l'Évangile qui a servi à l'établissement de l'Église, figuré par la consommation du Tabernacle de l'Ancienne Loi, accompagné de cette tempête qu'on vit arriver à la Descente du Saint Esprit. L’Église chante ce Psaume à l’Épiphanie et au Premier Nocturne de la Transfiguration parce qu’en ces deux circonstances solennelles la Voix du Seigneur retentit sur les eaux, rendant témoignage au Sauveur : la première fois au Jour de son Baptême, la seconde à sa Transfiguration ; ici la Voix du Seigneur retentit sur les eaux supérieures, c’est-à-dire sur les nuées. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XVIII est chanté aux Laudes du lundi de la première semaine (I)
« Je Vous exalterai, Seigneur, parce que Vous m'avez relevé, et que Vous n'avez pas réjoui mes ennemis à mon sujet »
« Exaltabo te, Domine, quoniam suscepisti me, nec delectasti inimicos meos super me »
Les uns croient que le Psaume 29 fut composé par David pour être chanté à la Dédicace Solennelle de la maison qu'il s'était bâtie dans Jérusalem ; et les autres croient avec assez de vraisemblance, que David le composa pour rendre Grâces à Dieu de la santé qu'Il lui rendit après une grande maladie, n'étant point du tout parlé ni de maison, ni de Dédicace dans ce Psaume ; et qu'ainsi le titre ne marque autre chose, sinon qu'il devait être chanté sur l'air ou avec les instruments qui avaient servi à la Dédicace de cette maison. Ce Psaume qui est en fait un Chant d'action de Grâces après une grave maladie peut s'entendre spirituellement de la Guérison des Âmes, et s'appliquer aussi à Jésus-Christ triomphant de la mort par sa Résurrection. La Sainte Église chante ce Cantique d’action de Grâces au Christ qui nous a arrachés à la mort et qui a changé nos douleurs en joie, au Deuxième Nocturne de l’Office des Ténèbres du Samedi Saint. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXIX est chanté aux Vêpres du jeudi de la première semaine (I).
« J'ai espéré en Vous, Seigneur ; que je ne sois jamais confondu ; dans votre Justice délivrez-moi »
« In te, Domine, speravi ; non confundar in æternum ; in justitia tua libera me »
On ne peut rien assurer du temps précis auquel le Psaume 30 fut composé par David. Les uns croient que ce fut lorsqu'il fuyait Absalom ; et les autres, lorsqu'il fuyait devant Saul. Il paraît au moins que ça été en quelque occasion pressante, où étant comme transporté hors de lui-même, selon qu'il est marqué dans le titre au premier verset « extase », il fut obligé de se retirer. C'est une excellente Prière pour implorer le Secours de Dieu et avoir une entière confiance en Dieu dans un péril extrême. On y voit aussi dans les peines de David, une figure des Souffrances de Jésus-Christ qui a emprunté à ce Psaume XXX la Dernière Parole qu'Il proféra avant d'expirer sur la Croix : « Je remets mon Âme entre Vos mains » (verset 6) et selon Saint Luc XXIII, 46 : « Père, entre Vos mains je remets mon Esprit ». Le Psaume 30 (versets 2 à 9) est chanté dans la Liturgie des Heures à l’Office de Complies le mercredi.
« Heureux ceux dont les iniquités ont été remises, et dont les péchés sont couverts »
« Beati quorum remissæ sunt iniquitates, et quorum tecta sunt peccata »
Tous conviennent que le Psaume 31 a été composé par David après l'adultère avec Bethsabée et l’homicide d'Urie qu'il avait commis, vraisemblablement à la même occasion que le « Miserere » mais un peu plus tard, quand le prophète Nathan lui eut notifié que Dieu avait daigné l'absoudre ; en effet, le Pardon qu'il réclame dans le Psaume L est obtenu dans celui-ci. C'est le second des Sept Psaumes qu'on nomme de la Pénitence (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142) parce qu'on y voit un Pénitent qui s'occupe tout entier à pleurer son crime, et à exhorter les autres à la Pénitence : Bonheur de l'homme qui a obtenu le Pardon de ses péchés. Nommés aussi les Sept Psaumes de Confession depuis le VIIe siècle, ils auraient été choisis par Saint Augustin au début du Ve siècle. Avant la suppression de la tonsure par Paul VI en 1972, les Sept Psaumes Pénitentiels qui expriment la tristesse du péché étaient donnés à lire aux nouveaux clercs tonsurés et exprime la joie de l'homme qui a reçu le Pardon de Dieu. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXXI est chanté ou récité aux Vêpres du jeudi de la première semaine (I)
« Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur ; c'est aux hommes droits que sied la louange »
« Exultate, justi, in Domino ; rectos decet collaudatio »
On ne peut point assurer en quelle occasion le Psaume 32 a été composé par David. Ce fut peut-être, après que ce Prince eut couru un grand danger dans un combat contre les Philistins où un géant nommé Jesbibenob (Jesbi, fils d'Ob) pensa lui ôter la vie ; ou à l'occasion d'une victoire miraculeusement accordée aux Israélites par le Seigneur contre les nations païennes. David y exhorte les Justes à reconnaître la grande Puissance et à louer l'infinie Bonté de Dieu qui daigne arrêter Ses yeux sur ceux qui Le craignent pour procurer leur Salut. Cette Louange au Seigneur qui a créé le monde et qui protège son Peuple est une louange enthousiaste de Jéhovah qui après avoir manifesté sa Puissance d'une manière générale en créant l'univers, donne des preuves spéciales et perpétuelles de sa Bonté envers Israël, son Peuple de prédilection. La Sainte Église chante ce Psaume au Troisième Nocturne de l’Office de plusieurs Martyrs : ces Saints ont échappé à la rage des tyrans comme les Israélites à celle de Pharaon. Mais la plus riche application Liturgique du Psaume 32 est celle des versets 5 et 6, où l’Église nous montre la Doctrine de la Sainte Trinité. Le répons bref de None de la Fête de la Très Sainte Trinité est tiré de là. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXXII est récité à l’Office de Laudes du mardi de la première semaine (I)
« Je Bénirai le Seigneur en tout temps ; toujours sa Louange sera dans ma bouche »
« Benedicam Dominum in omni tempore ; semper laus ejus in ore meo »
Le Psaume 33, qui est un de ceux que l'on nomme Alphabétique (les premières lettres de chaque verset constituent l’alphabet hébreu) comme le Psaume 25 avec qui il a une forte parenté, a été composé par David, non pas quand il eut été trouver le grand prêtre Achimelech pour lui demander des pains et des armes, comme quelques-uns l'ont cru, mais après qu'il eut contrefait l'insensé devant Achis, Roi de Geth, surnommé Abimelech du nom commun aux Rois des Philistins, pour se sauver d'entre ses mains, lorsqu'il voulait le faire mourir. Combien les Justes sont heureux sous la garde de Jéhovah ! C'est une Action de Grâces qu'il rend à Dieu, pour l'avoir tiré de ce grand péril ; et une exhortation qu'il fait à ses compagnons et à tous les autres hommes de n'aimer que Dieu, et de n'espérer qu'en Lui, comme en Celui qui est l'Auteur de leur Salut. La Sainte Église Catholique applique ce Psaume à tous les Saints que la Miséricorde de Dieu a retirés du mal, et préservés du sort funeste des impies. On le chante à la Toussaint au Troisième Nocturne avec l’Antienne prise des versets 10 et 16 ; au Commun des Apôtres, l’Antienne est tirée du verset 18 au Premier Nocturne ; et au Commun de plusieurs Martyrs au Troisième Nocturne ; le verset 9 « Gustáte et vidéte » a été appliqué à l’Eucharistie par les Pères ; et le verset 8 a fait passer ce Psaume dans l’Office des Saints Anges au Deuxième Nocturne. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXXIII est chanté les samedis de la première (I) et troisième semaine (III) ainsi que pour les Fêtes de Saints à l'heure médiane.
« Jugez, Seigneur, ceux qui me font du mal ; combattez ceux qui me combattent »
« Judica, Domine, nocentes me ; expugna impugnantes me »
La plupart des Interprètes rapportent le Psaume 34 au temps où David poursuivi par Saül, et ayant trouvé l'occasion de tuer son persécuteur, se contenta de couper le bord de son manteau (I des Rois XXIV, 16). Mais d'autres croient qu'il regarde plutôt la révolte et la guerre d'Absalom. David y demande avec une grande ardeur le Secours de Dieu ; et il nous apprend par son exemple à n'être pas moins ardent, pour implorer la Grâce de Nôtre Sauveur contre tous les ennemis de notre Salut. Appel à la Justice Divine contre des ennemis injustes et cruels, ce Psaume contient en effet, la pressante Prière d'un homme injustement persécuté par des ennemis qui ne sont pas moins ingrats que méchants. Le suppliant conjure Dieu de le secourir et de châtier ceux qui le font ainsi souffrir. Il règne une vive émotion dans les sentiments et dans le langage. Ce Psaume XXXIV, comme le Psaume XXX, peut aussi s’appliquer à Jésus-Christ Souffrant. Bien plus, Notre Seigneur Jésus-Christ s'est directement appliqué un passage de ce Psaume (verset 19 et Jean XV, 25) et les Apôtres en rattachent d'autres textes à ses cruels ennemis (Act. I, 20 ; Rom. II, 7-10).
« L'injuste a dit en lui-même qu'il voulait pécher ; la Crainte de Dieu n'est point devant ses yeux »
« Dixit injustus ut delinquat in semetipso ; non est timor Dei ante oculos ejus »
On croit que David composa le Psaume 35 lorsqu'après avoir épargné Saül qui était tombé entre ses mains : ce Prince ne laissa pas de le poursuivre comme auparavant, quoi qu'il lui eût témoigné de la bonté et de la reconnaissance d'une conduite si généreuse. Il prend donc sujet de cette obstination de Saül dans son injustice d'accuser ceux qui persévèrent dans le mal ; et publie l'étendue de la Providence et de la Miséricorde de Dieu. Ce beau Cantique sur la Perversité des méchants et la Bonté infinie de Dieu pour les Justes consiste en un contraste, fort bien développé, entre la Malice soit intérieure, soit extérieure des impies, et l'inépuisable Bonté de Dieu pour toutes ses créatures. Il se divise de lui-même en trois parties bien nettes : le portrait de l'impie (versets 2-5) ; le tableau de la Bonté infinie du Seigneur (versets 6-10) ; une Prière pour obtenir de demeurer toujours fidèle à Dieu (versets 11-13). La Sainte Église chante ce Cantique de confiance en la Miséricorde Divine, à l’Office des Laudes du Jeudi Saint. Le Psaume XXXV est chanté dans la Liturgie des Heures à l’Office de Laudes le mercredi de la première semaine (I).
« Ne porte pas envie aux méchants, et ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l'iniquité »
« Noli æmulari in malignantibus, neque zelaveris facientes iniquitatem »
Le Psaume 36 semble avoir été composé dans le temps de quelque affliction où était David, et peut-être celui de la guerre d'Absalom. Il se fortifie lui-même et il fortifie tous les autres avec lui, contre le scandale que cause ordinairement la prospérité des méchants dans l'esprit de ceux qui ne vivent pas de la Foi. C'est un des Psaumes alphabétiques (Ps 25 ; Ps 33 ; Ps 36 ; Ps 110 ; Ps 118 ; Ps 144) et il est rempli de plusieurs sentences pleines d'instruction. Le bonheur de l'impie n'est qu'apparent, sans durée ; celui du Juste est réel et perpétuel. Il ne faut pas s'étonner, encore moins se scandaliser, du bonheur dont les impies jouissent fréquemment sur cette terre, et qui est une source fréquente de tentation pour les Justes ; attendons patiemment, avec une Foi entière en la Providence ; les rôles ne tarderont pas à changer, car l'impie verra disparaître sa félicité caduque, et le Juste jouira d'un solide Bonheur.
« Seigneur, ne me reprenez pas dans Votre fureur, et ne me punissez pas dans Votre colère »
« Domine, ne in furore tuo arguas me, neque in ira tua corripias me »
Tous les Interprètes conviennent que le Psaume 37, qui est le Troisième des Psaumes de la Pénitence (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142), fut composé par le Roi David après les deux crimes de l'adultère et de l'homicide qu'il avait commis. Mais quelques-uns croient qu'il était alors affligé d'une grande maladie, qu'il regardait comme une punition de son péché ; d'autres disent qu'il entend seulement parler de l’extrémité où la révolte de son fils l'avait réduit. On y trouve les vrais sentiments d'un cœur pénitent et humilié sous le poids de ses péchés et de la Justice de Dieu. Cette Prière pour obtenir la Rémission de grandes fautes et du Secours contre de puissants ennemis, est celle de David qui ressent de cuisantes souffrances dans son corps et dans son âme ; ses amis l'ont abandonné, ses ennemis l'insultent et le menacent ; mais il reconnaît humblement, dans ces maux de divers genres, le châtiment très juste de ses crimes, et il se résigne patiemment à souffrir encore. Néanmoins il a recours à Dieu avec sa confiance accoutumée, Le conjurant d'avoir pitié de lui. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XXXVII est récité à l’Office des Ténèbres du Vendredi Saint au Deuxième Nocturne et à l'Office des Lectures le vendredi de la deuxième semaine (II).
« J'ai dit : Je veillerai sur mes voies, pour ne point pécher par ma langue. J'ai mis une garde à ma bouche, pendant que le pécheur s'élevait en face de moi »
« Dixi : Custodiam vias meas, ut non delinquam in lingua mea. Posui ori meo custodiam, cum consisteret peccator adversum me »
David composa le Psaume 38 vers le même temps que le Psaume 37, c'est à dire lorsqu'il était poursuivi par Absalom et outragé par Sémei. Il y représente la brièveté et la vanité de la vie présente, et le besoin que l'on a de conserver la patience et la paix avec tous les hommes, et de donner sur toutes choses un frein à sa langue. Humble Prière dans l'angoisse et réflexions plaintives sur le néant de la vie humaine, le Psaume XXXVIII est une admirable élégie ; peut-être, a-t-on dit, la plus belle de celles que contient le Psautier.
« J'ai attendu et encore attendu le Seigneur, et Il a fait attention à moi »
« Expectans expectavi Dominum, et intendit mihi »
Pour concilier ces sentiments différents des Interprètes sur le sujet du Psaume 39, on peut dire qu'il renferme également deux sens littéraux, l'un qui regarde la personne de David persécuté par Absalom, et l'autre qui regarde la Personne du Fils de Dieu né selon la chair de la race de David, ainsi que Saint Paul Lui en a fait l'application dans son Épître aux Hébreux. David y rend Grâces d'avoir été déjà délivré de tant de périls, et demande à Dieu son Secours tout de nouveau, dans le danger où il se trouvait alors. Jésus-Christ au Nom de tous Ses membres rend Grâces aussi à Dieu son Père pour tant de Faveurs qu'ils ont reçues. Et Il y parle quelquefois en Son Propre Nom, marquant clairement le Mystère de son Incarnation, et de son Sacrifice, qui a fait cesser tous les sacrifices de l'Ancienne Loi. Action de Grâces à Dieu pour des bienfaits antérieurs et Demande de Secours en de nouvelles angoisses, deux parties en effet très distinctes : la première, versets 2-11, consiste en une vive Action de Grâces à Jéhovah pour Ses faveurs passées, et en généreuses Promesses d'Obéissance à ses Divines Volontés ; la seconde, versets 12-18, est une Prière pour obtenir le Secours d'en Haut contre de cruels et dangereux ennemis. Cette deuxième partie est reproduite plus loin à peu près littéralement, de manière à former le Psaume LXIX. Saint Paul dans son Épître aux Hébreux X, 5-10, place les versets 7-9 sur les Lèvres de Jésus-Christ, au moment où Il faisait son Entrée dans le monde par l'Incarnation ; ils contiennent, en effet, le Programme du Messie, qui se résumait dans l'Obéissance la plus Parfaite. C'est comme type du Christ que David s'est d'abord appliqué à lui-même ces Paroles : le Verbe Incarné les a Seul accomplies dans leur signification supérieure et totale. Le Psaume XXXIX est chanté à l’Office des Ténèbres du Vendredi Saint au Deuxième Nocturne et dans la Liturgie des Heures à l’Office de Sexte le lundi de la deuxième semaine (II)
« Heureux celui qui a l'intelligence de l'indigent et du pauvre ; au jour mauvais le Seigneur le délivrera »
« Beatus qui intelligit super egenum et pauperem ; in die mala liberabit eum Dominus »
On croit que le Psaume 40 a encore été composé par David vers le temps de l'infâme trahison d'Achitophel au commencement de la révolte d'Absalom. Les Pères ont tous expliqué de ce Psaume de Jésus-Christ ; et ils ont crû même, qu'il y avait une espèce de témérité à Le vouloir expliquer d'une autre manière ; Jésus-Christ ayant Lui-même cité un des versets de ce Psaume comme une Prédiction formelle de la Trahison de Judas. Mais rien n'empêche, selon quelques Interprètes, que ce qui s'entend de Jésus-Christ, ne s'entende aussi de David qui en était la figure. Et l'une de ces deux explications ne sert qu'à confirmer l'autre. Ainsi David dans l'extrême affliction où il était de se voir persécuté par son fils, et trahi par ses amis, figurait très bien ce que l'on vit arriver à Jésus-Christ dans le Temps de sa Passion, lorsque les Juifs, qui étaient le Peuple de Dieu et Ses enfants, se soulevèrent contre Lui, et que ses Apôtres L'abandonnèrent ou Le trahirent : ce qui est encore une autre figure de ce qu'on voit arriver tous les jours, même au milieu de l'Église : Bienheureux les Miséricordieux, parce qu'il leur sera fait Miséricorde. Comme Prophétie des Mystères de la Passion de Notre Seigneur, ce Psaume se lit à la Fête des Sept-Douleurs en Carême avec l’Antienne prise du verset 6 ; à l’Office des Morts avec l’Antienne prise du verset 5. L’âme souffrante proclame : Heureux celui qui prie pour la soulager, versets 2-4. Enfin elle prie elle-même demandant à Dieu de n’être point livrée à ses ennemis les Démons, et se repose dans la confiance d’être avec Dieu pour toujours. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XL est chanté aux Vêpres du vendredi de la première semaine (I).
« Comme le cerf soupire après les sources des eaux, ainsi mon âme soupire vers Vous, ô Dieu »
« Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum, ita desiderat anima mea ad te, Deus »
Quelques-uns doutent que David soit l'auteur du Psaume 41 : un pieux serviteur de Jéhovah, exilé loin de Sion et du Tabernacle, demande instamment la Grâce d'y pouvoir rentrer. Mais rien n'empêche qu'on ne suive le sentiment de quelques autres qui croient que ce Psaume lui convient parfaitement dans le temps de son exil : soit qu'on l’explique du temps auquel il vivait éloigné du Tabernacle, à cause des persécutions qu'il souffrait ; soit qu'on l’explique de tout le temps de sa vie, qu'il envisageait comme un vrai exil par rapport au Ciel où il aspirait de tout son cœur. Et l'on peut même regarder avec un savant auteur (Bellarmin) ce dernier sens comme le vrai sens littéral du Psaume. Plusieurs croient qu'il a rapport à la captivité de Babylone. Ce Psaume XLI est appliqué à la Sainte Vierge, et mis dans la bouche de cette Mère affligée au Deuxième Nocturne de la Fête de Notre-Dame des Sept Douleurs au mois de septembre. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 41 est chanté aux Laudes du lundi de la deuxième semaine (II).
« Jugez-moi, ô Dieu, et séparez ma cause de celle d'une nation qui n'est pas Sainte ; délivrez-moi de l'homme méchant et trompeur »
« Judica me, Deus, et discerne causam meam de gente non sancta ; ab homine iniquo et doloso erue me »
Le Psaume 42 est la suite du Psaume 41 comme le reconnaissaient déjà d'anciens interprètes Juifs et Chrétiens : c'est à tort qu'on les a séparés, probablement pour un motif liturgique, parce qu'on chantait quelquefois à part la troisième strophe, qui forme maintenant le Psaume XLII. Au point de vue du fond, il y a identité de situation et de sujet si le cantique s'arrêtait après le Psaume XLI, il serait incomplet ; car il y manquerait l'élément si important de la Prière, qui n'apparaît qu'au Psaume XLII. Cette Prière est récitée tous les jours avant le Confiteor en signe d'humilité et de regret pour nos fautes au pied de l'Autel par le Prêtre qui va offrir le Saint Sacrifice de la Messe. Par les hésitations qu'il exprime, avec ses alternatives de trouble et de confiance, il est admirablement propre à exprimer les sentiments qui remplissent le cœur du Ministre de Dieu à ce moment Solennel de la Sainte Messe. Ce Psaume 42 se chante aux Laudes du Samedi-Saint : c’est la Voix du Sauveur se reposant dans l’attente de sa Résurrection. À la Fête-Dieu on le chante au Troisième Nocturne pour exprimer la Foi de l’Église et l’ardeur de ses désirs pour Celui qui est tout avec Elle. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XLII est chanté aux Laudes du mardi de la deuxième semaine (II).
« Ô Dieu, nous avons entendu de nos oreilles ; nos pères nous ont annoncé l’Œuvre que Vous avez faite en leurs jours et aux jours anciens »
« Deus, auribus nostris audivimus ; patres nostri annuntiaverunt nobis opus quod operatus es in diebus eorum et in diebus antiquis »
Le Psaume 43 est un Poème National : Israël, se souvenant des antiques Bienfaits de Jéhovah, invoque son Secours dans un péril extrême. Le Peuple d'Israël est mis en scène, et c'est lui qui parle, ou du moins le psalmiste parle en son nom. La matière du Psaume est une affreuse calamité frappant la nation, et causée par ses ennemis. Pour toucher davantage le Cœur du Seigneur, dont on implore la Protection, on met en parallèle les maux présents dont Dieu afflige son Peuple avec les biens opposés dont Il l'avait comblé à une autre époque. Si David est celui qui a composé le Psaume 43, il l'a composé par un esprit prophétique, et parlant, selon les Saints Pères, ou en la personne des Macchabées et des autres Juifs accablés par la cruauté d'Antiochus, ou en la personne des Saints Martyrs de l'Église et des Chrétiens persécutés par la fureur des tyrans, que Saint Paul semble l’avoir entendu lui-même : « Car, comme il est écrit, nous sommes tous les jours livrés à la mort pour l'Amour de Toi ; nous sommes regardés comme des brebis destinées à la boucherie » (Rom. VIII, 36) en citant le verset 22, pour marquer la violence que les ennemis de l'Église exerçaient contre les Fidèles. Ce Psaume peut s'appliquer à toutes les personnes affligées et persécutées, qui y trouvent des sujets de confiance dans la vue des Miséricordes du Seigneur, et des sujets d'abaissement et de crainte dans la vue des rigueurs de sa Justice. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XLIII est chanté le Jeudi de la quatrième semaine (IV).
« De mon cœur a jailli une excellente Parole ; c'est que j'adresse mes œuvres à un Roi. Ma langue est comme le roseau du scribe qui écrit rapidement »
« Eructavit cor meum verbum bonum ; dico ego opera mea regi. Lingua mea calamus scribæ velociter scribentis »
Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin, et presque tous les Interprètes conviennent ensemble, que le Psaume 44 est comme un Épithalame Spirituel, c'est à dire un Saint Cantique qui représente l'Union Sacrée de l'Époux Divin et de son Épouse, de Jésus-Christ et de l'Église. Et Saint Paul dans son Épître aux Hébreux I, 8-9 se sert en effet de ce même Psaume pour marquer l'établissement du Règne Éternel du Fils Unique du Père sur les Élus. Quelques-uns croient que Salomon en est l’auteur, et qu'il peut bien l'avoir composé, comme le Cantique des Cantiques, l'occasion de son mariage avec la fille de Pharaon. D'autres l’attribuent plutôt à David. Mais ils s'accordent tous en ce point, que son vrai sens littéral est celui qui regarde le Mystère de l’Incarnation et de l'Union du Verbe avec la nature humaine, et du Mariage tout Divin de Jésus-Christ, le vrai Salomon, avec son Épouse toute Chaste qui est l’Église. Glorieux Épithalame du Christ et de l'Église : l’Époux, Jésus-Christ Notre-Seigneur est Unique ; or, bien que l’Épouse soit aussi Une par la Foi et la Charité, Elle est cependant multiple dans Ses membres ; cette Unité dans la multiplicité, et cette multiplicité si bien Unie, va nous donner la clef des différentes applications Liturgiques de ce Psaume. On le chante à Noël ; l’Épouse est ici la très heureuse Mère de l’Époux. De même dans l’Office de la Sainte Vierge ; à la Transfiguration l’Épouse est l’Église représentée par Moïse et Elie pour l’ancienne Loi ; Pierre, Jacques et Jean pour la Nouvelle. C’est pour la même raison que le Psaume se dit au Commun des Apôtres. Il est chanté aussi aux Fêtes des Saintes qui ont le bonheur d’être appelés aux Noces de l’Agneau. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XLIV est chanté, en deux parties, à l’Office des Vêpres du lundi de la deuxième semaine (II) et à l’Office du Milieu du Jour du samedi de la quatrième semaine (IV).
« Dieu est notre Refuge et notre Force, notre Secours dans les tribulations qui nous ont trop saisis »
« Deus noster refugium et virtus, adjutor in tribulationibus quæ invenerunt nos nimis »
Comme tous les Pères, c'est à dire, Saint Jean Chrysostome, Saint Basile, Saint Ambroise, Saint Augustin, Théodoret, et plusieurs autres conviennent ensemble, que le Psaume 45, selon son sens littéral, regarde l'Église attaquée par les infidèles, et délivrée de leurs persécutions par le Secours du Seigneur ; on croit devoir s'arrêter plutôt à ce sentiment, qu'a celui des Interprètes nouveaux, qui ont expliqué ce même Psaume de David devenu victorieux de ses ennemis. On ne sait à quelle occasion David composa ce Psaume sur la pleine sécurité du peuple de Jéhovah, qui témoigne de sa confiance que Jérusalem et la terre d'Israël n'ont rien à craindre au milieu des plus grands dangers, parce que le Seigneur la protège. Ce Psaume convient au Mystère de l’Épiphanie et aux Eaux du Baptême ; on le récite au Premier Nocturne ; il se chante aussi à l’Office de la Sainte Vierge, Cité Mystique de Dieu ; au Troisième Nocturne de la Fête des Sept-Douleurs en septembre ; au Deuxième Nocturne du Commun des Vierges. Les circonstances de la guerre contre un prince impie où ce Psaume fut composé, l’ont fait passer à l’Office de plusieurs Martyrs au Troisième Nocturne. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume XLV est chanté à l’Office des Vêpres du vendredi de la première semaine (I).
« Nations, frappez toutes des mains ; célébrez Dieu par des cris d'allégresse »
« Omnes gentes, plaudite manibus ; jubilate Deo in voce exultationis »
Hymne en l'honneur de Jéhovah, Roi de toute la terre et de toutes les nations, le Psaume 46 est un Chant de Victoire qui, comme le Psaume XLV, célèbre Jéhovah qui vient de subjuguer les ennemis de sa Nation choisie et annonce que la terre entière acceptera un jour sa Domination. Il est donc Messianique, puisque ce n'est que par Notre-Seigneur Jésus-Christ que les peuples païens devaient se Convertir à la Religion du Vrai Dieu. A cause du verset 6, la Tradition Chrétienne l'a souvent appliqué d'une manière spéciale à l'Ascension du Sauveur. Il est plein d'enthousiasme lyrique. On suppose qu'il fut aussi composé à l'occasion de la victoire sans combat que les Israélites remportèrent sur les Moabites, les Ammonites et les Iduméens, grâce à une éclatante Intervention du Seigneur ou chanté dans la Translation Solennelle de l'Arche qui se fit sous Salomon, lorsqu'on La porta dans le Temple magnifique qu'il avait bâti à l'honneur de Dieu. Dans la Liturgie des Heure, le Psaume XLVI est chanté ou récité à l’Office des Laudes du mercredi de la première semaine (I)
« Le Seigneur est Grand et digne de toute Louange, dans la Cité de notre Dieu, sur sa Sainte Montagne »
« Magnus Dominus et laudabilis nimis, in civitate Dei nostri, in monte sancto ejus »
Quoique Saint Jean Chrysostome et quelques autres Interprètes aient cru que le Psaume 47 traite du rétablissement de la ville de Jérusalem où Jéhovah protège merveilleusement Sion après le retour de la captivité de Babylone, comme d'autres le rapportent au contraire à d'autres temps soit à la défaite des Moabites et de leurs alliés, soit à l'insuccès de Rasin, roi de Syrie, et de Phacée, roi d'Israël, qui s'avançaient ensemble contre Jérusalem au temps d'Achaz ; et que tout ce que l'on en peut dire est fondé sur de simples conjectures, il semble qu'il est plus utile et plus sûr, de s'arrêter principalement à considérer dans ce Psaume XLVII avec Saint Ambroise et Saint Augustin : la Cité Sainte de l'Église, dont la ville de Jérusalem était la figure ; et dans cette Église chaque fidèle, qui en est une des pierres vivantes. Il devait être chanté le lundi, le second jour qui suivait le Sabbat, probablement au Sacrifice du matin.
« Écoutez tous Ceci, ô peuples ; prêtez l'oreille, vous tous qui habitez l'univers »
« Audite hæc, omnes gentes ; auribus percipite, omnes qui habitatis orbem »
Il est assez inutile de rechercher à quelle occasion le Psaume 48 a été composé, puisqu'on n'en sait rien d'assuré, et qu'il est d'ailleurs entièrement de Morale. Le Prophète y représente la vanité des richesses et l’inutilité de la sagesse du monde ; et il y fait voir, que s'il arrive souvent que les Justes soient affligés en cette vie, et que les méchants y soient dans la prospérité, le temps de la Mort sera un juste discernement de toutes choses. Vanité des biens de ce monde ; les Impies seront à jamais Punis et les Bons éternellement Récompensés. Ce Psaume XLVIII moral et didactique, composé de sentences brèves et vigoureuses à la manière du Livre des Proverbes, a beaucoup de ressemblance avec celui du Psaume XXXVI : c'est de nouveau l'important et difficile problème de l'inégalité des conditions humaines et de la fréquente prospérité des Impies, qui est traité, discuté. Le psalmiste examine surtout la condition présente et future des hommes Impies qui « ont confiance en leurs biens et se glorifient de leurs grandes richesses » (verset 7) : il voit que ces biens sont essentiellement transitoires, et qu'ils ne sauraient délivrer ni de la mort, ni des châtiments d'outre-tombe, ceux qui les possèdent ici-bas ; au contraire, les Justes, quoique souvent plongés durant cette vie dans toute sorte de souffrances, ont pour consolation intime les espérances d'une Vie meilleure, Éternelle. Ce Psaume est peut-être celui du Psautier qui contient le plus d'assertions explicites sur l'existence et les conditions de la Vie Future : « Ils ont été mis dans l'Enfer comme un troupeau de brebis ; la mort les dévorera. Et, au matin, les Justes auront l'empire sur eux, et leur appui sera détruit dans l'Enfer, après qu'ils auront été dépouillés de leur gloire » (verset 15)
« Le Dieu des dieux, le Seigneur, a parlé, et Il a appelé la terre, du lever du soleil au couchant »
« Deus deorum, Dominus, locutus est, et vocavit terram a solis ortu usque ad occasum »
Le Psaume 49 est attribué à Asaph qui est l'auteur de 12 Psaumes (49, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82) sur les 150 du Psautier. Saint Jean Chrysostome, Théodoret, Saint Augustin, le Cardinal Bellarmin et quelques autres, croient que le sujet du Psaume 49 est le Double Avènement du Fils de Dieu ; le Premier qui est de Miséricorde et qui regarde l'établissement de l'Église ; et le Second qui doit être de rigueur, lorsqu'Il viendra comme le Juge Suprême pour Juger tout l'univers. D'autres croient que Dieu y parle aux Israélites, qui se confiaient vainement en leurs sacrifices, lorsqu'ils violaient sa Loi et qu'ils négligeaient d'obéir à sa Volonté. On pourrait peut-être concilier ces deux sentiments, selon qu'il semble que Saint Chrysostome l'a fait lui-même, en regardant les Israélites comme la figure des Chrétiens, et le Jugement que Dieu prononce contr’eux, comme l'image de Celui qu'Il doit prononcer un Jour contre tous les violateurs de sa Loi Divine. L'idée mère du Psaume XLIX, c'est l'inefficacité, l'inutilité d'un culte purement extérieur. Le Seul Culte qui puisse plaire à Dieu est exposé d'une manière à la fois si brillante et si complète qu'en cet endroit du Psautier. Sous le rapport de la beauté littéraire, Fénelon a dit que ce poème « surpasse toute imagination humaine ». Dans la Liturgie des Heure, le Psaume XLIX est divisé en trois parties et récité à l’Office de Lectures du lundi de la troisième semaine (III) et du samedi de la quatrième semaine (IV).
« Ayez pitié de moi, ô Dieu, selon votre grande Miséricorde, et selon la multitude de vos Bontés, effacez mon iniquité »
« Miserere mei Deus secundum magnam misericordiam tuam ; et secundum multitudinem miserationum tuarum dele iniquitatem meam »
Le Psaume 50 appelé « Miserere mei Deus », « Seigneur, ayez pitié », aurait été écrit par le roi David, qui s’appropria Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite, général de son armée, qu'il fit tuer pour couvrir sa faute (cf. 2 Samuel, chap. 11 et 12). Il fait partie des Sept Psaumes Pénitentiels (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142). Dans la Liturgie de la Sainte Messe, le verset 3 « Ayez pitié de moi, ô Dieu » est la traduction du grec ancien « Κύριε ἐλέησον » et correspond à notre chant du « Kyrie eléison », « Seigneur, ayez pitié ». Dans la Liturgie des Heures, le Psaume L est récité à l'Office des Laudes chaque vendredi et le verset 17 : « Seigneur, Vous ouvrirez mes lèvres, et ma bouche publiera Vos louanges » est chanté quotidiennement au Premier Office du Jour.
« Pourquoi te glorifies-tu dans le mal, toi qui es vaillant pour commettre l'iniquité ? »
« Quid gloriaris in malitia, qui potens es in iniquitate ? »
Le titre sert d'argument au Psaume 51 sur le Châtiment des langues méchantes, et fait voir qu'il fut composé par David pour donner de l’exécration de la malice très cruelle de Doëg, qui fut cause de la mort du grand-prêtre et du carnage que l'on fit dans la ville de Nobé, lorsque Saül averti de l'assistance qu'Achimelech avait donnée très innocemment à David en lui présentant l'épée de Goliath et les pains qui étaient offerts dans le Tabernacle, fit tout tuer dans cette ville. Ce Psaume est composé de trois strophes : apostrophe véhémente (versets 3-6) ; la prédiction fatale (versets 7-9) ; confiance de David en son Dieu (versets 10-11). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LI est récité à l’Office des Lectures le mercredi de la deuxième semaine (II).
« L'insensé a dit dans son cœur : Il n'y a point de Dieu »
« Dixit insipiens in corde suo : Non est Deus »
Ce Psaume 52 sur l’affreuse dépravation des hommes : Dieu s'en vengera et sauvera son Peuple, qui a été composé par David pour être chanté dans toute la suite des temps sur un certain instrument ou sur un air de musique mélancolique et plaintif, contient les fideles sentiments de ce Prince touchant la folie et l'aveuglement si déplorable de la plus grande partie des hommes. Et les dernières paroles du titre, qui porte « Intelligence à David », nous marquent que Dieu l’éclairait par sa Lumière afin qu'il connut et qu'il condamnât sévèrement l'extravagance de l'esprit humain. Le Psaume 52 est une reproduction presque littérale du Psaume 13 : les seules différences sensibles consistent dans le titre, le changement du Nom Divin (verset 1b) et la variante du verset 6. On admet communément que le Psaume 52 est une recension plus récente ; mais il est difficile d'expliquer son origine et la cause de son insertion dans le Psautier. Il paraît néanmoins assez vraisemblable que le Psaume XIII fut légèrement remanié, longtemps après la mort de David, pour être adapté à un événement nouveau de l'histoire juive : il obtint ainsi comme une seconde naissance, et le droit de pénétrer dans la collection des Chants Sacrés d'Israël sous cette forme légèrement modifiée. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LII est chanté à l’Office du Milieu du Jour le mardi de la deuxième semaine (II).
« Ô Dieu, sauvez-moi par votre Nom, et rendez-moi justice par votre Puissance »
« Deus, in nomine tuo salvum me fac, et in virtute tua judica me »
Le titre du Psaume 53 fait connaître l’occasion en laquelle il fut composé : David se voyant tout environné par les troupes de Saül qui craignait d'être dépossédé par lui de son trône, que les habitants de Ziph avaient averti de sa retraite en leur pays, fit cette Prière à Dieu dans un péril si pressant, d'où Lui Seul pouvait le tirer. Demande d'un prompt Secours dans un péril imminent, il y a deux parties bien distinctes dans ce Psaume 53 : la première partie (versets 3-5) est une Prière plaintive, un appel au secours : « Ô Dieu sauve moi, Ô Dieu entends ma prière... » dans un contexte où la vie du psalmiste est menacée. Et puis la deuxième partie (versets 6-9) est au contraire très sereine, de sentiments de confiance et de promesses généreuses comme si Dieu était déjà passé à l’acte ou était en train de le faire. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LIII est chanté à l’Office du Milieu du Jour le mardi de la deuxième semaine (II).
« Exaucez, ô Dieu, ma prière, et ne méprisez pas ma supplication »
« Exaudi, Deus, orationem meam, et ne despexeris deprecationem meam »
On admet assez généralement que le Psaume 54 fut composé pendant la première période de la révolte d'Absalon, alors que tout semblait conspirer à la ruine de David. Entouré de puissants ennemis et trahi par un ami intime, le roi David conjure Dieu de le secourir. Trois parties : Appel à Dieu basé sur l'angoisse du suppliant (versets 2-9) ; Le roi outragé laisse un libre cours à son indignation contre ses ennemis (versets 10-17) ; Confiance en Dieu (versets 18-24). Les principaux détails s'harmonisent très bien avec cet événement douloureux, surtout celui qui concerne la trahison d'un ami dévoué, c'est-à-dire d'Achitophel le Gilonite aux versets 14-15 (cf. II Reg. XV, 12, 31). Ainsi trahi, abandonné, menacé dans sa vie non moins que dans sa dignité, David s'adresse à Dieu, son unique Secours, et Le conjure de le sauver. Comme motifs d'être promptement exaucé, il signale sa profonde détresse, la malice de ses ennemis, la perfidie et l'ingratitude de son ami et sa confiance parfaite en Jéhovah malgré tout. Ce Psaume 54 convient aussi très parfaitement selon le sens spirituel à Jésus-Christ dans le Temps de sa Passion. Et la Prière qu'il contient, étant Celle du Chef de l'Église, aussi bien que David qui en était la figure, est très propre pour tous les Chrétiens qui sont Ses membres, lorsqu'ils se trouvent assiégés des différentes tentations des ennemis de leur Salut. Si les versets 12 à 14 font référence à Achitophel qui trahit et se suicide, ces mêmes versets sont avant tout prophétiques et font référence à la Fin de Judas qui trahit Notre-Seigneur Jésus-Christ et se damne pour l’Éternité par sa pendaison. Saint Jérôme, dans la Vulgate, intitule le Psaume LIV « Vox Christi adversus magnatos Judaeorum et Judam traditorem » : La Voix du Christ contre les chefs des Juifs et le Traître Judas.
« Ayez pitié de moi, ô Dieu, car l'homme m'a foulé aux pieds ; m'attaquant tout le jour, il m'a tourmenté »
« Miserere mei, Deus, quoniam conculcavit me homo ; tota die impugnans, tribulavit me »
Ce Psaume 55 semble avoir été composé par David lorsqu’il avait été aussitôt reconnu à Geth comme le vainqueur de Goliath, fait prisonnier, conduit au roi de cette ville et qu'il s’échappa des mains des Philistins et de la puissance du Roi Achis en contrefaisant le fou ; retiré dans la caverne d'Odolla, où un grand nombre de malheureux se retirèrent auprès de lui. C'est une excellente Prière confiante dans une très grande détresse qu'il fait à Dieu pour Lui exposer les continuelles persécutions qu'il souffrait de la part de ses ennemis, et la confiance toujours égale qu'il avait en sa Divine Protection. Les Saints Pères l'ont expliqué de Jésus-Christ, et chaque Fidèle Catholique peut se regarder en la personne de David comme toujours exposé aux persécutions des ennemis de son Salut, et par conséquent toujours obligé d'avoir recours à Celui qui nous ordonne d'avoir confiance en sa Grâce, depuis qu'Il a Lui-même vaincu le monde. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LV est chanté à l’Office du Milieu du Jour le jeudi de la deuxième semaine (IV).
« Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi, car mon âme a confiance en Vous. Et j'espérerai à l'ombre de Vos ailes, jusqu'à ce que l'iniquité ait passé »
« Miserere mei, Deus, miserere mei, quoniam in te confidit anima mea. Et in umbra alarum tuarum sperabo, donec transeat iniquitas »
David composa le Psaume 56 lorsqu'il se vit obligé de se retirer dans la caverne d'Engaddi pour éviter la fureur du Roi Saül qui le poursuivait. C'est une Prière qu'il fait à Dieu pour Lui demander sa Protection contre son persécuteur. Cette Prière et Action de Grâces à l'occasion d'un grand péril est accompagnée comme la plupart des autres d'une espèce de certitude que le Saint Esprit qui priait en lui, lui donnait et qu'il se verrait délivré de la violence de ses ennemis. Le psalmiste, animé d'une très vive confiance en Dieu, qui l'a toujours merveilleusement délivré de toutes ses angoisses, Le conjure de lui venir en aide dans ce nouveau péril ; puis il célèbre d'avance sa délivrance par un cantique de louange. Deux parties, marquées par un refrain qu'on a qualifié de grandiose (versets 6 et 11) : Prière pleine de Foi pour obtenir une prompte délivrance (versets 2-6) ; Action de Grâces anticipée tant le succès est certain (versets 7-12). Nous retrouverons les versets 8-12 au début du Psaume CVII. Dans la Liturgie des Heures, chanter le Psaume LVI est un acte de foi et de confiance en Dieu dans la souffrance qui nous unit au Christ Sauveur aux Laudes le jeudi de la première semaine (I) et à l’Office du Milieu du Jour le jeudi de la deuxième semaine (II).
« Parlez-vous vraiment selon la Justice ? Jugez avec droiture, fils des hommes »
« Si vere utique justitiam loquimini, recta judicate, filii hominum »
David prend occasion de la fureur de Saül et de la malice de ceux qui s'unissaient avec ce Prince contre lui, de reprendre très sévèrement dans ce Psaume 57 tous les Impies. S’adressant aux juges pervers, qui ne manquaient pas plus en Israël que chez les autres peuples de l'Orient, il leur reproche sévèrement leur conduite inique et leur prédit qu'ils seront eux-mêmes jugés par Jéhovah avec la dernière rigueur. Deux parties : l'Accusation (versets 2-6) ; les Menaces (versets 7-12) et deux strophes dans chaque partie (versets 2-3, 4-6, 7-10, 11-12). Nous devons, comme dit Saint Augustin, y écouter avec respect la vérité qui s'y fait entendre comme dans une assemblée générale de tous les hommes. Pour la Sainte Église Catholique, le Psaume LVII s'applique effectivement aux Juifs meurtriers du Sauveur et punis d'une manière si éclatante, et également aux Persécuteurs de l'Église. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 57 est chanté lors de l'Office de Matines du mardi
« Sauvez-moi des mains de mes ennemis, ô mon Dieu, et délivrez-moi de ceux qui se lèvent contre moi »
« Eripe me de inimicis meis, Deus meus, et ab insurgentibus in me libera me »
L'histoire des Rois (Reg. XIX, 9) nous apprend que le Roi Saül ayant conçu une jalousie et une haine furieuse contre David, le voulut percer de sa lance ; et qu'il fit ensuite investir sa maison, voulant le faire mourir à quelque prix ce fut ; mais que Michol, femme de David, le fit sauver par la fenêtre. Ainsi nous voyons par le titre du Psaume 58, que David y a renfermé la Prière pour obtenir du Secours contre de cruels ennemis qu'il fit à Dieu lorsqu'il se vit engagé dans un péril si pressant. Deux parties égales (versets 2-10 et 11-18), marquées par un refrain (versets 10 et 13) et chacune d'elles est partagée en deux strophes par le sélah hébreu à la fin des versets 6 et 14. Dans chaque partie, la deuxième strophe commence d'une manière identique (comparez les versets 7 et 15). La première partie peint le trouble et l'inquiétude de David ; la deuxième, ses angoisses calmées, sa colère et ses espérances. Mais Saint Hilaire et Saint Augustin témoignent qu'il doit être entendu principalement de Jésus-Christ mort et gardé dans le Sépulcre. Et un ancien Père Grec a cru aussi que David étant rempli de l'esprit de Prophétie, a envisagé dans Theod, ces pièges qu'on lui tendait, ce qui devait arriver au Sauveur du monde de la part des Juifs ; et qu'il a prédit en même temps et la vocation des gentils, et la dispersion de ces Juifs. Nous pouvons encore appliquer ce Psaume LVIII selon l'esprit de l'Église généralement à tous les Justes qui souffrent la persécution des méchants.
« Ô Dieu, Vous nous avez repoussés et Vous nous avez détruits ; Vous Vous êtes irrité, et Vous avez eu pitié de nous »
« Deus, repulisti nos, et destruxisti nos ; iratus es, et misertus es nobis »
D'après l'opinion la plus probable, que paraît confirmer les récits du Second Livre des Rois (chapitres VIII, X, XI) et du Premier Livre des Paralipomènes (chapitre XVIII), elle assignerait au Psaume 59 une destination toute spéciale, celle de servir d'accompagnement aux exercices militaires ; il respire, en effet, un grand enthousiasme patriotique, et ne pouvait qu'enflammer l'ardeur belliqueuse des jeunes Israélites. Le Psaume 59 nous transporte au temps de la plus longue et de la plus glorieuse guerre soutenue par David, pendant laquelle il eut à lutter contre les Ammonites et les Syriens confédérés. Tandis que David battait à plusieurs reprises ces terribles adversaires, les Iduméens envahirent par le sud le Territoire Israélite dégarni de soldats, et le ravagèrent sans pitié. Alors David se hâta de terminer son expédition Syrienne, et il envoya contre ces hardis agresseurs une forte armée, commandée par Joab et Abisaï. C'est dans cette circonstance critique qu'il composa le Psaume « Deus repulisti nos » pour attirer les Bénédictions de Dieu sur la nouvelle campagne qui allait s'engager. Il les obtint pleinement, car ses généraux remportèrent une éclatante victoire dans la vallée du Sel, aujourd'hui le Ghôr, au sud de la mer Morte. Douze mille Iduméens restèrent sur le terrain. Le Psaume LIX est une excellente Prière Nationale dans un très grave péril, qui convient très bien, selon Saint Basile, à ceux qui ayant été rejetés de Dieu pour un temps, à cause de leurs péchés, ont été ensuite reçus de nouveau entre les bras de sa Miséricorde.
« Exaucez, ô Dieu, ma supplication ; soyez attentif à ma prière »
« Exaudi, Deus, deprecationem meam ; intende orationi meæ »
Ce Psaume 60 peut avoir été composé par le Roi David dans le temps de la conspiration d'Absalon où David exilé conjure le Seigneur de le ramener à Jérusalem et de lui accorder de longs jours. Deux parties que sépare le sélah hébreu : le roi exilé conjure Jéhovah de le ramener bientôt auprès du Sanctuaire (versets 2-5) ; il Lui demande aussi de longs jours, promettant de Le remercier par ses chants sacrés (versets 6-9). La seconde partie est Messianique, car elle prédit l'éternelle durée de la dynastie de David, Promesse qui ne s'est réalisée qu'en la Personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Comme ce prince était alors fugitif et éloigné de Jérusalem, les Saints Pères ont regardé la prière qu'il y fait, comme le Modèle de la Prière que le Juste, et que toute l'Église de Jésus-Christ offre à Dieu dans l'exil et au milieu de toutes les tentations de cette vie, lorsqu'Elle soupire sans cesse vers le Repos Éternel. La Sainte Église chante le Psaume LX à la Fête de la Toussaint au Troisième Nocturne et aux Fêtes des Saints Apôtres au Deuxième Nocturne. Dans la Liturgie des Heures, il est chanté à l’Office du Milieu du Jour du samedi de la deuxième semaine (II).
« Mon âme ne sera-t-elle pas soumise à Dieu ? Car c'est de Lui que vient mon Salut »
« Nonne Deo subjecta erit anima mea ? Ab ipso enim salutare meum »
On croit que David composa le Psaume 61 vers le même temps que le précédent. Il s'y exhorte lui-même avec tous les siens à mettre en Dieu leur confiance, comme ne devant attendre leur Salut que de Lui Seul dans l’extrémité où ils se trouvent réduits par la violence de leurs ennemis. David y fait voir en même temps que l'on doit bien se garder de mettre son espérance dans l'injustice et dans les richesses. Confiance en Dieu Seul parmi les plus grands périls, le psalmiste est dans un très grave danger ; ses ennemis, puissants et acharnés à sa ruine, n'ont qu'à faire un dernier effort pour le renverser complètement. Néanmoins, dans cette situation, qui est humainement désespérée, il s'excite encore et encore à la confiance ; car il sait que, protégé par Dieu, il n'a rien à craindre, tandis que la protection des hommes est absolument vaine. Trois strophes assez régulières séparées par le sélah hébreux composent ce Psaume LXI, les deux premières sont marquées par un début identique : Appuyé sur Dieu, David ne craint pas ses ennemis, quelque puissants qu'ils soient (versets 2-5) ; Il s'excite à une confiance plus parfaite encore (versets 6-9) ; Vanité de tout appui humain, Puissance et Bonté du Seigneur pour secourir ses amis (versets 10-12).
« Ô Dieu, mon Dieu, je veille aspirant à Vous dès l'aurore. Mon âme a soif de Vous ; combien ma chair aussi est altérée de Vous ! »
« Deus, Deus meus, ad te de luce vigilo. Sitivit in te anima mea ; quam multipliciter tibi caro mea ! »
Comme on ne voit point que David se soit jamais retiré dans le Désert de l'Idumée, il y a plus d'apparence qu'il faut lire dans le titre, selon la langue originale, le Désert de la Judée situé entre Jérusalem et la mer Morte. La plupart des Interprètes rapportent ce Psaume 62 au temps de Saül, et croient que David le composa lorsqu'il s'enfuit dans le Désert de Ziph pour éviter la fureur de ce Prince si animé contre lui. D'autres ont crû qu'il pouvait avoir été composé lorsque la révolte d'Absalom l'obligea de se retirer dans des lieux déserts, à cause qu'il s'y donne à lui-même le nom de Roi, ce qu'il n'a guère pu faire avant la mort de Saül. Il y déplore son exil et son grand désir de posséder Dieu. Car dans cet éloignement où il était du Tabernacle et de l’Arche du Seigneur, il envisageait son éloignement de sa Vraie Patrie, qui était le Ciel : ce qui fait que cette Prière du Matin remplie de Saints désirs et d'un ardent amour, malgré la situation désolée du suppliant, convient très bien à tous les Justes qui soupirent durant l'exil de la vie présente. Deux parties dans ce Psaume 62 : David donne un libre cours à ses sentiments d'amoureuse confiance en Jéhovah (versets 2-9) et il prédit la ruine de ses ennemis et son propre triomphe (versets 10-12). La Sainte Église Catholique désigne le Psaume LXII comme la « Prière du Matin » et ordonne de le réciter chaque matin à l'Office de Laudes à l'aube du jour.
« Exaucez, ô Dieu, ma prière lorsque je Vous implore ; délivrez mon âme de la crainte de l'ennemi »
« Exaudi, Deus, orationem meam cum deprecor ; a timore inimici eripe animam meam »
Ce Psaume 63 peut avoir été composé par David dans le temps que la révolte de son fils l'obligea de sortir de Jérusalem et de s'enfuir ; ou bien dans le temps que Saül le persécutait avec tant de fureur, ce qui paraît incertain. Deux parties dans cette Prière contre les détracteurs iniques : David décrit les souffrances que lui font endurer ses injustes détracteurs (versets 2-7) et il prédit leur punition à laquelle applaudiront les Justes (versets 7-11). Les Saints Pères ont souvent appliqué ce Psaume 63 d'une manière spirituelle à Notre-Seigneur Jésus-Christ qui eut tant à souffrir des langues méchantes. Mais rien n'empêche que selon la lettre, on l'entende de David et selon le sens spirituel de Jésus-Christ, c'est à dire tant du Chef que de Ses membres. L’Église applique ce Psaume à Notre-Seigneur en la Fête de la Passion au Troisième Nocturne ; Elle le récite encore à la Fête des Sept-Douleurs au Troisième Nocturne car Marie participait aux Souffrances du Sauveur et la Prière du Fils fut Celle de la Mère ; aux Fêtes des Apôtres parce qu’ils prirent une large part au Mystère de la Passion de Notre Seigneur et parce qu’ils annoncèrent ensuite à toute la terre l’Œuvre de Dieu dans le Salut du monde (voir l’Antienne au Commun des Apôtres du Deuxième Nocturne). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LXIII est chanté à l’Office du Milieu du Jour le samedi de la deuxième semaine (II).
« L'hymne de Louange Vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on Vous rendra des vœux dans Jérusalem »
« Te decet hymnus, Deus, in Sion, et tibi reddetur votum in Jerusalem »
Selon l’Hébreu et l’édition Grecque des Septante, le titre du Psaume 64 ne porte autre chose que ces premiers mots : Pour la fin, Psaume de David. Le surplus « Cantique de Jérémie et d'Ézéchiel pour le peuple de la captivité lorsqu'il commençait à partir » a été depuis ajouté, selon que l’a crû Theodoret. Ce qu'on peut dire, sans s'écarter de la Vulgate, et sans prétendre rien déterminer dans une chose très douteuse, est que ce Psaume a pu être composé par David dans un esprit prophétique pour être chanté par les Israélites vers le temps de leur sortie de Babylone et de leur retour de la captivité conformément aux Prophéties de Jérémie et d'Ezéchiel, qui ont prédit que le peuple d'Israël retournerait de Babylone à Jérusalem, et qui étaient morts dans le temps de ce retour. Hymne d'Action de Grâces, pour célébrer en général les Bienfaits répandus par le Seigneur sur son Peuple de prédilection, et plus particulièrement pour remercier Dieu d'une récolte extraordinairement abondante, on loue tour à tour : sa Miséricorde et sa Bonté (versets 2-6a) ; sa Puissance infinie (versets 6b-9) ; et sa Libéralité récemment manifestée par une riche récolte (versets 10-14). On doit appliquer le sens spirituel de ce Psaume LXIV d’Action de Grâces à Dieu pour louer ses Bienfaits et surtout pour Le remercier d'une récolte extraordinaire à l'Église délivrée de la captivité du Démon par la Mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
« Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière ; chantez un Hymne à son Nom ; rendez glorieuse sa Louange »
« Jubilate Deo, omnis terra ; psalmum dicite nomini ejus ; date gloriam laudi ejus »
Le sujet du Psaume 65 est le même que le précédent ; si ce n'est que le prophète a composé le Psaume 64 pour être chanté lorsque les Israélites seraient sur le point de sortir de Babylone ; et que celui-ci regarde plutôt le temps qui a suivi leur retour de captivité. Ce Cantique d'Action de Grâces pour célébrer une grande délivrance due à la Bonté Divine se divise en deux parties : dans la première (versets 1b-12), le psalmiste remercie Dieu au nom de la nation entière ; dans la seconde (versets 13-20), il parle en son propre nom, bien qu'il semble le faire encore comme représentant de son peuple ; et composé de cinq strophes (versets 1-4, 5-7, 8-12, 13-15, 16-20), dont trois, la première, la seconde et la quatrième, sont terminées en hébreu par le sélah. Le mot de Résurrection, qui est dans le titre, ne se trouve ni dans l'Hébreu, ni dans l'édition des Septante : mais il a été ajouté pour marquer que ce Psaume LXV de la Résurrection est mystérieux, et que sous la figure de la délivrance des Juifs, qui jusqu'alors s'étaient regardés comme morts et dans le tombeau, il marquait admirablement, soit la Résurrection spirituelle des Gentils, que la Mort de Jésus-Christ leur a méritée, soit la Résurrection Générale des Corps des Justes, qui au Dernier Jour jouiront d'un parfait Bonheur après toutes les misères de cette vie.
« Que Dieu ait pitié de nous, et nous Bénisse ; qu'Il fasse briller son Visage sur nous, et qu'Il ait pitié de nous »
« Deus misereatur nostri, et benedicat nobis ; illuminet vultum suum super nos, et misereatur nostri »
Quoi que le nom de David ne soit point dans le titre en Hébreu de ce Psaume 66, on peut croire néanmoins qu'il l'a composé par un esprit prophétique pour être chanté vers le même temps que le précédent, ou un peu devant ; c'est à dire, lorsque les Israélites n'étaient pas encore sortis de Babylone : que Dieu protège Israël et qu'Il soit adoré par les Gentils. La grande pensée du Cantique, est un ardent désir de la Conversion du monde, comme résultat des Manifestations particulières de la Bonté de Dieu envers Israël lorsque la Face de Dieu brillera complètement sur son Peuple, toutes les nations seront attirées et gagnées, et le Règne de la Justice sera rétabli. Ce Psaume est divisé en trois strophes (versets 2-3, 4-5, 6-8), dont la seconde et la troisième commencent par un refrain identique (versets 4 et 6). Tous les Interprètes conviennent ensemble, que ce Psaume 66 nous représente, selon le sens spirituel, le désir ardent qu'avait le Prophète de l'Avènement du Messie et de la Rédemption Générale des hommes, selon ce que Jésus-Christ même dit à Ses disciples : Que plusieurs Prophètes et plusieurs Rois avaient souhaité de voir ce qu'ils voyaient, mais qu'ils ne l'avaient point vu. Le Psaume LXVI est donc Messianique, comme plusieurs passages du précédent, puisqu'il prédit indirectement, lui aussi, la Conversion de tous les peuples au Vrai Dieu et la Catholicité de l'Église du Christ. Dans la Liturgie des Heures, il est chanté aux Vêpres du mercredi de la deuxième semaine (II), aux Laudes du mardi de la troisième semaine (III) et constitue l'une des quatre Prières Invitatoires de l'Office Quotidien.
« Que Dieu se lève, et que Ses ennemis soient dissipés, et que ceux qui Le haïssent fuient devant sa Face »
« Exurgat Deus, et dissipentur inimici ejus, et fugiant qui oderunt eum a facie ejus »
Il est difficile de déterminer quelle a été l'occasion qui donna lieu à composer ce Psaume 67. Quelques-uns, sans avoir égard au titre, rapportent ce Psaume au temps de la défaite de l'armée de Sennacherib, Roi des Affyriens. D'autres disent, ce qui est très vraisemblable, qu'il fut composé par David dans le temps que l'Arche fut transportée dans la ville de Jérusalem ; parce qu'il parait dans l'Écriture, que lorsqu'on La transférait d'un lieu en un autre on chantait le premier verset de ce Psaume. Mais selon le sentiment de la plupart des Interprètes, le sens qui parait avoir été le sens principal du Saint Esprit, regarde l'Incarnation du Fils de Dieu et son Ascension, la Conversion des Gentils, et la destruction de l'empire du Démon. Deux parties : la glorieuse description des Conquêtes de Jéhovah dans le passé (versets 2-19) ; les magnifiques perspectives d'avenir (versets 20-36). Dans la première partie, on voit davantage l'Action et l'Intervention de Dieu ; la seconde est plus subjective, et s'occupe surtout des impressions produites sur Israël et sur les Païens par cette Intervention. Les strophes, au nombre de neuf, sont très clairement accusées. Saint Paul, Eph. IV, 8, applique directement le verset 18 à l'Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ. La fin du Psaume 67 prédit avec une grande clarté la Conversion des Gentils au Vrai Dieu, par conséquent, la Catholicité de l'Église. Cette Ode triomphale pour célébrer les Victoires du Dieu d'Israël aux grandes allures, que l'on regarde comme l'un des plus beaux poèmes du Psautier, a donc aussi la gloire d'être Messianique. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LXVII est chanté à l’Office des Lectures du mardi de la troisième semaine (III).
« Sauvez-moi, ô Dieu, car les eaux sont entrées jusqu'à mon âme »
« Salvum me fac, Deus, quoniam intraverunt aquæ usque ad animam meam »
Le Psaume 68, selon le contentement de plusieurs Pères et des meilleurs Interprètes, a été composé par David, dans la vue de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de l'établissement de la Sainte Église Catholique et de la ruine des Juifs ; ce qui est le vrai sens littéral de ce Psaume, selon que les Saints Apôtres l’ont eux-mêmes expliqué en divers endroits. C'est pourquoi on ne croit point devoir s'arrêter au sentiment de Theodoret, qui l'a expliqué de la captivité de Babylone : quoi que l'on puisse aussi l'entendre fort bien des Justes qui sont affligés et persécutés, surtout pour la Piété, puisqu'ils sont les Membres de Jésus-Christ, et que la Voix du Chef est Celle des Membres. Cette Prière plaintive au sein d'une profonde détresse se divise en trois parties : horribles souffrances du héros du poème (versets 2-19) ; anathèmes contre les cruels ennemis qui les causent (versets 20-29) ; certitude d'une prochaine Délivrance et promesse d'Actions de Grâces (versets 30-37). Ce Psaume LXVIII est Messianique à un très haut degré, il prédit les Souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans sa Passion, et est le pendant, en même temps que le complément, du Psaume XXI ; aussi est-il, avec ce dernier, celui qui est le plus fréquemment cité dans le Nouveau Testament.
Ô Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-Vous de me secourir
Deus, in adjutorium meum intende ; Domine, ad adjuvandum me festina
Le sujet du Psaume 69 est le même que celui du Trente-Neuvième : la Prière d'un homme persécuté par de cruels ennemis, et se borne à reproduire, à peu près littéralement, la seconde moitié du Psaume XXXIX (versets 14-18). Le poète, placé dans une situation périlleuse et entouré d'ennemis qui en veulent à sa vie, conjure Dieu de le secourir. Il fait appel à la Vengeance Céleste contre les méchants, et à la Bonté Divine soit pour lui-même, soit pour les autres Justes. Deux strophes : Prière du psalmiste contre les ennemis qui l'attaquent sans pitié (versets 2-4) ; Prière en faveur des bons et pour lui-même (versets 5-6). Le deuxième verset du Psaume LXIX est chanté tous les jours en introduction des Offices du Jour de la Liturgie des Heures sous la forme d'une invocation avec répons de l'assemblée : V/. Deus, in adjutorium meum intende ; R/. Domine, ad adjuvandum me festina. Le Psaume 69, 2-4 est également chanté à l'Introït de la Sainte Messe du Douzième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Duodecima post Pentecosten)
« C'est en Vous, Seigneur, que j'espère ; que je ne sois pas à jamais confondu »
« In te, Domine, speravi ; non confundar in æternum »
Le titre ne se trouve point dans la langue originale. Il a été ajouté depuis pour nous marquer que David était l’auteur du Psaume 70, et que les enfants de Jonadab s'en sont servis dans la suite, durant la première captivité de Babylone qui arriva sous le règne de Joachim. C'est un sentiment universel que David le composa dans le temps de la guerre d'Absalom. Cette Prière pour obtenir du Secours contre des persécuteurs iniques se divise en deux parties : la prière et les motifs sur lesquels elle s'appuie (versets 1b-13) ; sentiments de vive confiance et promesses de louanges (versets 14-24). Dans ce Psaume LXX, Saint Augustin nous oblige d'y considérer principalement la nécessité de la Grâce de Dieu sans Laquelle nous ne sommes rien et ne pouvons rien, et qui est Seule capable de nous délivrer de la servitude du Démon, comme David reconnait qu'il ne pouvait espérer sa délivrance que de Dieu Seul.
« Ô Dieu, donnez au roi votre jugement, et votre justice au fils du roi ; pour qu'il juge votre peuple avec justice, et vos pauvres selon l'équité »
« Deus, judicium tuum regi da, et justitiam tuam filio regis ; judicare populum tuum in justitia, et pauperes tuos in judicio »
David composa le Psaume 71 tout à la fin de sa vie, après avoir établi Salomon son fils sur le trône d'Israël. L'on croit que c'est le dernier de tous ceux qu'il a composés, quoi qu'il ne soit pas ainsi placé dans le Psautier ; les paroles qui sont à la fin en faisant juger ainsi. Cette Prière pour son fils Salomon au moment où il allait lui laisser le trône se décompose en cinq strophes inégales : la Justice du Roi-Messie (versets 2-4) ; l'éternelle durée et la prospérité de son Règne (versets 5-7) ; Sa domination sur la terre entière (versets 8-11) ; Sa conduite à l'égard des petits et des pauvres (versets 12-15) ; Richesse et Gloire du Règne Messianique (versets 16-17). Les versets 18-19 ne font point partie du cantique ; ils forment la Doxologie qui termine le second livre du Psautier. Le verset 20 est une conclusion plus générale encore. David a dessein dans ce Psaume de donner au Prince son fils ses dernières instructions ; ou plutôt de demander au Seigneur pour lui une conduite pleine d'équité et de sagesse. Mais comme si l'Esprit de Dieu lui avait fait voir que ce règne sage et équitable de Salomon ne durerait longtemps, il passe tout d'un coup à ce qui regardant le Règne du vrai Salomon qui est Jésus-Christ, dont cet autre n'a été qu'une figure très imparfaite. Le psalmiste s'élève en effet bien au-dessus de ce prince et de ses gloires, et il prophétise de la façon la plus évidente le Règne du Messie. C'est l'opinion unanime de l'ancienne Synagogue et de l'Église Chrétienne. Nous croyons même, avec Théodoret et cent autres Interprètes de marque, que le Psaume LXXI ne concerne nullement Salomon, mais le Christ dans un sens immédiat et exclusif. Comment appliquer à un autre Roi que le Messie les versets 5, 7-8, 10, 16-17, qui contiennent plusieurs des idées principales du poème ? Le psalmiste trace donc ici à grands traits l'Histoire du Christ, Sa venue sur la terre, l'exercice de Sa souveraineté dans le monde, la diffusion de l'Évangile, la durée de l'Église et le rayonnement de la Grâce au milieu des hommes jusqu'à la fin de ce monde visible. La Sainte Église Catholique chante ce Psaume LXXI à un grand nombre de ses Solennités : à Noël au Deuxième Nocturne des Matines ; à l’Épiphanie aux Matines et au Deuxième Nocturne ; au Jeudi-Saint ; à la Fête du Christ-Roi et à la Fête de la Sainte Trinité : à cause de la mention du Père et du Fils au 1er verset et de la Doxologie des versets 18 et 19.
« Que Dieu est Bon pour Israël, pour ceux qui ont le cœur droit ! »
« Quam bonus Israel Deus, his qui recto sunt corde ! »
Soit que ce Psaume 72 ait été composé par Asaph ou par David, soit que le Prophète qui l'a composé ait eu en vue le temps de la captivité de Babylone où les serviteurs de Dieu étaient dans l'oppression, pendant que les idolâtres et les impies jouissaient de l'effet de leurs désirs ; il est certain que l'auteur y a dessein d'affermir les Justes contre le scandale que leur cause assez ordinairement la prospérité des méchants qui les persécutent. Nous retrouvons donc dans ce Psaume LXXII le grand problème de ne pas envier la fausse prospérité des méchants déjà traité aux Psaumes XXXVI « Le Sort du Juste et de l'Impie » et XLVIII « La Vie Future du Juste et de l'Impie » : comment concilier le bonheur des méchants avec la Justice et la Bonté de Dieu ? Asaph, en se proposant à son tour de justifier la Providence, envisage le problème d'une manière plus subjective ; il décrit ses propres sentiments et ses erreurs d'autrefois sur le point en question. Sa réponse n'est pas moins complète que celle du Psaume XLVIII sous le rapport de la Grande Consolation qu'apporte au Juste, parmi les épreuves de cette vie, la perspective de la Bienheureuse Éternité. Sa conclusion est même plus Sainte et plus suave encore, parce qu'il se plonge davantage dans le Divin Amour, qui l'aide à tout supporter joyeusement. Deux parties égales : la difficulté ou le bonheur dont jouissent ici-bas les Impies (versets 1-14) ; la solution ou l'explication de ce bonheur et Consolation pour les Justes (versets 15-28). Le Psaume LXXII, 24 et 1-3 est chanté par la Sainte Église Catholique au Graduel de la Messe du Dimanche des Rameaux.
Pourquoi, ô Dieu, nous avez-Vous rejetés pour toujours ? Pourquoi Votre fureur s'est-elle allumée contre les brebis de Votre pâturage ?
Ut quid, Deus, repulisti in finem ? Iratus est furor tuus super oves pascuæ tuæ ?
Comme tous les Interprètes ne s'accordent point touchant le temps de cette grande désolation arrivée à Jérusalem dont il est parlé dans ce Psaume 73, et qu'on ne saurait absolument le déterminer, nous nous sommes arrêtés au sentiment du Cardinal Bellarmin qui a cru que ce qui est dit ici convient mieux au temps de la persécution d'Antiochus, dont il est parlé dans l'histoire des Machabées, qu'à tout autre. Cette Prière à Dieu au temps d'une grande calamité nationale nous enseigne comment l'on doit se tourner vers Dieu dans la souffrance. Après une courte introduction (versets 1b-2), dans laquelle il fait appel à la Pitié Divine, le psalmiste décrit les malheurs qui ont récemment fondu sur Israël, et surtout la ruine du Temple et du Culte Divin (versets 3-9). Il rappelle ensuite à Dieu les Miracles éclatants par lesquels Il avait autrefois établi et protégé la nation Sainte (versets 10-17), et il termine en Le conjurant de sauver et de venger son pauvre peuple, si éprouvé et si humilié (versets 18-23). Le Temple de Jérusalem ravagé, pillé, détruit par une armée infidèle est l’image de la Sainte humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ humiliée, brisée, meurtrie, mise à mort par le peuple déicide ; notre Seigneur Lui-même justifie ce rapprochement, quand Il dit aux Juifs : « Détruisez ce Temple ». Or Il disait cela du Temple de son Corps (Jean II. 19-21). L’Antienne que la Sainte Église Catholique a prise de ce Psaume LXXIII au Jeudi-Saint au Deuxième Nocturne, nous fait voir que la cause du second Temple était comme la cause du Troisième, Celle de Dieu même. Le Troisième Temple c’est la Sainte humanité du Messie. Ce Psaume 73 est également chanté à l’Introït et au Graduel du Treizième Dimanche après la Pentecôte
« Nous Vous louerons, ô Dieu, nous Vous louerons, et nous invoquerons votre Nom ; nous raconterons Vos merveilles »
« Confitebimur tibi, Deus, confitebimur, et invocabimus nomen tuum ; narrabimus mirabilia tua »
On ne peut point assurer en quel temps ce Psaume 74 a été composé par Asaph. C'est une espèce de dialogue, où tantôt les Justes, tantôt le Prophète, et tantôt Dieu parle Lui-même. L'orgueil des hommes y est abaissé par la crainte des rigueurs du Dernier Jugement. Selon Théodoret, cette Menace des Jugements Divins contre les impies fut composé à une époque où le peuple de Dieu venait d'être menacé par des ennemis impies et puissants (versets 5-6) et de l'heureux instant où le Saint roi Ézéchias, après des jours d'angoisse terrible et de péril extrême, fut tout à coup rassuré par le Prophète Isaïe contre les orgueilleuses menaces de Sennachérib (Is. XXXVII, 33 et ss). D'abord un court prélude (verset 2) dans lequel la nation entière offre à Dieu des louanges dignes de ses Bienfaits. Le Seigneur Lui-même prend ensuite la Parole (versets 3-4), et annonce majestueusement qu'Il va venir au secours de son peuple. Le poète, se présentant à son tour, menace très vivement les ennemis d'Israël, et leur prédit la proximité des Jugements Divins (versets 5-10). Enfin Dieu ajoute un dernier mot (verset 11) pour confirmer l'oracle du psalmiste. La Sainte Église Catholique chante ce Psaume LXXIV au Jeudi-Saint comme pour nous rappeler à la fois, et la Miséricorde de Dieu dans l’Œuvre de notre Rédemption et sa Justice formidable contre la ville infidèle et déicide. Nous trouvons également ce Psaume aux Fêtes des Saints Apôtres (Matines, Troisième Nocturne) et on leur applique ce passage du verset 4 : C’est moi qui ai affermi ses colonnes.
« Dieu s'est fait connaître en Judée ; son Nom est Grand dans Israël »
« Notus in Judæa Deus ; in Israel magnum nomen ejus »
Theodoret et beaucoup d'autres croient que le prophète qui a composé ce Psaume 75 a eu en vue la défaite miraculeuse des Assyriens qui arriva sous le règne d'Ezechias, lorsque cent quatre-vingt cinq mille hommes de l'armée de Sennacherib furent tués en une nuit par un Ange du Seigneur. Mais il parait, selon la remarque d'un Auteur, que le sujet d’action de Grâces après un grand triomphe de ce Psaume est encore d'une plus grande étendue, et qu'il regarde, non seulement la ville de Jérusalem délivrée de ces ennemis si redoutables qui la menaçaient avec insolence ; mais encore la Nouvelle Jérusalem qui est l'Église, sauvée à toute heure de Ses ennemis visibles et invisibles, par la main de l'Ange du Grand Conseil qui est Jésus-Christ. Il est étroitement uni au précédent, qui avait été composé, ce semble, avant le Jugement Divin dont nous voyons ici la Consommation. En d'autres termes, le Psaume LXXIV nous annonçait la délivrance de Juda menacé par Sennachérib, le Psaume LXXV nous la montre accomplie et en remercie le Seigneur. Sa division est très régulière avec quatre strophes de trois vers chacune, dont la première et la troisième sont marquées par le sélah hébreux : thème et introduction (versets 2-4) ; comment le Seigneur a renversé les ennemis d'Israël (versets 5-7) ; variation sur la même pensée (versets 8-10) ; invitation à remercier Dieu (versets 11-13). Dans trois circonstances Solennelles, la Sainte Église chante ce Psaume 75 à la Gloire de notre Divin Sauveur : le Jeudi-Saint au Troisième Nocturne l’Antienne prise du verset 9 rappelle le tremblement de terre qui eut lieu à la Mort de Notre-Seigneur ; le Samedi-Saint au Troisième Nocturne l’Antienne prise du verset 3 rappelle la Sépulture du Glorieux Triomphateur de la mort ; à la Transfiguration du Seigneur au Deuxième Nocturne le verset 5 est une belle expression du Mystère
« De ma voix j'ai crié vers le Seigneur ; de ma voix j'ai crié vers Dieu, et Il m'a entendu »
« Voce mea ad Dominum clamavi ; voce mea ad Deum, et intendit mihi »
Il n'y a rien de certain touchant le temps auquel ce Psaume 76 se doit rapporter. Nous nous arrêtons au sentiment des auteurs qui ont crû que le Prophète y a en vue la délivrance de la captivité de Babylone. On peut l'appliquer en général, comme a fait Saint Augustin, aux Justes et aux Parfaits, qui soupirant vers le Ciel souffrent avec peine l'exil de la vie présente. Dans cette Prière d'un affligé qui s'excite à l'espérance par la contemplation des Bienfaits éclatants du Seigneur, le psalmiste implore la Bonté de Dieu, au milieu d'une calamité nationale qui semblait menacer l'existence même des Israélites. D'abord, versets 2 et suivants, il désespère presque d'obtenir du secours ; puis tout à coup, versets 11 et suivants, divinement éclairé et consolé, il s'abandonne au sentiment d'une joyeuse confiance, se souvenant des Prodiges éclatants par lesquels le Seigneur avait autrefois sauvé Son peuple malheureux, spécialement à l'époque de la sortie d'Égypte. Ce que Dieu a fait autrefois, ne peut-Il pas le faire encore ? Ce Psaume LXXVI se divise en deux parties : profonde douleur du poète à la vue des malheurs de son peuple (versets 2-10) ; sentiment d'une très vive confiance au souvenir des antiques Merveilles opérées par Jéhovah pour délivrer Israël (versets 11-21). Six strophes, trois dans chaque partie : versets 2-4, 5-7, 8-10, 11-13, 14-16, 17-21 ; la première, la troisième et la cinquième sont marquées par le sélah hébreux. La Sainte Église Catholique chante le verset 19 pour l’Antienne qui rappelle la Manifestation de la Gloire de Dieu sur le Mont Sinaï à l’Introït de la Fête de la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ et les versets 15 et 16 au Graduel du Dimanche de la Quinquagésime (Dominica in Quinquagesima) pour nous rappeler que Dieu a prouvé son Amour, notre Force et notre Protection, pour son Peuple par ses « Merveilles ».
« Mon peuple, écoutez ma Loi ; prêtez l'oreille aux Paroles de ma bouche »
« Attendite, popule meus, legem meam ; inclinate aurem vestram in verba oris mei »
Saint Jérôme et quelques autres Interprètes nous font remarquer après Saint Matthieu et Saint Paul, que sous le sens historique, qui parait dans tout ce Psaume 77, est renfermé un sens spirituel et beaucoup plus élevé : ce qui porte le Prophète à dire d'abord, qu'il parlera en paraboles et en énigmes ; c'est à dire qu'il se servira d'un langage figuré pour exprimer des choses cachées. Ce Psaume convient donc, selon le sens spirituel, à Jésus-Christ qui est né selon la chair, de la Tribu de Juda, de laquelle il est dit : Que Dieu a choisi Juda et non Ephraïm ; ce qui marquait prophétiquement, que Celui qui devait naître de la race de David et par conséquent de cette tribu de Juda, établirait un Nouveau Royaume qui mettrait fin au royaume d'Israël figuré par Ephraïm. C'est pourquoi le titre de ce même Psaume porte : Instruction d'Asaph, à qui peut-être on l'avait donné pour le chanter, avait besoin d'intelligence pour pénétrer ces Mystères. Le Psaume LXXVII est le plus long et peut-être le plus ancien des Psaumes historiques où nous avons ici un très beau résumé de l'histoire d'Israël, depuis la sortie d'Égypte jusqu'à l'établissement de la royauté de David sur toute la nation. Le poète raconte cette histoire à ses concitoyens dans un but tout moral, pour qu'ils y puisent des leçons d'obéissance et de fidélité au Seigneur. Il insiste donc, d'une part, sur les Bienfaits de Jéhovah ; de l'autre, sur les crimes sans nombre des Hébreux, et sur les châtiments que l'ingrate nation s'attira par sa conduite perverse. L'avertissement donné sous cette forme était clair et saisissant. Il est remarquable aussi que le psalmiste met très particulièrement en relief les fautes de la tribu d'Éphraïm (versets 9-11, 67-72), à laquelle Dieu, en choisissant naguère David pour roi d'Israël, avait préféré celle de Juda, conformément aux antiques promesses. Asaph se proposait donc évidemment, comme but secondaire, de montrer à son peuple que les superbes Ephraïmites, si puissants au temps des Juges, avaient été très légitimement rejetés à l'arrière-plan, et que l'on ne devait désormais demander des ordres qu'au jeune élu de Jéhovah. D'abord un long exorde (versets 1-8) dans lequel le psalmiste réclame l'attention et la réflexion de ceux auxquels il s'adresse. Ensuite deux parties : Esquisse de l'histoire des Hébreux depuis la sortie d'Égypte jusqu'à la fin de leur voyage à travers le désert (versets 9-53) ; Suite de cette histoire depuis la conquête de Chanaan jusqu'aux premières années du règne de David (versets 54-72). L'ordre chronologique des graves enseignements de l'histoire pour le peuple hébreu n'est pas toujours strictement suivi pour l'arrangement des faits, surtout dans la première partie. Dans la nouvelle liturgie de Vatican II, le Psaume 77 est chanté le Dix-huitième Dimanche du Temps Ordinaire de l’année B.
« Ô Dieu, les nations sont venues dans Votre héritage ; elles ont souillé votre Saint Temple ; elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits »
« Deus, venerunt gentes in hereditatem tuam ; polluerunt templum sanctum tuum ; posuerunt Jerusalem in pomorum custodiam »
Les Interprètes ne conviennent point ensemble du temps auquel se doit rapporter ce qui est dit dans ce Psaume 78. Les uns croient qu'il y est parlé de cette horrible persécution que les Juifs souffrirent sous Antiochus et ses successeurs, selon même qu'il est cité dans l'histoire du Premier Livre des Machabées VII, 16-17 qui cite les versets 2-3 de notre Psaume comme une prophétie réalisée par Antiochus, ce qui suppose qu'ils dataient d'une époque plus ancienne pour marquer que ce qui y avait été prédit était alors accompli. De plus Jérémie X, 25 semble reproduire le verset 6 qui existait par conséquent de son temps. D'autres soutiennent, que c'est plutôt de la ruine de Jérusalem causée par Nabuchodonosor qu'il est parlé. Quoi qu'il en soit, ce qui y est dit peut être fort bien appliqué en général à la Sainte Église persécutée et aux Justes affligés. Les plus grands malheurs ont éclaté sur la nation théocratique : le Temple a été profané, la Ville Sainte prise et saccagée, de nombreux Israélites ont été mis à mort, ce qui reste du Peuple de Dieu est humilié, réduit à l'impuissance (versets 1b-4). Après avoir décrit ces calamités affreuses, le poète passe à la Prière, et conjure Jéhovah d'avoir pitié de ses serviteurs, de leur pardonner leurs crimes et de daigner les relever, non sans châtier en même temps leurs cruels ennemis (versets 5-13). Cette Plainte et Prière au sujet de la ruine de Jérusalem et du Temple se divise en deux parties inégales : la Plainte (versets 1b-4) ; la Prière (versets 5-13) et quatre strophes (versets 1b-4, 5-7, 8-10, 11-13). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LXXVIII est chanté à l’Office du Milieu du Jour le jeudi de la troisième semaine (III).
« Vous qui conduisez Israël, prêtez l'oreille ; Vous qui menez Joseph comme une brebis. Vous qui êtes assis sur les chérubins, manifestez-Vous »
« Qui regis Israel, intende ; qui deducis velut ovem Joseph. Qui sedes super cherubim, manifestare »
Ce Psaume 79, qui a été intitulé : Témoignage d'Asaph, à cause qu'Asaph y atteste une grande Vérité qui regardait l'avenir ; est une prière que le prophète met dans la bouche des Israélites qui devaient être enlevés à Babylone sous le règne de Nabuchodonosor, et dans laquelle il leur apprend comment ils devaient alors se rendre Dieu favorable et toucher sa Miséricorde en leur faveur. Mais il est en même temps une Prophétie du Salut que Jésus-Christ devait apporter à tous les hommes, en les délivrant de la servitude du Démon figurée par cette captivité de Babylone. Cette Prière pour la Vigne Mystique de Jéhovah, ravagée et dévastée, est une Prière pressante et délicate, adressée au Seigneur dans un temps de grande angoisse, en faveur de l'État théocratique, qui était en péril de succomber sous les coups d'un ennemi terrible. Le peuple de Dieu est représenté sous les traits d'une vigne que Jéhovah Lui-même avait plantée dans la Palestine, et qui s'était magnifiquement développée sur ce sol fertile, mais qui était alors ravagée par les bêtes fauves, et sur le point de périr entièrement. Le poète conjure Dieu de la rétablir dans son état de luxuriante vigueur. Plusieurs tribus sont citées dans les premiers versets, mais uniquement des tribus issues du patriarche Joseph, et qui appartenaient en tout ou en partie au royaume schismatique du nord : c'est donc à l'intention spéciale de ce royaume, comme l'admettent la plupart des commentateurs, que le Psaume LXXIX doit avoir été composé. Cinq strophes égales (versets 2-4, 5-6, 7-12, 13-16, 17-20) dont la première, la seconde et la cinquième se terminent par un refrain qui s'agrandit à chaque fois, au moyen d'une épithète ajoutée au Nom de Dieu : « Dieu » (verset 4) ; puis « Dieu des Armées » (verset 8) ; enfin « Seigneur, Dieu des Armées » (verset 20). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 79 est chanté aux Laudes du jeudi de la deuxième semaine (II) et à l’Office du Milieu du Jour le jeudi de la troisième semaine (III). Dans la Sainte Liturgie Catholique des Messes Dominicales et des Fêtes, le Psaume 79 est chanté à l’Introït du Samedi des Quatre-Temps de l’Avent lorsque tout le désir de l'Église peut se résumer dans ce verset : voir le Visage de notre Dieu ; puis de nouveau à l’Introït du Deuxième Dimanche de l’Avent comme le « Psaume des Apparitions » que l’Église répète très souvent durant le cycle de Noël, parce qu’il exprime le désir suprême des Patriarches et des Justes implorant la « Puissance du Très-Haut » pour qu’Elle vienne racheter l’humanité et dissipe l’empire de Satan, le fort armé qui garde jalousement sa proie ; et enfin au Graduel et à l'Alléluia du Troisième Dimanche de l’Avent car Celui qui délivra Israël de sa captivité en Égypte peut encore manifester sa Puissance en nous libérant de la captivité du péché et de tout ce qui nous empêche de vivre dans la Joie.
« Tressaillez d'allégresse en Dieu notre Protecteur ; chantez avec transport en l'Honneur du Dieu de Jacob »
« Exultate Deo adjutori nostro ; jubilate Deo Jacob »
Comme les premiers jours de chaque mois, et surtout du mois de Septembre, étaient destinés à renouveler la mémoire de l'Alliance que Dieu avait faite avec son Peuple par la Loi Sainte qu'Il lui donna après qu'Il l'eut fait sortir d'Egypte, le Prophète qui a composé ce Psaume 80, soit que ce soit le Roi David qui le donna à chanter à Asaph, ou que ce soit Asaph même qui l'ait composé, y exhorte tout le peuple à célébrer ces sortes de Fêtes avec toute la reconnaissance, toute la joie, et tout le respect qu'ils devaient à Dieu ; afin que le souvenir du sujet même pour lequel ils les célébraient, les enflammât d'une nouvelle ardeur pour l'exacte observation de la Loi de Dieu. Les Israélites sont invités à célébrer avec zèle une grande Solennité Religieuse, et à se montrer généralement fidèles au Culte unique du Très-Haut. Ce Psaume 80 a pour thème et pour but d'exhorter les Hébreux à célébrer Saintement, et avec un vif enthousiasme, une des Fêtes les plus Solennelles du culte théocratique ; de les exciter à demeurer toujours fidèles au Seigneur, qui les a comblés de tant de Grâces, et qui est tout désireux de les Bénir à jamais. Les commentateurs n'ont pas réussi à se mettre d'accord au sujet de la Fête en question, et c'est là, en réalité, un petit problème exégétique moralement insoluble. La Tradition Juive, et cet argument a bien son poids en pareille matière, a toujours été pour la Fête dite des Trompettes, qu'on célébrait le premier jour du septième mois (Lev. XXIII, 24 ; Num. XXIX, 1-6). Divers interprètes ont adopté celle des Tabernacles, qui avait lieu quinze jours plus tard (Lev. XXIII, 33). De nombreux exégètes contemporains donnent leurs préférences à la Pâque. Division du poème : un prélude lyrique dans lequel le poète adresse à ses frères sa pressante invitation relative à la Fête (versets 2-6) ; le corps du Psaume, au genre épique, où Jéhovah Lui-même excite les Hébreux à n'avoir pas d'autre Dieu que Lui (versets 7-17) ; et cinq strophes (versets 2-4, 5-6, 7-8, 9-13, 14-17). Dans la Sainte Église Catholique le Psaume LXXX se chante à l’Introït de la Fête-Dieu aux Matines et au Troisième Nocturne. Le très pur froment désigne ici Celui que nous avons vu nommé dans le Psaume 66, verset 6 : le « Fruit de la terre ». On reconnaît le grand Mystère de sa Chair sous la figure du pain, l’Eucharistie.
« Dieu s'est tenu dans l'Assemblée des dieux ; au milieu d'eux Il Juge les dieux »
« Deus stetit in synagoga deorum ; in medio autem deos dijudicat »
Le sujet de ce Psaume 81 est une exhortation que fait le Prophète à tous les Juges, en représentant Dieu même comme le Souverain Juge au milieu d'eux, où Il les reprend de leurs injustices, leur ordonne de juger dans l'équité et les menace du Grand Jour auquel ils seront Jugés eux-mêmes. Le Jugement de Dieu contre les juges iniques est un bien beau poème, au langage grave, vigoureux, solennel, où nous entendons Dieu Lui-même adresser, en tant que Souverain Juge, de sévères réprimandes aux magistrats iniques d'Israël, leur rappeler les devoirs sacrés qu'ils violaient sans pudeur, et les menacer de terribles représailles. Notre Seigneur Jésus-Christ a cité le verset 6 pour démontrer aux Juifs qu'il avait le droit de se nommer « Fils de Dieu » (Jean X, 34-36) et ce même verset a inspiré le film « Des hommes et des dieux » qui raconte la vie des Moines de Thibirine. La division de ce Psaume est remarquable : Prélude ou mise en scène (verset 1) ; Discours du Seigneur (versets 2-7) en deux parties (versets 2-4 et 5-7) ; Conclusion (verset 8). Les Paroles Divines sont donc encadrées entre deux réflexions du psalmiste. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume LXXXI est chanté à l’Office du Milieu du Jour le lundi de la quatrième semaine (IV).
« Ô Dieu, qui sera semblable à Vous ? Ne Vous taisez pas et ne Vous reposez pas, ô Dieu »
« Deus, quis similis erit tibi ? Ne taceas, neque compescaris, Deus »
Il y a plusieurs sentiments touchant le temps auquel ce Psaume 82 se doit rapporter. Mais sans condamner les autres, nous nous attachons à celui qui l'explique de la guerre que les Moabites et les Ammonites joints aux Assyriens et à plusieurs autres Peuples vinrent faire à Josaphat Roi de Juda. Ce Prince effrayé par cette grande multitude d'ennemis qui l'attaquaient, n'eut recours alors qu'à Dieu par le Jeûne Général qu'il ordonna à tout son peuple, et par cette excellente Prière qui est rapportée dans l'Écriture. Elle lui fit mériter qu'un Prophète des enfants d'Asaph lui déclarât de la part de Dieu : Que ce grand nombre d'ennemis ne devait point l'étonner, parce que Dieu même combattait pour lui. Et en effet tous ces peuples tournant leurs armes les uns contre les autres, se défirent et se tuèrent mutuellement. Ce Psaume pour que Dieu délivre les Israélites de plusieurs nations païennes coalisées contre eux se divise en deux parties, séparées par un sélah hébreux : la Plainte ou description dramatique du péril (versets 2-9) ; la Prière ou anathèmes contre les ennemis (versets 10-19). Ce Psaume LXXXII est très propre pour nous inspirer la Confiance en Dieu au milieu des plus grands périls et de tous nos ennemis. On ne peut douter aussi, que, selon le sens du Saint Esprit, on ne doive y envisager principalement l'Église attaquée de toutes parts, et triomphante de ses propres persécuteurs. D’ailleurs, la Sainte Église Catholique chante les versets 19 puis 14 au Graduel du Dimanche de la Sexagésime (Dominica in Sexagesima) car avec Noé, nous constatons encore les ravages des vices et du péché en nous et autour de nous : demandons qu'un nouveau Déluge vienne, mais cette fois de Grâce et de Miséricorde.
« Que vos Tabernacles sont aimables, Seigneur des Armées ! »
« Quam dilecta tabernacula tua, Domine virtutum ! »
Le sujet de ce Psaume 83 paraît le même que celui du Psaume 41, où l'on voit David dans un grand désir de revoir le Tabernacle du Seigneur, lorsque les persécutions qu'il souffrait L'en éloignaient ; ou plutôt dans une grande ardeur qui le faisait soupirer vers le Ciel durant l'exil de cette vie ; ce qui semble avoir été le sens principal du Saint Esprit, selon l'application qu'en fait à présent la Sainte Église Catholique. Brûlante effusion d'amour pour les Sacrés Parvis, ce Psaume est un long et ardent soupir vers la Maison de Dieu, et il chante, non sans un accent de mélancolie plaintive, le bonheur de ceux qui habitent auprès du Sanctuaire. On lui a en effet trouvé depuis longtemps, et à bon droit, de frappants rapports de ressemblance avec le Psaume XLI. Ils sont l'un et l'autre l'expression intime d'un amour très vif pour les Sacrés Parvis. Composés l'un et l'autre parmi de rudes épreuves, et loin du Tabernacle (versets 7-8), ils contiennent le désir et l'espoir d'un prompt retour du poète à Sion, avec des félicitations adressées aux hommes privilégiés qui habitent sans cesse auprès de Dieu. Enfin ils ont l'un et l'autre un fils de Coré pour auteur. Il est donc probable qu'ils auront été composés à la même occasion, c'est-à-dire au moment de la révolte d'Absalom, lorsque David, avec une poignée de serviteurs fidèles, dut aller chercher un abri de l'autre côté du Jourdain. Le psalmiste faisait partie de la suite du roi, et partageait toutes ses souffrances. Trois strophes, dont les deux premières sont marquées par le sélah hébreu : ardents soupirs vers le Sanctuaire et bonheur de ceux qui L'habitent (versets 2-5) ; prospérité de ceux qui ont confiance en Dieu (versets 6-9) ; supplication pressante et nouvelles félicitations pour ceux qui espèrent au Seigneur (versets 10-13). Ne respirant que l’amour de la Maison de Dieu, ce Psaume LXXXIII est chanté à l’Office de la Dédicace d’une Église ou d’une Cathédrale. Il reçoit aussi une très riche application à la Fête-Dieu au Troisième Nocturne et à la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ au Deuxième Nocturne.
« Vous avez Béni, Seigneur, Votre terre ; Vous avez délivré Jacob de la captivité »
« Benedixisti, Domine, terram tuam ; avertisti captivitatem Jacob »
Ce Psaume 84 peut-être une double prédiction et du retour de la captivité de Babylone, et de la Rédemption Générale de tous les hommes qu'elle figurait, et qui devait être le fruit de l'Incarnation du Verbe. Dieu a accordé naguère aux Israélites une très grande Faveur, en mettant fin à de pénibles souffrances qu'ils enduraient. Néanmoins leurs maux n'ont pas entièrement cessé ; aussi conjurent-ils le Seigneur de compléter sa Grâce, et de rétablir sa chère nation dans sa prospérité première. Le poète voit, par une anticipation prophétique, sa prière miséricordieusement exaucée. Le sentiment commun des exégètes est que ce Psaume a été composé quelque temps après la fin de la captivité de Babylone. L'édit de Cyrus avait permis aux Juifs exilés de rentrer en Palestine, et ils avaient profité par milliers de cette autorisation impatiemment attendue, qui était un immense bienfait du Ciel ; mais il y avait encore beaucoup à faire pour la restauration de l'État théocratique, et c'est pour hâter son heureux achèvement que le pieux descendant de Coré adressa au Seigneur cette belle et fervente Prière pour obtenir le complet rétablissement d'Israël, au nom de tout le peuple. Trois parties : une Action de Grâces pour les Faveurs déjà reçues (versets 2-4) ; une Prière pour demander le complet rétablissement de la nation (versets 5-8) ; une description prophétique de la future prospérité d'Israël (versets 9-14). La Sainte Église Catholique chante le verset 2 du Psaume LXXXIV à l’Introït « Gaudete in Domino semper » du Troisième Dimanche de l’Avent ; au Graduel et à l’Offertoire du Vendredi des Quatre-Temps de l’Avent ; à l’Alléluia et à la Communion du Premier Dimanche de l’Avent et à l’Offertoire du Deuxième Dimanche de l’Avent.
« Penchez, Seigneur, Votre oreille, et exaucez-moi, car je suis indigent et pauvre »
« Inclina, Domine, aurem tuam, et exaudi me, quoniam inops et pauper sum ego »
Il paraît par toute la suite de ce Psaume 85 que David était pressé par quelque grande affliction comme pouvait être la persécution de Saül ou pendant la révolte d'Absalom, lorsqu'il composa ce Psaume, qui ne contient autre chose, selon que le porte le titre même, qu'une Prière très ardente qu'il fait à Dieu, afin qu'Il daigne l'écouter dans sa misère, et l'assister. C'est pourquoi ce Psaume est très propre pour nous soutenir dans les grandes tentations, où l'exemple et les paroles de ce Saint homme peuvent nous servir beaucoup pour nous exciter à n'avoir recours en ces rencontres qu'à Dieu Seul. On voit aussi dans ce Psaume une prophétie très claire touchant la conversion générale des Gentils. Le Saint roi est plongé dans de vives angoisses ; il court même un grand danger pour sa vie, tant ses injustes et cruels ennemis le haïssent. Mais il a confiance en Dieu, dont il implore ardemment le Secours. David ayant eu à exprimer à diverses reprises dans ses Psaumes ces mêmes sentiments de douleur, de crainte et d'espérance, il n'est pas étonnant qu'il le fasse ici en employant plusieurs formules dont il s'était déjà servi ailleurs. La division de cette demande de secours dans un grave péril n'est pas très nettement marquée. On peut cependant admettre l'arrangement qui suit : pressant appel à la Bonté de Dieu (versets 1-7) ; appel à son infinie Puissance (versets 8-10) ; promesses d'Actions de Grâces (versets 11-13) ; plainte contre des ennemis injustes et nouvel appel à la Divine Bonté (versets 14-17). Le Nom Sacré Adonai est employé sept fois dans le texte hébreu et il est probable que cette circonstance a été intentionnelle de la part du chantre sacré. La Sainte Église Catholique chante les versets 1-4 du Psaume LXXXV à l’Introït « Inclína, Dómine, aurem tuam ad me » du Quinzième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Quinta post Pentecosten) ; les versets 1.3-5 à l’Introït « Miserere mihi, Domine » du Seizième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Sexta post Pentecosten) et les versets 12.5 à l'Offertoire et 9-10 à la Communion de la Fête du Très Saint Nom de Jésus (Sanctissimi Nominis Iesu)
« Ses fondements sont sur les Saintes Montagnes »
« Fundamenta ejus in montibus sanctis »
Ce Psaume 86 peut bien avoir été composé par David, comme le croit un Interprète, lorsque l'Arche du Seigneur eût été transportée et placée dans Jérusalem sur la montagne de Sion. Il chante les Gloires passées et futures de Jérusalem, Cité chérie de Dieu et centre du monde entier, prophétisant à la Ville Sainte, tant aimée et favorisée de Jéhovah, que tous les peuples du monde auront un jour droit de cité chez Elle, c'est-à-dire qu'ils se convertiront au Vrai Dieu. Il est donc Messianique, puisque cette Conversion ne devait avoir lieu que par le Christ et son Église et il n’y a qu’une Église du Christ : une partie de cette Église se réjouit déjà dans la Gloire tandis qu’une autre combat sur la terre. Tous les fidèles, soit qu’ils viennent de la loi judaïque ou de la gentilité, habitent en cette Jérusalem Spirituelle comme les Élus y habitent encore dans le Ciel. La Sainte Église applique ce Psaume LXXXVI selon les quatre significations que figure Jérusalem, la Cité Sainte : aux églises à l’Office de la Dédicace au Deuxième Nocturne ; à l’Église entière pour la Fête de l’Épiphanie au Troisième Nocturne ; à la Très Sainte Vierge Marie au Petit Office et Deuxième Nocturne ; à la Demeure des Bienheureux, Fête de la Transfiguration, Deuxième Nocturne. Dans la Liturgie de la Tradition Catholique, l'Église l'applique d'une manière mystique à Marie, Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de toute l'humanité régénérée.
« Seigneur, Dieu de mon Salut, le jour et la nuit, j'ai crié devant Vous »
« Domine, Deus salutis meæ, in die clamavi et nocte coram te »
Soit qu'Eman, dont il est parlé dans le titre, ait été l'auteur de ce Psaume 87, ou plutôt que David l’ait composé sous son nom, il parait que lorsqu'il le composa, il était pressé d'une très grande affliction. Le Saint Esprit nous a tracé en la personne de celui qui l'a composé une excellente figure des Souffrances et de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ : ce qui peut nous être marqué par l'intelligence, dont il est parlé dans le titre, comme nous étant nécessaire pour pénétrer les Mystères cachés sous la lettre. Cette Prière d'un Juste grièvement affligé est une élégie d'une tristesse poignante, où nous voyons un Juste, horriblement affligé de corps et d'âme, délaissé des hommes et de Dieu même, cherchant toutefois sa consolation dans la prière et invoquant avec foi le Secours du Seigneur. Le suppliant a expérimenté toutes les douleurs ; il les décrit dans un langage presque constamment lugubre, sans manifester ses sentiments d'espérance, comme cela a lieu d'ordinaire dans les autres élégies. Ses plaintes ont beaucoup d'analogie avec celles de Job. Aussi a-t-on dit que ce poème est « le plus sombre du Psautier ». Dans la Liturgie de la Sainte Église Catholique, ce Psaume LXXXVII est appliqué à Notre Seigneur Jésus-Christ le Vendredi-Saint au Troisième Nocturne : l’Antienne nous montre Jésus-Christ abandonné des Siens et prisonnier des Juifs ; le Samedi-Saint au Troisième Nocturne, l’Antienne rappelle la descente aux limbes ; et aussi à l’Église pour la Fête de la Dédicace : c’est une prière de l’Église souffrant ici-bas et aspirant à la Vision de Dieu dans l’Église du Ciel.
« Je chanterai éternellement les Miséricordes du Seigneur ; de génération en génération ma bouche annoncera votre Vérité »
« Misericordias Domini in æternum cantabo ; in generationem et generationem annuntiabo veritatem tuam in ore meo »
David peut avoir composé ce Psaume 88 comme plusieurs autres par un esprit de prophétie, y dressant pour les Juifs qui devaient un jour tomber sous la captivité de Babylone, une excellente Prière, où d'abord il représente les Promesses que Dieu avait faites touchant la stabilité de son règne ; ensuite l'étonnement où ils seraient en voyant tout le royaume d'Israël renversé par ses ennemis ; et enfin l'ardent désir qu'il avait que la Vérité de la Parole du Seigneur fût accomplie en la Personne du Messie. Cette Prière pour rappeler à Dieu les magnifiques Promesses qu'Il avait faites à David et qu'Il semblait avoir oubliées contient un admirable développement poétique du grand oracle par lequel Dieu avait promis la perpétuelle durée du trône de David (II Reg. VII). Toutefois le psalmiste ne se borne pas à rappeler à Jéhovah sa magnifique Promesse après l'avoir citée et brillamment commentée, il y ajoute une plainte désolée sur les dangers qui menaçaient ce trône autrefois si glorieux, et une prière ardente, pour obtenir son prochain raffermissement. Ce poème est évidemment Messianique, comme l'était la prédiction sur laquelle il s'appuie : c'est par Jésus-Christ Seul que le Règne de David sera Éternel (Luc I, 30-33). Trois parties : Éloge du Dieu Bon, Puissant et Fidèle qui tient admirablement toutes ses Promesses (versets 2-19) ; Oracle grandiose par lequel Jéhovah avait autrefois garanti la perpétuelle stabilité du trône de David (versets 20-38) ; Tableau émouvant des périls que courait le trône théocratique et ardent appel au Divin Secours (versets 39-52). L’Église chante ce Psaume LXXXVIII en mémoire des Mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ à la Fête de la Nativité (versets 12-15) ; à la Fête de la Transfiguration (versets 2-19) ; à la Fête du Christ-Roi des Nations (versets 27-28.30) et aussi le verset 25 à la Fête de Saint Joseph, Époux de la Bienheureuse Marie Vierge (Sancti Ioseph, Sponsi Beata Maria Virgo) le 19 mars.
« Seigneur, Vous avez été pour nous un Refuge de génération en génération »
« Domine, refugium factus es nobis a generatione in generationem »
Les Pères et les Interprètes sont fort partagés de sentiment touchant l'auteur véritable de ce Psaume 89 : Saint Jérôme croit que conformément au titre il doit être attribué à Moïse et son sentiment est celui de beaucoup d'autres qui en font le plus ancien de tous les Psaumes, composé vers la fin du long et pénible trajet des Hébreux à travers le désert de l'Arabie Pétrée, tandis que s'éteignaient peu à peu, sous les coups de la Colère Divine, toutes les générations qui étaient âgées de plus de vingt ans au moment où fut portée la terrible sentence de Cadèsbarné (Num. XIV, 20-35). Cette Prière sur l'homme passe et Dieu demeure, prononcée au nom du peuple hébreu courbé par la misère se divise en deux parties dont l'une contemple et décrit (versets 1b-12) tandis que l'autre implore (versets 13-17). Saint Augustin, Bellarmin, et quelques Auteurs ont cru au contraire, qu'il ne faut pas regarder Moïse comme étant lui-même l'auteur de ce Psaume LXXXIX mais qu'on a mis seulement le nom de ce grand serviteur de Dieu à la tête pour marquer qu'il devait être expliqué par rapport aux deux qualités qu'a eues ce Saint homme, de Ministre de l’Ancien Testament et de Prophète du Nouveau, et qu'ainsi en même temps que l'auteur représente les afflictions que souffrît le peuple Juif, peut-être durant la captivité de Babylone, selon que Moïse l'homme de Dieu en avait menacé ses pères, il faut y envisager les misères générales de tous les hommes dont ils devaient être délivrés par la Grâce du Sauveur, selon la Prédiction que Jésus-Christ même nous assure que Moïse en avait faite, lorsqu'Il déclare dans l'Évangile que c'était de Lui que Moïse avait parlé : « Celui dont il est écrit dans la Loi de Moïse et chez les Prophètes, nous L’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth » (Jean I, 45). La Sainte Liturgie de la Tradition Catholique cite le verset 17 à la Fête de Saint Joseph Artisan le 1er mai ; les versets 13.1 du Sixième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Sexta post Pentecosten) viennent raviver dans les cœurs l’humble et confiante Prière qui doit s’élever sans cesse de l’âme du Chrétien vers son Dieu ; et le verset de l'Allelúia du Treizième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Tertia post Pentecosten) nous rappelle que l'aide des hommes est inconstante et que Dieu Seul est toujours Fidèle
« Celui qui habite sous l'Assistance du Très-Haut demeurera sous la Protection du Dieu du Ciel »
« Qui habitat in adjutorio Altissimi, in protectione Dei cæli commorabitur »
Ce fut sans doute à la suite de la terrible peste qui décima Israël vers la fin du règne de David que fut composé ce Psaume 90 en forme de dialogue où l'homme Juste et le Seigneur parlent chacun à leur tour. Ce Psaume se partage entre deux voix humaines (versets 1-13) et une Voix Divine qui leur répond (versets 14-16 ) ; pas d'autre division que ce va et vient dialogué : le thème du cantique proposé alternativement par les deux voix humaines (versets 1b-2) ; le développement du thème par ces deux mêmes voix (versets 3-13) ; la Voix Divine confirme solennellement les admirables espérances exprimées par les voix humaines (versets 14-16). Suivant le Talmud, les Juifs récitaient ce Psaume toutes les fois qu'ils se trouvaient en danger ; ils le nommaient, pour ce motif, un « Psaume d'accidents ». Sécurité de l'homme qui met en Dieu toute sa confiance : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. VIII, 31), ce Psaume XC est pour nous le principal Psaume des Complies qui chante les Grâces de Protection et de Délivrance que trouvent, parmi toute sorte de dangers ou de nécessités, les âmes fidèles qui se confient pleinement en Dieu. Saint Bernard l'a fort bien commenté dans sept Homélies consécutives qui regardent la conduite des mœurs et son douzième Sermon nous dit que nous devons honorer nos Saints Anges Gardiens de trois manières : par le respect, par la dévotion et par la confiance. La Sainte Église Catholique applique également le Psaume 90 dés l’Introït : « Invocabit me et ego exáudiam eum » du Premier Dimanche du Carême (Dominica Prima in Quadragesima) ainsi qu’au Graduel (versets 11-12), au Trait (versets 1-7 et 11-16), à l’Offertoire et à la Communion (versets 4-5).
Il est bon de louer le Seigneur, et de chanter votre Nom, ô Très-Haut
Bonum est confiteri Domino, et psallere nomini tuo, Altissime
Quoi qu'on ne puisse assurer qui est l'auteur de ce Psaume 91, on croit néanmoins qu'il peut avoir été composé par David, après qu'il fut délivré de la guerre d'Absalom. Il y rend Grâces à Dieu, et après avoir admiré la profondeur de ses conseils dans ses ouvrages, il y compare la fausse félicité des méchants, avec le bonheur solide et éternel des hommes Justes. Cet hymne national de Louange à Dieu, qui protège les bons et châtie les méchants, contient un bel éloge de l'action de la Providence dans l'histoire, et montre comment le Seigneur punit les méchants et protège les bons, comment surtout Il a constamment Béni la nation qu'Il s'était choisie. Il célèbre donc la parfaite Équité de Dieu dans le gouvernement du monde. Il ressemble, sous ce rapport aux Psaumes XXXVI (36) et LXXII (72). Mais, ici, nous avons un Hymne d'Action de Grâces, tandis que, là, le sujet était traité d'une manière théorique et dogmatique. Ici le poète est calme, heureux même, et n'a qu'à admirer, tandis que, là, il était troublé, rendu perplexe par le problème délicat qu'il essayait de résoudre. Le bonheur des méchants n'est plus une tentation pour lui, parce qu'il se reporte davantage à la Fin des temps, alors que la Justice Divine se manifestera pleinement. Cinq strophes composent ce Psaume XCI assez bien délimitées par les changements de la pensée : (versets 2-4, 5-7, 8-10, 11-13, 14-16). La Sainte Église Catholique chante les versets 13-14.2 du Psaume 91 à l’Introït « Iustus ut palma florebit » de la Fête de Saint Joseph, Époux de la Bienheureuse Marie Vierge (Sancti Ioseph, Sponsi Beata Maria Virgo) le 19 mars ; les versets 2-3 au Graduel du Quinzième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Quinta post Pentecosten) ; le verset 2 à l'Offertoire du Dimanche de la Septuagésime (Dominica in Septuagesima)
« Le Seigneur a régné, et a été revêtu de Gloire ; le Seigneur a été revêtu et s'est ceint de Force »
« Dominus regnavit, decorem indutus est ; indutus est Dominus fortitudinem, et præcinxit se »
On ne peut rien assurer du temps auquel ce Psaume 92 été composé. Quelques-uns croient que ce fut lorsque l'Arche ayant été transférée de la maison d'Obededom sur le mont de Sion, la terre de Judée parut en quelque façon affermie sous sa Divine Protection. D'autres le rapportent, non pas au temps de David, mais à celui du retour des Israélites après leur captivité. Mais nous ne pouvons manquer d'y envisager le dessein principal du Saint Prophète, qui est de nous y faire adorer la Toute-Puissance du Seigneur dans la création de l'univers, encore plus dans Sa Réparation, lorsque le jour de devant le Sabat, qui était le Vendredi, le Fils de Dieu fonda et affermit par sa Mort une nouvelle terre qui est son Église ; comme ce fut le même jour que la fondation de la terre fut achevée par la création de l'homme. Le règne théocratique de Jéhovah, Jéhovah est Roi : tel est le thème de ce poème qui est très riche en pensées malgré sa brièveté, et qui ouvre une série remarquable de Psaumes Théocratiques (Psaumes XCII-XCIX). Il nous montre, par anticipation, le Seigneur régnant sur la terre entière, et il célèbre cette Royauté parfaite en deux strophes et une conclusion : le Règne de Jéhovah (versets 1-2) ; combien Il l'emporte sur tous les autres règnes (versets 3-4) ; l'œuvre la plus remarquable de ce Dieu-Roi, c'est la Loi qu'Il a donnée aux Israélites (verset 5). La Sainte Église Catholique chante ce Psaume XCII à Laudes du Dimanche parce que c’est le jour où le Roi-Messie a revêtu toute sa Gloire par sa Résurrection ; et à l’Introït « Lux fulgebit hodie super nos » de la Deuxième Messe de la Nativité du Seigneur à l’Aurore qui célèbre le Lever du Divin Soleil. L’éclat de son Aurore annonce déjà les splendeurs de son Midi. Il a en partage la Force et la Beauté ; Il s’est armé pour sa Victoire, et son Nom est le Prince de la Paix. Dans cet Enfant nous reconnaissons notre Dieu : nous L'adorons et Lui offrons notre amour reconnaissant.
« Le Seigneur est le Dieu des vengeances ; le Dieu des vengeances a agi avec une entière liberté »
« Deus ultionum Dominus ; Deus ultionum libere egit »
Le Prophète représente dans ce Psaume 93 l’aveuglement et l’injustice de ceux qui abusant de la Patience de Dieu, persécutent et oppriment les personnes faibles. Il encourage les bons à se soutenir dans leurs souffrances par la vue de la Miséricorde de Dieu qu'ils doivent toujours espérer ; et il appuie cette Vérité par son propre exemple. Le fond consiste dans un appel à Jéhovah pour obtenir une prompte intervention contre d'impies oppresseurs d'Israël. Cette Prière contre les ennemis impies d'Israël est accompagnée de très vifs sentiments de confiance en la Justice et la Bonté Divines. Le tout est exposé d'une manière dramatique et se divise ainsi : une courte prière servant de prélude (versets 1-2) ; description de la malice des impies contre lesquels on vient chercher du secours auprès de Dieu (versets 3-7) ; Dieu voit les méchants et Il saura les châtier à son heure (versets 8-11) ; Il consolera au contraire les Justes (versets 12-15) ; le psalmiste cite sa propre expérience sur ce point (versets 16-19) ; récapitulation (versets 20-23). Ce Psaume XCIII convient d’une manière toute spéciale à Notre Seigneur Jésus-Christ et la Sainte Église Catholique le chante avec son Antienne « Captabunt in animam justi » à l’Office des Ténèbres du Vendredi Saint et au Troisième Nocturne de la Fête du Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ le 1er juillet.
« Venez, réjouissons-nous devant le Seigneur ; poussons des cris de joie vers Dieu, notre Sauveur »
« Venite, exultemus Domino ; jubilemus Deo salutari nostro »
Ce Psaume 94 attribué à David selon Saint Paul Apôtre aux Hébreux (III, 7-19 et IV, 1-13) est une vive exhortation à louer Dieu du cœur, de la voix, et par les œuvres, et à se soumettre sans délai à ses Saintes Lois. Ce Cantique de Louange Invitatoire à louer Dieu et à obéir à ses Commandements est une exhortation adressée au peuple hébreu pour le presser d'être fidèle à Jéhovah et à se montrer docile à la Divine Parole. Deux parties nettement tranchées : le psalmiste invite les Israélites à louer Dieu à cause de sa Toute-Puissance et de sa Bonté (versets 1-7) ; il les invite à ne pas abuser des Grâces du Seigneur mais à obéir à ses Ordres (versets 8-11). Chez les Juifs, ce Psaume est chanté le vendredi soir pour ouvrir le Sabbat. La Sainte Église Catholique met tous les jours dans la bouche de ses Ministres ce Psaume XCIV au commencement de l'Office de la Nuit, afin d'exciter dans leurs cœurs une ardeur toujours nouvelle pour le chant des louanges de Dieu et de les faire souvenir qu'ils doivent sans cesse se rendre attentifs à sa Voix Divine. Dans le Bréviaire Romain, il sert d'« Invitatoire » sous une forme légèrement différente de celle de la Vulgate, parce que notre version latine suit le texte du Psautier dit Gallican, tandis que le Bréviaire a conservé pour l'Invitatoire le texte du Psautier Romain.
« Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; chantez au Seigneur, toute la terre »
« Cantate Domino canticum novum ; cantate Domino, omnis terra »
Sous le sens littéral de ce Psaume 95, qui exprime la Grandeur de Dieu élevée au dessus de tous les dieux des nations, et triomphant de tous les ennemis de son Peuple, tous les Interprètes nous font découvrir le Mystère de l'Avènement du Messie, de l'établissement du Royaume de Jésus-Christ, c'est à dire de son Église dans toute la terre. Toutes les créatures sont invitées à louer le Seigneur ! Nous retrouvons, en effet, ce Psaume au Premier Livre des Paralipomènes (XVI, 23 et ss.) et l'écrivain sacré dit formellement qu'il fut composé par David et chanté le jour où l'Arche d'Alliance fut solennellement transférée de la maison d'Obédédom au Tabernacle érigé sur le mont Sion. Les mots quando domus ædificabatur se rapportent à la construction du second Temple de Jérusalem, après la fin de la captivité de Babylone (post captivitatem). Ils signifient que les Juifs aimaient alors à chanter ce Psaume, en souvenir de la circonstance à laquelle il devait son origine. C'est une invitation adressée tour à tour aux Israélites, aux nations païennes et même aux créatures inanimées, pour les presser de Louer et de Bénir sans fin l'unique Vrai Dieu, si Grand et si Puissant. Beau développement anticipé de l' « Adveniat regnum tuum » ; prophétie qui annonce l'Avènement du Règne théocratique sur la terre entière, grâce au Messie et à son Église. Trois parties, ainsi qu'il vient d'être dit : les Israélites (versets 1-6) ; les Païens (versets 7-10) ; les Cieux et la terre (versets 11-13) sont invités à louer Jéhovah. La Sainte Église Catholique chante ce Psaume XCV dans le sens littéral à l’Office de la Dédicace des Églises et dans le sens spirituel relatif aux Mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ à Noël à la Sainte Messe de la Nuit de la Nativité du Seigneur (In Nativitate Domini ad primam Missam in nocte) célébrée à Minuit entre le 24 et le 25 décembre ; à la Circoncision au Deuxième Nocturne ; à l’Épiphanie au Troisième Nocturne ; à la Sainte Trinité au Troisième Nocturne ; à l’Office de la Très Sainte Vierge au Troisième Nocturne parce que c’est dans Son sein virginal que s’est accompli le grand Mystère de l’Incarnation ; à l’Office des Saints Anges au Troisième Nocturne parce qu’ils ont chanté le Cantique Nouveau : Gloria in excelsis à la Venue du Sauveur et parce qu’ils sont désignés dans le sens mystique par ces mots : Que les Cieux se réjouissent du verset 11 ; à l’Office de la Sainte Croix au Troisième Nocturne, c’est par Elle que le Sauveur a consommé l’Œuvre du Salut du monde ; à l’Office des Saintes Vierges et des Saintes Femmes, parce qu’elles ont eu une part toute spéciale dans la Rédemption, vu l’état d’humiliation et de souffrance où leur sexe était placé en punition du péché, avant la Venue du Sauveur.
« Le Seigneur est Roi : que la terre tressaille de joie, que toutes les îles se réjouissent »
« Dominus regnavit : exultet terra, lætentur insulæ multæ »
On ne peut point assurer en quel temps, ni en quelle occasion ce Psaume 96 fut composé ; les uns croyant que ce fut après la révolte d'Absalom lorsque le royaume de David fut affermi ; et les autres prétendant qu'il regarde le rétablissement de la Palestine après la captivité. Il semble néanmoins que David y relevant comme il fait la Puissance du Seigneur, nous donne lieu de juger qu'il composa ce Psaume après qu'il eut remporté quelque signalée victoire qui affermissait son règne. Mais il y prophétise en même temps d'une manière très claire l'établissement spirituel du Royaume de Jésus-Christ ; et il exhorte les hommes à s'y préparer par la haine du péché et par l'amour de la Justice. Le Dieu-Roi : sa Puissance infinie qu'il faut adorer dans un esprit d'obéissance. La note dominante de cette série de Psaumes (XCII-XCIX), Jéhovah est Roi, retentit ici de nouveau dès le premier verset. Ce poème, beau et noble dans sa simplicité, chante donc à son tour l'Avènement personnel de Jéhovah en tant que Roi de l'univers. Dieu fait son Apparition au milieu d'un ouragan terrible comme en plusieurs autres Cantiques Sacrés ; ses ennemis, les Païens, sont consumés par les flammes de sa Colère ; les Cieux proclament sa Grandeur, sa Gloire est répandue par toute la terre, le monde entier vient L'adorer, Sion est au comble de la joie. Ces divers détails, on le voit, conviennent très bien à l'Avènement du Messie ; aussi Saint Paul (Hebr. I, 6) applique-t-il le verset 7 à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Deux parties : Dieu fait son Apparition pour Juger et Punir les Païens (versets 1-6) ; résultats de cette théophanie (versets 7-12). La Sainte Église Catholique chante ce Psaume XCVI au Troisième, Quatrième et Cinquième Dimanche après l’Épiphanie du Seigneur
« Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car Il a opéré des Merveilles. Sa droite L'a fait triompher, ainsi que son Saint Bras »
« Cantate Domino canticum novum, quia mirabilia fecit. Salvavit sibi dextera ejus, et brachium sanctum ejus »
Ce Psaume 97 paraît avoir été composé par David à la même occasion et sur le même sujet que le précédent, c'est-à-dire en Action de Grâces après quelque grande victoire que le Seigneur lui avait fait remporter sur ses ennemis. Encore un beau Psaume Théocratique de Louange à Dieu, qui a opéré des Merveilles en faveur de son Peuple. Il a une grande ressemblance avec le Psaume 95 dont il emprunte presque littéralement le début et la conclusion : comparez le verset 1 et le Psaume XCV, verset 1b, les versets 11-13 et le Psaume XCV, versets 7-8. Il reproduit aussi divers passages d'autres Psaumes plus anciens. Il présente donc encore moins d'originalité que le poème précédent ; mais il n'est pas dépourvu de beauté, et il est loin de manquer d'élan lyrique. Il engage le monde entier à reconnaître et à célébrer le Dieu d'Israël, à cause des Prodiges opérés par sa Toute Puissance en faveur de son Peuple. Il est donc Messianique dans le même sens que tous les Cantiques de la même série, car il prédit la future Conversion des Païens à Jéhovah. Trois strophes égales versets 1b-3, 4-6, 7-9. La Sainte Église chante ce Psaume XCVII à Noël aux Matines au Troisième Nocturne, à Sexte et à None et à l’Introït « Puer natus est nobis » de la Sainte Troisième Messe de la Nativité du Seigneur (Ad tertiam Missam in die Nativitatis Domini) ; à la Circoncision de Notre Seigneur au Troisième Nocturne des Matines ; à la Fête de la Très Sainte Trinité aux Matines du Troisième Nocturne en nommant explicitement le Père et le Fils ; et aux Offices de la Croix, de la Sainte Vierge, des Saintes Vierges et des Saintes Femmes.
« Le Seigneur règne : que les peuples s'irritent. Il est assis sur les chérubins : que la terre soit ébranlée »
« Dominus regnavit, irascantur populi ; qui sedet super cherubim, moveatur terra »
David composa ce Psaume 98, autant qu'on en peut juger, lorsque l'Arche eut été placée sur la Montagne de Sion. C'est une exhortation qu'il fait aux peuples, de révérer la Gloire de Dieu résidant dans l'Arche et de L'adorer avec une humble frayeur à l'exemple des Saints Prophètes qui les avaient précédés. Louange au Dieu-Roi qui exauce toujours les prières de ses sujets fidèles : encore un Psaume Théocratique, le troisième de ceux qui commencent par les mots Dominus regnavit : Psaume XCII, 1 et XCVI, 1. Le Règne de Jéhovah, inauguré à Sion, s'étend de là sur la terre entière. Le poète vante, comme dans les chants qui précèdent, la Puissance, la Justice, la Bonté de ce Divin Monarque. Deux parties à peu près égales, marquées par un refrain (versets 5 et 9) : dans la première (versets 1b -5) le Seigneur est exalté comme Dieu Tout-Puissant et Roi Universel ; dans la seconde (versets 6-9) on célèbre la Bonté avec Laquelle Il a toujours exaucé les prières de ceux qui L'invoquaient en toute confiance. Deux strophes dans chaque partie de ce Psaume XCVIII (versets 1b-3, 4-5, 6-7, 8-9) : la première, la seconde et la quatrième se terminent à peu près dans les mêmes termes, par l'éloge de la Sainteté de Dieu. Doux « Trisagion » terrestre, qui est comme l'écho de celui des Séraphins du Ciel (Is. VI, 3). « Le Seigneur a régné et régnera, malgré le frémissement des peuples ; s’il Lui est interdit de régner par son Amour et ses Bienfaits, Il régnera par sa Justice et par ses Châtiments » (Mgr Pie, Tome VII, 380).
« Acclamez Dieu, toute la terre ; servez le Seigneur avec joie. Entrez en sa Présence avec allégresse »
« Jubilate Deo, omnis terra ; servite Domino in lætitia. Introite in conspectu ejus in exultatione »
Ce Psaume 99 a été composé par le Roi David pour servir à Israël à louer Dieu de tant de Grâces qu'il avait reçues de Lui, et pour inviter tous les peuples de la terre à entrer dans son Saint Temple qui est la Sainte Église, et à Le servir dans de Saints transports de joie et de reconnaissance. Invitation universelle à louer Jéhovah dans son Sanctuaire : toute la terre est invitée à chanter l'éloge du Dieu d'Israël, qui s'est toujours montré si Bon, si Puissant, si Fidèle, et Israël lui-même est exhorté à venir présenter ses hommages à son Dieu dans le Sanctuaire. Beau thème, exposé brièvement, mais avec un saint enthousiasme. Deux strophes : que toute la terre loue Jéhovah, le vrai Dieu, le Dieu d'Israël (versets 2-3) ; même invitation, autrement motivée (versets 4-5). Aussi ce poème sert de digne conclusion à la suave et mélodieuse série « Théocratique » qui a commencé avec le Psaume XCII. Il est Messianique, lui aussi, comme l'exprime fort bien le titre que lui donne la version syriaque : Psaume pour la Conversion des Païens à la Vraie Foi. Il prédit l'universalité future du Règne de Jéhovah ; il enseigne à tous les peuples que la Souveraineté du Dieu d'Israël n'est pas sans intérêt pour eux. Saint Augustin expose dans les termes suivants la réalisation de cette prophétie : « La terre entière a entendu l'invitation du psalmiste. Déjà la terre entière acclame le Seigneur, et ceux qui ne L'acclament pas encore L'acclameront ». La Sainte Église Catholique chante ce Psaume XCIX chaque Dimanche et à chaque Fête à l’Office de Laudes, temps auquel Elle n’emploie que des chants d’actions de Grâces et d’humble jubilation. Les versets 2-3 sont chantés au Trait du Dimanche de la Quinquagésime (Dominica in Quinquagesima)
« Votre miséricorde et Votre justice, je les chanterai devant Vous, Seigneur. Je les chanterai »
« Misericordiam et judicium cantabo tibi, Domine. Psallam »
David, ou plutôt l'Esprit de Dieu parlant par David dans ce Psaume 100, représente en sa personne à tous les princes une image de la conduite et des qualités d'un Bon Roi qu'ils devaient garder dans le gouvernement de leurs Etats. Programme d'un Saint Roi, exprimé sous une forme poétique et sentencieuse. David y proclame ses principes de conduite et de gouvernement, en entrant dans des détails pratiques pleins d'intérêt. Ces principes se ramènent à une union intime avec Dieu, à une grande Sainteté personnelle, à la formation d'une cour et de ministres parfaits, à une guerre acharnée contre le mal et contre les méchants. Dans l'hébreu, tout est exprimé au futur, comme des engagements que David prend solennellement devant Dieu. Les Septante et la Vulgate emploient l'imparfait ou le prétérit à partir du verset 2b : ce qui change légèrement le caractère de ce Psaume C, et lui donne l'apparence d'une prière (versets 1b-2a) accompagnée de ses motifs (versets 2b-8). Pas de division proprement dite, mais une suite très simple de distiques. Les membres de vers sont relativement longs, et coupés par une césure harmonieuse comme au Psaume XVIII, versets 8-11. Ce qui est dans la Vulgate au temps passé, étant dans l'Hébreu au temps futur, on pourrait dire que ce Saint Roi représentait principalement la manière dont il désirait de se conduire pour satisfaire à ses devoirs ; quoique rien n'empêche de croire aussi que pour toucher plus vivement ceux qu'il instruisait, il n'ait fait la même chose que Saint Paul a faite longtemps après lui en se proposant lui-même à eux pour exemple, non par un esprit de vaine gloire, mais par un mouvement de son ardente Charité.
« Seigneur, exaucez ma prière, et que mon cri aille jusqu'à Vous »
« Domine, exaudi orationem meam, et clamor meus ad te veniat »
On ne peut point assurer qui est l'auteur de ce Psaume 101. Le sujet est nettement indiqué par ce titre : Appel au Divin Secours dans une profonde détresse de la Nation Juive ; puis, pour toucher davantage le Cœur de Dieu, tableau très pathétique des maux endurés par les suppliants et description vivante de l'intime confiance qu'ils nourrissaient de voir bientôt des jours meilleurs, glorieux même. Mais ce sont les idées sombres qui prédominent ; aussi ce Psaume CI a-t-il été rangé à bon droit parmi les Sept Psaumes Pénitentiaux (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142). Plusieurs versets (16 et ss.) qui annoncent la Conversion des Païens à Jéhovah, sont Messianiques et prophétisent la Catholicité de l'Église du Christ. Deux parties : Prière et Plainte (versets 2-12) ; la confiance et ses motifs (versets 13-29). Beaux élans poétiques, traits délicats ; mais beaucoup de réminiscences d'anciens Psaumes, surtout des Psaumes XXI, LXVIII et LXXVIII. Quelques-uns croient qu'il a été composé pour servir au peuple d'Israël durant sa captivité à implorer le Secours de Dieu comme une Prière pour le rétablissement du Peuple Israélite affligé par de très grands malheurs. Mais il peut être aussi regardé comme une excellente Prière qui convient en général à tous ceux qui gémissent dans quelque affliction ou spirituelle ou corporelle. Plusieurs Pères et Interprètes l'appliquent, selon le sens figuré, à Notre Seigneur Jésus-Christ, suivant en cela l’exemple de Saint Paul, qui en explique de même plusieurs versets. La Sainte Église débute avec le verset 2 dans l’Introït la Sainte Messe du Mercredi Saint (Feria Quarta Maioris Hebdomadæ) par la Glorification du Saint Nom de Jésus, si outragé aujourd’hui par les hommes infâmes qui Le prononcent avec tant de haine, dans l’odieux complot qu’ils ourdissent contre Celui auquel il fut imposé par Ordre du Ciel pour annoncer notre Salut. Elle applique ensuite ce Psaume 101 au Trait (versets 2-5.14), à l'Offertoire (versets 2-3) et à la Sainte Communion (versets 10-14).
« Mon âme, Bénis le Seigneur, et que tout ce qui est au dedans de moi Bénisse son Saint Nom »
« Benedic, anima mea, Domino, et omnia quæ intra me sunt nomini sancto ejus »
Ce Psaume 102 de David est tout de reconnaissance et d'actions de Grâces pour tant de Faveurs qu'il avait reçues de Dieu, et particulièrement pour le Pardon qu'Il lui avait accordé de ses péchés. Mais il regardait aussi en chantant ce Psaume tout son peuple, que le Seigneur avait comblé de biens en mille rencontres ; et en général tous ceux qui dans la suite des siècles auraient éprouvé comme lui ses Divines Miséricordes. Le verset 8 contient un excellent abrégé du Psaume CII : Miserator et misericors Dominus ; longanimis, et multum misericors (Ex. XXXIV, 6) Le Seigneur est Compatissant et Miséricordieux, Patient et Très Miséricordieux. Trois parties inégales dans cet Hymne d'action de Grâces pour les Miséricordes et les Bontés de Dieu : un exorde dans lequel le chantre sacré célèbre les Bontés de Dieu dont il a été personnellement l'objet (versets 1b-5) ; le corps du Psaume qui envisage la Miséricorde de Jéhovah relativement à toute la nation théocratique (versets 6-18) ; une conclusion pratique où toutes les créatures sont invitées à Bénir ce Dieu si Bon et si Miséricordieux (versets 19-22). La Sainte Église Catholique chante les versets 2.5 à l'Offertoire du Vendredi des Quatre-Temps de Septembre (Feria Sexta Quatuor Temporum Septembris) ; le verset 10 au Trait du Mercredi des Cendres (Feria Quarta Cinerum) et les versets 8-10 au Trait de la Fête Solennelle du Très Saint Cœur de Jésus (In Festo Sacratissimi Corde Iesu).
« Mon âme, Bénis le Seigneur. Seigneur mon Dieu, Vous avez fait paraître magnifiquement Votre grandeur. Vous Vous êtes revêtu de majesté et de splendeur »
« Benedic, anima mea, Domino. Domine Deus meus, magnificatus es vehementer. Confessionem et decorem induisti »
Ce Psaume 103 contient les Louanges et les Bénédictions que David donnait à Dieu dans la considération de tous les ouvrages de la nature, et des merveilles qui paraissent tant dans le ciel et dans les airs, que dans la terre et dans la mer. Hymne de la Création ou la Grandeur, la Toute Puissance et la Bonté de Dieu démontrées par la création de l'univers. Sublime écho poétique du récit de Moïse (Genèse I, 1-11, 3). Le poète suit, comme l'historien, l'ordre chronologique ; mais il omet certains faits, pour s'arrêter davantage aux détails qui cadraient mieux avec son plan, spécialement à ceux qui relèvent l'Amour du Créateur pour ses créatures, la Bonté avec laquelle Il s'intéresse à elles après les avoir tirées du néant. La magnificence littéraire de ce cantique a été universellement admirée. On l'a nommé à juste titre « un chef-d'œuvre de la poésie biblique », « un des plus beaux Psaumes de tout le recueil ». « On est surpris, écrivait Alexandre de Humboldt, dans un poème lyrique aussi court, de voir le monde entier, la terre et le ciel, peints en si grands traits : à la vie confuse des éléments est opposée l'existence calme et laborieuse de l'homme, depuis le lever du soleil jusqu'au moment où le soir met fin à ses travaux. Ce contraste, ces vues générales sur l'action réciproque des phénomènes, ce retour à la puissance invisible et présente qui peut rajeunir la terre ou la réduire en poudre, tout est empreint d'un caractère sublime ». Le poète qui a pu tracer une si grandiose esquisse non seulement aimait la nature et l'avait étudiée avec intérêt, mais il aimait par-dessus tout le Dieu de la nature, et il comprenait ses œuvres à merveille. Pas de strophes proprement dites, mais simple groupement des pensées d'après l'ordre des faits : les Œuvres du Premier et du Second Jour de la Création (versets 1-4) ; les Œuvres du Troisième Jour (versets 5-18) ; les Œuvres du Quatrième Jour (versets 19-23) ; les Œuvres du Cinquième et du Sixième jour (versets 24–30) ; conclusion (versets 31-35). La Sainte Église Catholique chante les versets 30-31 du Psaume CIII à l'Offertoire du Samedi en la Vigile de la Pentecôte (Sabbato in Vigilia Pentecostes) ; le verset 30 à l'Alléluia du Dimanche de la Pentecôte (Dominica Pentecostes) et les versets 13-15 à la Communion de la Sainte Messe du Douzième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Duodecima post Pentecosten).
« Célébrez le Seigneur et invoquez son Nom ; annoncez Ses œuvres parmi les nations »
« Confitemini Domino, et invocate nomen ejus ; annuntiate inter gentes opera ejus »
David composa lui-même ce Psaume 104 aux premières années de son règne (I Par. XVI, 7), au moins en partie, lorsqu'il fit transférer l'Arche de la maison d'Obededom dans Jérusalem ; il le donna à chanter à Asaph chef des chantres et à ses frères. Il y apprend au peuple nouveau, dit un Père, par l'exemple de l'ingratitude horrible de cet ancien peuple que le Seigneur avait comblé de tant de biens, combien il doit encore plus appréhender d'être ingrat et infidèle à un si grand nombre de Grâces sans comparaison plus Divines qu'il a reçues par le Mérite de l'Incarnation du Fils de Dieu, puisque sa punition en serait beaucoup plus grande. Le sujet sur les Bienfaits accordés par le Seigneur au Peuple Juif, depuis l'époque d'Abraham jusqu'à l'entrée dans la Terre Promise est au fond le même que celui du Psaume LXXVII ; mais là l'histoire juive était surtout présentée aux Hébreux sous la forme d'un grave avertissement, tandis qu'ici ses leçons ont pour but principal d'exciter la nation théocratique à la reconnaissance envers Jéhovah. Ici ce sont les Bienfaits de Dieu, et là les Ingratitudes d'Israël, qui jouent le plus grand rôle. Dieu a parfaitement tenu la Promesse qu'Il avait faite autrefois aux Patriarches d'établir leur postérité dans le pays de Chanaan, et pour ce motif les Hébreux doivent Le bénir et Lui obéir : telle est exactement l'idée mère de ce poème, qui embrasse ainsi tout l'intervalle compris entre Abraham et Josué. Beau récit, quoique fort simple. Les Merveilles de Jéhovah dans l'Histoire Sainte après les Merveilles du Dieu Créateur. La division est peu accentuée. Six groupes de versets, d'après les idées prédominantes : invitation à louer le Seigneur à cause de ses Bienfaits (versets 1-6) ; Jéhovah s'est souvenu de la Promesse qu'Il avait faite aux ancêtres d'Israël, soin qu'Il a pris des Patriarches lorsqu'ils n'étaient que des étrangers dans la terre de Chanaan (versets 7-15) ; faits providentiels qui amenèrent les Hébreux en Égypte (versets 16-24) ; la sortie d'Égypte (versets 25-38) ; les Bontés de Dieu pour son peuple dans le désert (versets 39-41) ; Israël installé dans la Terre Promise (versets 42-45). On le voit, c'est sur la période égyptienne de l'histoire israélite (versets 16-38) que le poète insiste davantage. Elle lui fournissait des arguments très forts pour sa thèse. La Sainte Église Catholique emprunte les versets 3-4 du Psaume CIV à l'Introït du Vendredi des Quatre-Temps de Septembre (Feria Sexta Quatuor Temporum Septembris) et le verset 1 à l'Alléluia du Dix-Neuvième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Nona post Pentecosten).
« Célébrez le Seigneur, parce qu'Il est Bon, et que sa Miséricorde est Éternelle »
« Confitemini Domino, quoniam bonus, quoniam in sæculum misericordia ejus »
Il semble que ce Psaume 105 a été composé, ou depuis la captivité de Babylone, ou avant ce temps-là par un esprit prophétique pour servir à ceux qui se trouveraient dans le temps de cette captivité. Ce Cantique a beaucoup d'analogie avec le précédent Psaume 104 sous le rapport du sujet, car il contient également un sommaire de l'histoire des prévarications perpétuelles des Hébreux et de la Miséricordieuse Clémence du Seigneur. Toutefois, tandis que le Psaume CIV relevait surtout les Bienfaits du Seigneur et toutes les Grâces que Dieu avait faites à son Peuple, celui-ci mentionne de préférence, à la façon du Psaume LXXVII, les Ingratitudes d'Israël envers son Dieu et les Châtiments qu'elles lui attirèrent. Aussi le ton n'est-il pas le même dans les deux chants ; ici c'est le ton de la Pénitence et là le ton de l'Hymne, de la reconnaissance joyeuse. Le but que se proposait le psalmiste est nettement marqué au commencement et à la fin du poème (versets 5 et 47) : il désirait obtenir le Pardon et le rétablissement de la nation coupable. Comme au Psaume précédent, la division est plutôt marquée par les faits dont se compose le récit que par le mouvement lyrique : Invitation à louer le Seigneur et humble prière (versets 1-5) ; Ingratitude des Hébreux auprès de la mer Rouge (versets 6-12) ; leurs Crimes et leurs Châtiments durant leur trajet à travers le désert (versets 13-33) ; leurs Fautes après leur installation dans la Terre Promise (versets 34-46) ; Prière servant de conclusion (verset 47) ; doxologie du Quatrième Livre des Psaumes (verset 48). La Sainte Église Catholique emprunte les versets 1-4 du Psaume CV en chantant notre confiance en Celui qui veut et peut nous Sanctifier au Trait du Deuxième Dimanche du Carême (Dominica Secunda in Quadragesima) et le verset 47 au Graduel de la Fête du Très Saint Nom de Jésus (Sanctissimi Nominis Iesu).
« Célébrez le Seigneur parce qu'Il est Bon, parce que sa Miséricorde est Éternelle »
« Confitemini Domino quoniam bonus, quoniam in sæculum misericordia ejus »
Ce Psaume 106 qui est tout de Louanges et d'Action de Grâces, du même genre que les Psaumes 104 et 105, doit s'entendre selon le sens littéral des Israélites délivrés par la Bonté et par la Puissance de Dieu de la dure captivité de l'Egypte et de celle de Babylone ; et selon le sens spirituel de tous les hommes rachetés par la Mort de Jésus-Christ de l'esclavage du Démon ; mais particulièrement des Élus, que cette Rédemption regarde d'une manière plus parfaite. On l'entend aussi en général de tous les hommes qui tombent en différentes afflictions, et qui se trouvant exposés à divers malheurs presque inséparables de cette vie, en sont délivrés par la Providence. Cette Louange à Dieu qui comble ses amis de bienfaits et qui délivre du péril ceux qui L'invoquent, chante la manière dont Dieu, après avoir châtié les pécheurs pour les ramener au bien, leur pardonne et les sauve, aussitôt qu'ils L'invoquent avec un sincère regret de leurs fautes. Les maux dont Il les accable et les délivre tour à tour ne sont pas exposés d'une manière abstraite ; mais leur peinture est généralement empruntée à l'histoire d'Israël. Ce poème, qui est d'une grande beauté, contient, indépendamment d'un court Prélude (versets 1-3) et d'une Conclusion plus brève encore (verset 43), cinq tableaux très soignés : Exilés que Dieu protège et qu'Il fait rentrer dans leur patrie (versets 4-9) ; Captifs auxquels Il rend la liberté (versets 10-16) ; Malades auxquels Il accorde la santé (versets 17-22) ; Naufragés qu'Il conduit au port (versets 23-32) ; le bonheur et le malheur sont entre les Mains de Dieu (versets 33-42). Chacun des quatre premiers tableaux contient deux refrains : l'un au milieu Et clamaverunt ad Dominum (versets 6, 13, 19, 28) ; l'autre vers la fin Confiteantur Domino... (versets 8, 15, 21, 31). Ceux qui ont été ainsi pardonnés et délivrés sont invités alternativement à louer le Seigneur. La Sainte Église Catholique emprunte les versets 20-21 du Psaume CVI au Graduel du Deuxième Dimanche après l’Épiphanie du Seigneur (Dominica Secunda post Epiphaniam).
« Mon cœur est préparé, ô Dieu, mon cœur est préparé ; je chanterai et je psalmodierai dans ma gloire »
« Paratum cor meum, Deus, paratum cor meum ; cantabo, et psallam in gloria mea »
Ce Psaume 107 est une prière que fait David pour demander au Seigneur son assistance contre les ennemis de son Etat ; mais beaucoup plus contre ceux de son Salut, qu'il envisageait principalement dans ses prières, comme étant un prince rempli de foi et de piété, et un grand prophète dont Dieu se servait pour instruire et par ses paroles et par son exemple ceux qui vivaient ou qui devaient vivre dans la suite de tous les siècles, de la vie de la foi, comme lui. Cette Prière pour obtenir la victoire contre de dangereux ennemis se compose de deux fragments empruntés à des Psaumes du royal poète, et soudés ensemble, sans doute par le saint roi lui-même, de manière à former un chant nouveau. Les versets 2-6 proviennent du Psaume LVI, 8-12 ; les versets 7-14 du Psaume LIX, 7-14. L'occasion de ce remaniement dut être quelque expédition guerrière de David, car le psalmiste demande à Dieu un prompt Secours contre des ennemis puissants et redoutables. Deux parties, qui correspondent aux deux fragments juxtaposés : Action de Grâces anticipée pour la victoire (versets 2-6) ; appuyé sur un Oracle Divin, le suppliant espère et demande un triomphe complet (versets 7-14). La Sainte Église Catholique emprunte le verset 2 du Psaume CVII à l'Alléluia du Vingtième Dimanche après la Pentecôte (Dominica Vigesima post Pentecosten) où Dieu est appelé Gloire de l’âme, non seulement comme Auteur de la Gloire qui doit rendre Bienheureuse cette âme pour l’Éternité, mais aussi parce que Lui Seul est juste estimateur de nos mérites. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 107 est psalmodié à l’Office des Laudes du mercredi de la quatrième semaine (IV).
« Ô Dieu, ne Vous taisez pas sur ma louange, car la bouche du pécheur et la bouche du fourbe sont ouvertes contre moi »
« Deus, laudem meam ne tacueris, quia os peccatoris et os dolosi super me apertum est »
Le sens littéral de ce Psaume 108 regarde les ennemis de David, soit Doeg et les autres qui le persécutèrent sous le règne de Saül, soit Achitophel et tous ceux qui s'engagèrent dans la révolte d'Absalom. Le psalmiste endure de grandes souffrances de la part d'hommes ingrats, qu'il avait comblés de bienfaits, mais qui maintenant le méprisent, le persécutent, lancent contre lui mille anathèmes. Il implore contre eux le Secours du Seigneur, et les maudit lui-même avec une énergie surprenante, qui n'est dépassée nulle part ailleurs dans le Psautier. L'un de ces ennemis, plus cruel que les autres, est l'objet de malédictions spéciales. En proférant ces Imprécations contre des ennemis Impies, David pensait beaucoup plus à Dieu qu'à lui-même : ses ennemis étaient des Impies qui outrageaient visiblement le Seigneur et contre lesquels l'indignation des âmes saintes n'avait rien que de très légitime. D'ailleurs, c'est l'esprit d'Élie qui parle ici par la bouche de David, c’est à dire l'esprit de l'Ancien Testament, lequel ne possédait pas encore la suavité de la Nouvelle Alliance. Il est certain que le Saint Esprit avait principalement en vue la persécution des Juifs, qui se soulevèrent contre Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont il était la figure, et la Trahison de Judas (verset 8) l'un de ses Apôtres qui donne son nom à ce Psaume de Judas, ainsi qu'il paraît par le témoignage de Saint Pierre (Actes 1, 20) et de Saint Jean (17, 12). Division de ce Psaume CVIII : Prélude qui décrit en quelques lignes la malice des ennemis de David (versets 2-5) ; les Anathèmes (versets 6-20) ; Prière pour obtenir le Secours du Seigneur (versets 21-29) ; Action de Grâces anticipée servant de conclusion (versets 30-31).
« Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-Vous à ma Droite, jusqu'à ce que Je fasse de Vos ennemis l'escabeau de Vos pieds »
« Dixit Dominus Domino meo : Sede a dextris meis, donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum »
Ce Psaume 109, du consentement de tous les plus habiles Interprètes, ne peut convenir, selon le sens littéral même, qu'à Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont le Saint Prophète prédit d'une manière très élevée l'Empire sur tous les peuples et le Sacerdoce tout Divin : le Messie, Roi et Prêtre, victorieux de Ses ennemis. Un ancien interprète disait qu'il conviendrait de mettre ce Psaume CIX dans un cadre d'or et de pierreries, tant il présente de beautés. De tous les Psaumes, c'est assurément le plus sublime par son sujet. Il est entièrement prophétique, et les principales Grandeurs du Christ, à savoir, son Règne Éternel et son Éternel Sacerdoce en constituent la matière. Aussi David reçut-il les inspirations directes de l'Esprit-Saint quand il le composa (Matth. XXII, 43). Le Dixit Dominus compte parmi les Psaumes assez peu nombreux dont on peut affirmer avec certitude qu'ils sont exclusivement Messianiques : Jésus-Christ se servit un jour du premier verset pour démontrer sa Divinité aux Pharisiens, et le silence forcé de ses adversaires prouva que son argumentation était irrésistible et admise par tous les Juifs de son temps (Matthieu XXII, 41 et ss. ; Marc XII, 35 et ss. ; Luc XX, 41-44). Plusieurs passages du Nouveau Testament supposent avec la plus grande clarté que, dans ce cantique, David avait directement en vue le Divin Libérateur qui devait naître un jour de sa race (Act. XI, 34 et ss. ; I Cor. XV, 25 ; Hebr. I, 13 ; V, 6 ; VII, 17-21 ; X, 13). La Tradition Chrétienne est à peu près unanime sur ce point. Quant aux Rationalistes, ils se donnent une vraie « peine de Tantale », quand ils travaillent à éliminer le sens Messianique. Les Annales Juives dans leur plus grande étendue, d'Abraham aux Machabées, sont insuffisantes pour leur fournir des personnages dont ils puissent faire convenablement le Héros du Psaume CIX. C'est le Messie seulement, et point un roi terrestre, que David pouvait appeler son Seigneur ; du Messie seulement il pouvait attendre une victoire complète sur tous ses ennemis, et, par suite, l'établissement d'un Royaume où régnerait à jamais la Paix ; à Lui Seul il pouvait attribuer une participation à la Toute-Puissance Divine (l'action de siéger à la droite du Roi Céleste, par conséquent sur le Trône Céleste) ; du Messie seulement il pouvait espérer qu'Il serait en même temps Prêtre et Roi, et Prêtre non point selon l'ordre d'Aaron, mais selon l'ordre de Melchisédech, et cela éternellement. Ce poème a beaucoup d'analogie avec le Psaume II. Sa structure est loin d'être aussi régulière, mais il est à peine moins dramatique ; ici également, nous voyons et entendons Jéhovah, son Christ, leurs ennemis vaincus, le psalmiste transformé en prophète. Tout est concis, mais ardent, solennel, dramatique comme les circonstances. Division : les deux pensées principales, qui concernent la Royauté et le Sacerdoce du Christ, sont énoncées d'une manière saisissante, sous forme de deux Oracles émanés de Jéhovah Lui-même (versets 1 et 4). Après chaque Oracle, le poète prend la parole, pour en faire l'application et en montrer l'accomplissement. La Très Sainte Église Catholique chante ce Psaume CIX aux Secondes Vêpres de la Fête de Noël : le Seigneur, Fils du Seigneur, vient en ce Jour inaugurer son Règne sur la terre. Et comme le Fils de Dieu est né de Marie dans le temps, et que c’est par Elle qu’Il est venu régner sur la terre, l’Église chante ce même Psaume aux Vêpres des Fêtes de la Sainte Vierge. Ce Psaume est celui du Sacerdoce de Jésus-Christ : c’est dans ce sens qu’il est chanté à la Fête-Dieu. Il est choisi aussi pour l’Office de Vêpres des Apôtres ; et comme Répons bref de None à celui des Confesseurs Pontifes. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 109 est psalmodié à l’Office des Vêpres tous les Dimanches.
« Seigneur, je Vous célébrerai de tout mon cœur dans la Réunion et dans l'Assemblée des Justes »
« Confitebor tibi, Domine, in toto corde meo, in consilio justorum, et congregatione »
Ce Psaume 110 est un de ceux que l'on nomme Alphabétique, à cause que dans la langue originale chaque demi-verset est distingué par une lettre de l'alphabet qui est à la tête. C'est une Louange à Dieu, l'aimable Bienfaiteur d'Israël, et une Action de Grâces pour les grandes choses et les Merveilles qu'Il a faites en faveur du Peuple d'Israël, et encore plus en faveur de la Sainte Église. Il existe de frappants rapports de ressemblance entre les Psaumes CX et CXI, à tel point qu'on les a nommés des « frères jumeaux ». Au point de vue de la forme, ils sont l'un et l'autre sentencieux et alphabétiques, composés chacun de vingt-deux lignes acrostiches assez courtes. Sous le rapport du fond, tandis que le premier chante dans l'Assemblée des Justes, la Majesté, la Puissance et la Gloire de Jéhovah ; le second célèbre la Gloire et la Félicité des Justes eux-mêmes, ces Fidèles amis de Jéhovah. Le parallélisme est peu rigoureux, la liaison des pensées peu serrée ; l'ordre alphabétique tient lieu d'enchainement. Pas de division proprement dite. Le Psaume 110 contient un bel abrégé de l'histoire d'Israël, dont il met en relief certains points culminants, qui ne sont autres que les Grands Bienfaits du Seigneur pour son Peuple. Il a été composé avec un soin extrême et contient une série de sentences pleines de grâce, de simplicité et d'onction. Le ton est joyeux. Le psalmiste parle au singulier, mais au nom de toute la nation. La Très Sainte Église Catholique chante le verset 8 de ce Psaume CX à l’Antienne des Secondes Vêpres de la Fête de Noël ; à la Fête-Dieu, l’Antienne à Vêpres est formée des versets 4 et 5. Si l’Église chante ce Psaume 110 aux Vêpres des Saints et aux Vêpres des Saints Anges, c’est à la Gloire de notre Rédempteur Lequel est aussi le Rédempteur des Anges, quoique d’une manière bien différente.
« Heureux l'homme qui craint le Seigneur, et qui met ses délices dans ses Commandements »
« Beatus vir qui timet Dominum, in mandatis ejus volet nimis »
Ce Psaume 111 semble être comme la suite du précédent car il représente le bonheur et tous les grands avantages de l'homme qui craint le Seigneur : le Bonheur des Justes, bel éloge du Juste, excellence et récompense de ses œuvres. Il est encore du nombre des Psaumes Alphabétiques. Le titre nous pourrait marquer, que David rempli de l'Esprit de Dieu avait en vue dans ce Psaume le retour d'Aggée et de Zacharie vers le peuple d'Israël, après qu'il fut revenu de la captivité de Babylone, et les exhortations qu'ils lui devaient faire pour le porter à la Piété et à la Crainte du Seigneur, et l'empêcher de retomber par leurs crimes dans une semblable captivité. La Très Sainte Église Catholique applique ce Psaume CXI à Notre-Seigneur Jésus-Christ en qui l’humanité est élevée à sa plus sublime dignité et emprunte le verset 4 à l’Antienne des Secondes Vêpres de la Fête de Noël ; aux Vêpres de toutes les Fêtes de Notre-Seigneur ; aux Saints : à la Gloire de chacun d’eux, à la Gloire aussi de l’Homme-Dieu, notre Sauveur ; les versets 1-3 au Graduel de la Fête de Saint Joseph, Époux de la Bienheureuse Marie Vierge (Sancti Ioseph, Sponsi Beata Maria Virgo) le 19 mars et au Trait de la Fête de Saint Joseph Artisan, Époux de la Bienheureuse Vierge Marie (Sancti Ioseph Opificis Sponsi Beatæ Mariæ Virginis) le 1er mai ; et enfin le septième verset au Graduel des Trois Saintes Messes de la Commémoraison de Tous les Fidèles Défunts (In Commemoratione Omnium Fidelium Defunctorum) le 2 novembre. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 111 est psalmodié à l’Office des Vêpres du Dimanche de la quatrième semaine (IV).
« Louez le Seigneur, vous Ses serviteurs ; louez le Nom du Seigneur »
« Laudate, pueri, Dominum ; laudate nomen Domini »
Ce Psaume 112 est une exhortation que fait le Prophète pour porter les peuples à louer Dieu dans la vue de sa Grandeur et de sa Gloire, et surtout de cette admirable Bonté avec Laquelle Il daigne jeter les yeux sur les enfants des hommes et prendre soin des plus petits en les élevant quelquefois jusqu’au rang des Princes ; comme David en fut lui-même un exemple. Ce Cantique à la Gloire au Dieu infiniment Grand et admirablement Condescendant ouvre la série des Psaumes qui forment ce que les Juifs nomment Hallel, ou Louange dans leur liturgie. Elle est composée de six Psaumes (CXII - CXVII), que l'on chante à différentes fêtes. Lorsqu'on célébrait le festin pascal en famille, on récitait la première partie (Psaumes CXII et CXIII jusqu'à « Non nobis, Domine ») avant le repas ; la seconde (Psaume CXIII depuis « Non nobis... » CXIV - CXVIII) après le repas. Saint Matthieu fait donc allusion à cette seconde moitié de l'Hallel, lorsqu'il écrit parlant de Jésus et des Apôtres à l'issue de la Dernière Cène : « Après avoir récité les cantiques, ils sortirent » (Matt. XXVI, 30). Ce Psaume CXII relève la Condescendance du Dieu infiniment Grand, infiniment Parfait, envers l'homme, si petit, si misérable. II est comme une paraphrase de la Parole : « Quid est homo quod memor es ejus... ? » (Psaume VIII, 5). Nous y voyons, pour ainsi dire « l'Humilité de Dieu » qui s'abaisse afin d'élever les petits. Et comme cette Humilité atteint sa limite la plus extrême dans l'Incarnation, il n'est pas surprenant que Marie la célèbre, dans son Magnificat, sur le même ton que ce Psaume. Trois strophes très régulières : la première (versets 1-3) forme l'exorde ; la seconde (versets 4-6) exalte la Grandeur du souverain Maître de l'univers ; la troisième (versets 7-9) relève ce fait que, malgré cette Grandeur, Dieu s'abaisse jusqu'aux moindres infortunes pour les consoler. La Très Sainte Église Catholique applique ce Psaume CXII aux Fêtes des Saints Apôtres : ce Psaume est adressé à l’Église, rachetée par Jésus-Christ et amenée à la Foi par le Ministère de ceux que Notre-Seigneur a envoyés les premiers porter la Foi aux nations ; aux Fêtes des autres Saints : c’est la même Grandeur de Dieu, la Glorification de l’Humilité et la Joie de l’Église dans le nombre et la Sainteté de ses enfants ; aux Fêtes de la Très Sainte Vierge : c’est là que Dieu se révèle avec plus de Grandeur et qu’Il opère plus de Merveilles.
« Lorsque Israël sortit d'Égypte, et la maison de Jacob du milieu d'un peuple barbare »
« In exitu Israel de Egypto, domus Jacob de populo barbaro »
Le Prophète fait un abrégé dans ce Psaume 113 des Merveilles que Dieu avait faites pour tirer son peuple d'Egypte et le faire entrer dans la terre des Chananéens. Et Il le fait dans le dessein de donner à tout ce peuple une grande aversion des dieux de ces nations, et de l'attacher plus fortement au service du Vrai Dieu, par la vue de tant de Faveurs, qu'il ne pouvait attribuer qu'à sa Bonté et à sa Toute-Puissance. Ce Psaume forme dans l'hébreu deux poèmes distincts, dont le premier sur les Prodiges opérés par Jéhovah au temps de la sortie d'Égypte comprend les versets 1-8, tandis que le second sur le Vrai Dieu et les faux dieux correspond aux dix-huit versets suivants, à partir des mots « Non nobis... ». Les Septante, les versions syriaque, arabe et éthiopienne, réunissent aussi le tout en un seul cantique, comme la Vulgate. Qui a raison, du texte ou des versions ? C'est là une question qu'il est difficile de trancher d'une manière entièrement sûre du moins, les apparences sont plus favorables au texte, car il existe des différences très manifestes entre les deux parties du Psaume CXIII, sous le rapport soit du sujet traité, soit du rythme. Aussi, même dans la Vulgate, a-t-on recommencé le numérotage des versets à « Non nobis, Domine ». La première partie, le Psaume 113 A est un poème historique, qu'on a défini assez heureusement comme une miniature aussi majestueuse que gracieuse des Merveilles opérées par Dieu en faveur d'Israël, depuis la sortie d'Égypte jusqu'à l'entrée en Palestine inclusivement. Dans le Rituel Juif, c'est le Psaume de l'Octave Pascale. La Très Sainte Église Catholique le chante sur un ton spécial, nommé « tonus peregrinus » par allusion au sujet. Il est remarquable par sa concision, sa vigueur, son élan lyrique, son caractère dramatique, ses métaphores, ses personnifications hardies. Le parallélisme des membres y est aussi parfait que possible. L'art du poète y apparaît à tout instant et de toutes manières. Il se divise en quatre strophes égales : la sortie d'Égypte et son but (versets 1-2) ; Prodiges qui accompagnèrent l'établissement de l'État Théocratique (versets 3-4) ; la raison de ces Prodiges (versets 5-6, 7-8). La deuxième partie, le Psaume 113 B est une Prière que les Israélites adressent à leur Dieu pour implorer son Secours, probablement en vue d'une expédition guerrière contre des ennemis païens. Sa division est très irrégulière : demande pressante de Secours (versets 1-3) ; le néant des divinités païennes (versets 4-8) ; le psalmiste encourage les Israélites à la confiance (versets 9-11) ; les Bénédictions dont le Seigneur a comblé son Peuple dans le passé garantissent Celles de l'avenir (versets 12-15) ; les Louanges des Hébreux offertes à Jéhovah en échange de ses Bontés (versets 16-18). Ce Psaume est particulièrement chanté aux Solennités qui rappellent à l’Église la Grâce et les Mystères du Baptême : Pâques, la Pentecôte et l’Épiphanie ; nous le trouvons aux Secondes Vêpres de ces Trois Solennités et durant leurs Octaves.
« Que ce ne soit pas à nous, Seigneur, que ce ne soit pas à nous ; que ce soit à votre Nom que Vous donniez la Gloire »
« Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam »
Le Prophète fait un abrégé dans ce Psaume 113 des Merveilles que Dieu avait faites pour tirer son peuple d'Egypte et le faire entrer dans la terre des Chananéens. Et Il le fait dans le dessein de donner à tout ce peuple une grande aversion des dieux de ces nations, et de l'attacher plus fortement au service du Vrai Dieu, par la vue de tant de Faveurs, qu'il ne pouvait attribuer qu'à sa Bonté et à sa Toute-Puissance. Ce Psaume forme dans l'hébreu deux poèmes distincts, dont le premier sur les Prodiges opérés par Jéhovah au temps de la sortie d'Égypte comprend les versets 1-8, tandis que le second sur le Vrai Dieu et les faux dieux correspond aux dix-huit versets suivants, à partir des mots « Non nobis... ». Les Septante, les versions syriaque, arabe et éthiopienne, réunissent aussi le tout en un seul cantique, comme la Vulgate. Qui a raison, du texte ou des versions ? C'est là une question qu'il est difficile de trancher d'une manière entièrement sûre du moins, les apparences sont plus favorables au texte, car il existe des différences très manifestes entre les deux parties du Psaume CXIII, sous le rapport soit du sujet traité, soit du rythme. Aussi, même dans la Vulgate, a-t-on recommencé le numérotage des versets à « Non nobis, Domine ». La première partie, le Psaume 113 A est un poème historique, qu'on a défini assez heureusement comme une miniature aussi majestueuse que gracieuse des Merveilles opérées par Dieu en faveur d'Israël, depuis la sortie d'Égypte jusqu'à l'entrée en Palestine inclusivement. Dans le Rituel Juif, c'est le Psaume de l'Octave Pascale. La Très Sainte Église Catholique le chante sur un ton spécial, nommé « tonus peregrinus » par allusion au sujet. Il est remarquable par sa concision, sa vigueur, son élan lyrique, son caractère dramatique, ses métaphores, ses personnifications hardies. Le parallélisme des membres y est aussi parfait que possible. L'art du poète y apparaît à tout instant et de toutes manières. Il se divise en quatre strophes égales : la sortie d'Égypte et son but (versets 1-2) ; Prodiges qui accompagnèrent l'établissement de l'État Théocratique (versets 3-4) ; la raison de ces Prodiges (versets 5-6, 7-8). La deuxième partie, le Psaume 113 B est une Prière que les Israélites adressent à leur Dieu pour implorer son Secours, probablement en vue d'une expédition guerrière contre des ennemis païens. Sa division est très irrégulière : demande pressante de Secours (versets 1-3) ; le néant des divinités païennes (versets 4-8) ; le psalmiste encourage les Israélites à la confiance (versets 9-11) ; les Bénédictions dont le Seigneur a comblé son Peuple dans le passé garantissent Celles de l'avenir (versets 12-15) ; les Louanges des Hébreux offertes à Jéhovah en échange de ses Bontés (versets 16-18). Ce Psaume est particulièrement chanté aux Solennités qui rappellent à l’Église la Grâce et les Mystères du Baptême : Pâques, la Pentecôte et l’Épiphanie ; nous le trouvons aux Secondes Vêpres de ces Trois Solennités et durant leurs Octaves.
« J'aime le Seigneur, parce qu'Il exaucera la voix de ma prière »
« Dilexi, quoniam exaudiet Dominus vocem orationis meæ »
Les Septante et la Vulgate, après avoir réuni en un seul Psaume 113 A et B deux poèmes séparés dans l'hébreu, divisent ici en deux chants distincts les Psaumes 114 et 115 du texte original. Dans ce second cas comme dans le premier, l'hébreu semble avoir raison contre les versions. Ici, en effet, c'est une pensée unique qui est exprimée et développée dans les deux Psaumes 114 et 115 de la Vulgate : un sentiment de profonde gratitude pour une délivrance récemment accordée par le Seigneur à un Israélite qui courait un très grave danger. C'est aussi le même style, coloré d'aramaïsmes et chargé d'ornements dans le texte hébreu ; le même rythme pareillement. Du reste, la Vulgate se rallie de nouveau d'une manière très visible à la Bible hébraïque, réunissant les deux poèmes en un seul par le numérotage des versets. L'auteur et l'occasion sont inconnus. Une tradition juive peu fondée attribue la composition du cantique au roi Ézéchias. Quatre strophes : les deux premières racontent à quel péril de mort a échappé le psalmiste (versets 1-4, 5-9) ; les deux dernières remercient Dieu de cette délivrance (versets 10-14, 15-19). D'après l'hébreu, l'alleluia initial appartient au Psaume 114. Celui qu'on lit dans la Vulgate entre les versets 9 et 10, en avant du Psaume 115 a été ajouté. Les sentiments et le langage de cette Action de Grâces à Dieu après une insigne délivrance sont ceux de l'amour le plus délicat et le plus tendre. Le Prophète rend Grâces à Dieu de ce qu'Il l’avait délivré d'un grand péril, et L'invoquant de nouveau, il fait connaître qu'on doit toujours Le prier, parce qu'on est toujours en péril. Les Saints Pères expliquent le Psaume 114 dans le sens spirituel, de l'âme des Justes qui gémit au milieu des tentations de cette vie et qui soupire vers le Ciel. Saint Jean Chrysostome rapporte le Psaume 115 au temps de la captivité de Babylone ; d'autres au temps de la persécution que souffrit David de la part du Roi Saül ; d'autres encore au temps que David transféra l'Arche à Jérusalem, lorsque Dieu, comme parle l'Écriture, lui avait donné la Paix du côté de tous ses ennemis. Il est difficile de rien assurer de ces divers sentiments. Mais il paraît seulement que c'est une Action de Grâces que le Prophète rend à Dieu, à cause qu'Il a rompu ses liens et l’a délivré d'un grand danger. Ces Psaumes CXIV-CXV sont appliqués à Notre Seigneur Jésus-Christ : Il désire Sa propre délivrance et brûle d’envie de boire le Calice que Dieu son Père Lui a donné. C’est dans ce sens que nous lisons ce Psaume aux Vêpres du Jeudi-Saint et du Vendredi-Saint ; à l’Église entière, qui soupire après un autre Calice où Elle recueille la douceur de Celui dont Notre-Seigneur a épuisé l’amertume ; le Calice de l’Eucharistie. C’est en ce sens que la Très Sainte Église Catholique chante ce Psaume à la Fête-Dieu. L’Antienne est prise du verset 13. Psaume également chanté aux Deuxième Vêpres des Apôtres et des Martyrs : Ils ont bu avec le Sauveur le Calice amer de la Souffrance ; ils se réjouissent pour cela dans la Jérusalem Céleste et y boivent à longs traits le Calice de la Félicité Éternelle.
« Nations, louez toutes le Seigneur ; peuples, louez-Le tous ! »
« Laudate Dominum, omnes gentes ; laudate eum, omnes populi ! »
D'après quelques interprètes, ce Petit Psaume 116 où les Gentils sont invités à louer le Dieu d'Israël aurait eu pour occasion quelque insigne victoire remportée par les Israélites. D'autres, en plus grand nombre, le regardent comme un Cantique Liturgique destiné à être chanté au commencement ou à la fin des Cérémonies Religieuses. Ce ne sont là que des hypothèses. Simple quatrain, qui contient de grandes choses. En effet, ce Psaume, qui est le plus petit du Psautier sous le rapport de l'étendue matérielle, « Psalmorum quasi punctum » disait Cassiodore, devient important par son sujet, qui est Messianique. C'est un Alleluia adressé au monde Païen. Dans sa petitesse, il est un des témoignages les plus grandioses de la force avec laquelle, en plein Ancien Testament, la Vocation du monde entier à la Religion révélée vient secouer, pour les abattre, les limites nationales du Judaïsme. L'Apôtre Saint Paul, dans son Épître aux Romains XV, 11 en a fait un lieu classique pour prouver la participation des Païens, participation toute Miséricordieuse de la part de Dieu, au Salut qu'Israël attendait en vertu d'une Promesse. Voir le Psaume XCIX, où cette même prophétie de la Vocation des Gentils à la Foi est plus longuement développée. Ce Psaume CXVI prophétise d'une manière très claire l'établissement spirituel du Royaume de Jésus-Christ et il exhorte les hommes à s'y préparer par la haine du péché et par l'amour de la Justice. C’est pourquoi la Très Sainte Église Catholique applique les deux versets de ce Psaume au Trait du Samedi de la Vigile de la Pentecôte (Sabbato in Vigilia Pentecostes) qui célèbre à l'avance l'un des plus grands jours de l'histoire du monde : celui de la Fondation de l'Église dans l'Esprit Saint ; et de la Messe Solennelle de la Vigile Pascale (De Missa solemni Vigiliæ paschalis) du Samedi Saint où la Joie de la Résurrection s'épanouit progressivement à louer Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 116 est psalmodié à l’Office des Laudes du samedi de la première semaine (I) et de la troisième semaine (III).
« Célébrez le Seigneur, parce qu'Il est Bon, parce que sa Miséricorde est Éternelle »
« Confitemini Domino quoniam bonus, quoniam in sæculum misericordia ejus »
Ce Psaume 117 paraît avoir été composé à la même occasion et sur le même sujet que le précédent Psaume 116, c'est-à-dire en Action de Grâces après quelque grande victoire que le Seigneur lui avait fait remporter sur ses ennemis. Probablement après la fin de la captivité de Babylone, en quelque circonstance tout ensemble solennelle et joyeuse, telle que la Fête des Tabernacles mentionnée au Livre d'Esdras, III, 1-4 ; ou la pose de la première pierre du second Temple (Esdr. III, 8-13) ; ou, plus probablement encore, la Dédicace de ce même Temple (Esdr. VI, 15-18) avec les versets 19-21 de ce Psaume Liturgique. Le sujet est très simple : les Israélites, qui ont échappé à de graves dangers grâce à la Protection signalée du Seigneur, sont invités à bénir et à remercier leur céleste Bienfaiteur, et ils se mettent à chanter immédiatement Ses louanges, et à exprimer la plus parfaite confiance en sa Bonté. Mouvement rapide des pensées, joyeux élan lyrique et dramatique. Certaines expressions sont répétées çà et là comme des refrains. Voyez les versets 1 et 2, 3-4, 8-9, 10-12, 16. On dirait, comme le pensaient déjà les Talmudistes, qu'il était destiné à être chanté par plusieurs chœurs qui se répondaient mutuellement. On a même conjecturé, d'après la suite des idées, qu'il aurait servi d'accompagnement à une procession qui, formée de tout le peuple, s'avançait vers le Sanctuaire : les versets 1-4 auraient été chantés au départ ; les versets 5-18, pendant que le pieux cortège se rendait au Temple ; les versets 19-29 auprès de la Maison de Dieu. Division : un court prélude où toute la Nation Sainte est invitée par le psalmiste à célébrer l'infinie Bonté de Jéhovah (versets 1-4) ; une première partie qui décrit la magnifique Délivrance accordée par le Seigneur aux Israélites (versets 5-18) ; une seconde partie qui renferme l'Action de Grâces du peuple pour cet immense bienfait (versets 19-29). Notre-Seigneur Jésus-Christ s'est appliqué à Lui-même les versets 22-23 (cf. Matthieu XXI, 42 ; Marc XII, 10 ; Luc XX, 17). Après Lui, Saint Pierre et Saint Paul ont également relevé la manière admirable dont ils s'étaient réalisés dans sa Personne (cf. Act. IV, 11 ; Rom. IX, 23 ; I Petr. II, 7). Les Rabbins regardaient tout le Psaume 117 comme Messianique où nous entendons (Matthieu XXI, 9) la foule juive chanter avec enthousiasme les versets 25 et 26 au moment de l'Entrée Triomphale de Jésus à Jérusalem. D’ailleurs, la Très Sainte Église Catholique chante le premier verset du Psaume CXVII à l’Antienne « Vidi aquam » tous les Dimanches au Temps Pascal, du Jour de Pâques au Dimanche de la Pentecôte, lorsque le Prêtre asperge d'Eau Bénite les Fidèles pour leurs rappeler la Pureté tant intérieure qu’extérieure avec laquelle ils doivent participer au Saint Sacrifice de la Messe.
« Heureux ceux qui sont Immaculés dans la Voie, qui marchent dans la Loi du Seigneur »
« Beati immaculati in via, qui ambulant in lege Domini »
Le Psaume 118 est un Psaume Alphabétique, le plus long des Psaumes, l'un des monuments les plus caractéristiques de la piété israélite envers la Révélation Divine, une excellente exhortation par laquelle le Roi Prophète anime les peuples à l'observance de la Loi Divine, dont il est parlé presque dans tous les versets, quoi que sous des noms différents. Les huit vers de chaque strophe commencent par l'une des 22 lettres de l'alphabet hébreu (Aleph, Beth, …, Thav) et contiennent chacun, sauf une seule exception au verset 122, l'un des termes qui désignent la Loi : témoignage, précepte, volonté, commandement, promesse, parole, jugement, voie. Le mot « Loi » et ses synonymes sont à prendre ici dans le sens le plus large d'enseignement révélé, tel que l'ont transmis les prophètes. Bellarmin croit que David le composa pour être récité par le peuple dans le chemin lorsqu'il se rendait de toutes parts trois fois l'année au Tabernacle et que ceux qui suivent celui-ci, nommés les graduels, se chantaient lorsqu'on montait les degrés pour arriver à ce même Tabernacle. Quelques uns croient qu'il fut composé par David avant son péché mortel, à cause qu'il y parle très souvent de son grand amour pour la Loi ; qu'il témoigne qu'il avait beaucoup d'aversion de l'iniquité, et qu'il ne s'était point écarté des Ordonnances de Dieu. Mais tous les Pères avec plusieurs habiles Interprètes en parlent comme ayant été fait depuis la révolte d'Absalom.
La Sainte Église Catholique a choisi ce Psaume 118 pour en composer la principale partie de ses Heures Canoniales, comme étant très propre à animer la Piété et la Foi de Ses enfants, par les mouvements si pleins de ferveur qu'y exprime le Saint Roi, et par les Règles toutes Divines qu'il y prescrit touchant la Vertu. Dans la Liturgie des Heures, les vingt-deux huitains ou octonaires (strophe de 8 versets) du Psaume CXVIII sont psalmodiés. Les huitains I, II, III, IV et V sont placés respectivement à l’Office du milieu du jour du mardi, du mercredi, du jeudi, du vendredi et du samedi de la première semaine (I). Les huitains VI, VII, VIII, IX, X et XI sont placés à l’Office du milieu du jour de la deuxième semaine (II), respectivement le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi et le samedi. Les huitains XII, XIII, XIV, XV, XVI sont placés à l’Office du milieu du jour de la troisième semaine (III), respectivement le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi et le samedi. Les huitains XVII, XVIII, XIX, XX, XXI et XXII sont placés à l’Office du milieu du jour de la quatrième semaine (IV), respectivement le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi et le samedi. Le huitain XIV est aussi chanté aux Vêpres du samedi de la deuxième semaine (II), et le XIX aux Laudes du samedi de la première (I) et de la troisième (III) semaine. Ce Psaume 118 fut choisi par Saint Benoît de Nursie pour les Offices du Dimanche d'après sa Règle : les quatre premiers huitains étaient exécutées lors de Prime ; les trois huitains suivants étaient respectivement attribuées aux Tierce, Sexte et None ; le lendemain, à savoir le lundi, les neuf huitains restants étaient divisés trois par trois, aux Tierce, Sexte et None.
« Dans ma tribulation j'ai crié vers le Seigneur, et Il m'a exaucé »
« Ad Dominum cum tribularer clamavi, et exaudivit me »
L'auteur du Psaume 119 vit comme une brebis au milieu des loups et dans sa détresse, il a recours à Jéhovah qu'Il conjure de le délivrer des ennemis qui l'entourent et le harcellent sans cesse. Ce Cantique cadrerait assez bien avec les premiers temps qui suivirent la fin de l'exil chaldéen et le retour en Palestine, alors que les Juifs souffraient des menées hostiles des Samaritains et des Païens du voisinage. Il convient parfaitement à ceux qui vivent et soupirent comme étrangers sur la terre et qui travaillent tous les jours à s'élever comme par de nouveaux degrés jusqu’au Ciel. Trois petites strophes : Prière à Jéhovah contre les langues malignes (versets 1b-2) ; accents indignés et menaces de châtiment (versets 3-4) ; plainte plus calme mais pleine de tristesse (versets 5-7). Avec ce Psaume CXIX commence un Petit Psautier gracieux composé de Quinze Psaumes (CXIX-CXXXIII) qui portent uniformément le titre de « Cantique des degrés » parce qu'ils se meuvent et s'avancent par des sortes d'ascensions, grâce à la répétition de certains mots plus accentués. Le rythme de gradation est très sensible dans ce Psaume CXIX : a lingua dolosa (2b), ad linguam dolosam (3b) ; habitavi (5b) et incola fuit (6b). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 119 est récité aux Vêpres de lundi de la quatrième semaine (IV).
« J'ai élevé mes yeux vers les montagnes, d'où me viendra le Secours »
« Levavi oculos meos in montes, unde veniet auxilium mihi »
Ce Psaume 120 est, selon le sentiment du Cardinal Bellarmin, pour la consolation des pèlerins qui montaient à Jérusalem, et encore plus de ceux qui tendent et qui s'élèvent sans cesse vers la Jérusalem Céleste. Le Prophète les assure les uns et les autres de la Protection et du Secours du Seigneur, le Divin Gardien d'Israël. Dans ce deuxième Cantique des degrés, le rythme de gradation apparaît presque à chaque ligne : auxilium mihi (verset 1b) ; auxilium meum (verset 2a) ; dormitet qui custodit (verset 3b) ; dormitabit... qui custodit (verset 4ab) ; Dominus custodit te, custodiat... Dominus, et Dominus custodiat (verset 5, 7, 8). Le changement des personnes à partir du troisième verset : tuum, te..., au lieu de meum, mihi... a suggéré à plusieurs commentateurs la pensée de deux voix qui alternent ; mais c'est plus probablement le poète qui s'adresse lui-même tour à tour la question et la réponse. Deux parties : court prélude et thème du cantique (versets 1-2) ; développement du thème ou sentiments de confiance inébranlable en Jéhovah (versets 3-8). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume CXX est récité aux Vêpres de vendredi de la deuxième semaine (II) et dans la Liturgie de la Parole depuis Vatican II, il est pris le Vingt-Neuvième Dimanche du Temps Ordinaire de l’année C.
« Je me suis réjoui de ce qui m'a été dit : Nous irons dans la Maison du Seigneur »
« Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi : In domum Domini ibimus »
Soit que ce Psaume 121 se doive entendre à la lettre, de la Joie que reçurent les captifs en apprenant la nouvelle de la liberté qu'on leur donnait de retourner à Jérusalem, ce qui paraît le sens le plus naturel ; soit qu'on l'explique, selon d'autres, de la Translation que le Roi David fit de l'Arche, de silo où Elle était, à Jérusalem où tous les Juifs se réjouissaient de pouvoir aller offrir à Dieu leurs prières ; il est visible, que sous ce sens littéral le Saint-Esprit a eu dessein principalement de nous inspirer un grand Désir de la Céleste Jérusalem, qui se bâtit tous les jours des pierres vivantes de la Sainte Église, qui sont les Justes. Psaume de pèlerinage à la Ville Sainte, il semble destiné à une caravane de pieux pèlerins, qui, arrivés aux portes de Jérusalem, se disposent à gravir en procession la Sainte Colline, pour aller déposer leurs offrandes et présenter à Dieu leurs prières dans le Lieu Saint. Aujourd'hui encore les pèlerins de toute nationalité le récitent ou le chantent, lorsqu'ils aperçoivent les murs de l'ancienne capitale théocratique de Jérusalem. Division : un court prélude (versets 1b-2) ; l'éloge de Jérusalem (versets 3-5) ; des vœux pour la Cité Sainte (versets 6-9). Le rythme de gradation de ce troisième Cantique des degrés est assez sensible : Jerusalem (versets 2b et 3a) ; tribus, tribus Domini (verset 4a) ; sedes in judicio, sedes super domum... (verset 5) ; quæ adpacem, fiat pax et pacem (versets 6a, 7a, 8b) ; abundantia (versets 6b et 7b). Ce Psaume CXXI figure aux Vêpres de la Sainte Vierge, Jérusalem étant la figure de Marie, la Très Sainte Vierge Marie est la Maison de Dieu (verset 1) ; Elle est sa cité, la cité du grand Roi (verset 2). Elle est bâtie dans la Paix, conçue dans la Grâce ; c’est là que dans la joie et l’allégresse se réunissent tous les enfants de Dieu. Aussi dans la Tradition Catholique, ce Psaume occupe-t-il une place importante dans la Sainte Messe du Deuxième Dimanche de l'Avent (Dominica Secunda Adventus), et surtout dans la Sainte Messe du Quatrième Dimanche de Carême (Dominica Quarta in Quadragesima) dit d'après le premier mot de l'Introït Dimanche de Lætare (Dimanche de Joie), pour Lesquelles le Peuple de Rome se rassemblait à la Basilique Sainte-Croix de Jérusalem. Jérusalem, ce sont aussi nos églises de pierre : on chante le Psaume 121 lorsqu'on Bénit une église pour son inauguration. Enfin, la Jérusalem Nouvelle, dont parle l'Apocalypse, c'est le Ciel, vers Lequel est en marche un immense pèlerinage, de tous les peuples. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 121 est psalmodié aux Vêpres le samedi de la quatrième semaine (IV). Saint Louis de Gonzague, en mourant, chantait le Psaume 121…
« J'ai élevé mes yeux vers Vous, ô Dieu, qui habitez dans les Cieux »
« Ad te levavi oculos meos, qui habitas in cælis »
Ce Psaume 122 contient une excellente Prière, qui a été adressée à Dieu par une ou plusieurs personnes affligées et foulées aux pieds par les puissants de la terre. Elle convient à tous les Justes, qui, selon Saint Paul, sont assurés de souffrir la persécution des hommes injustes. Quelques Interprètes l'ont entendu à la lettre des Juifs lorsqu'ils étaient en captivité : Israël opprimé invoque son Dieu avec le sentiment d'une entière confiance. Un ancien auteur a donné à ce Quatrième Psaume Graduel le nom pittoresque d'Oculus sperans, l'œil qui espère. C'est, en effet, un regard plein d'espoir jeté sur Dieu en un temps de grande souffrance, sous une oppression tyrannique. Il est remarquable, au point de vue du fond, par une vive intensité de Foi et de Prière ; sous celui de la forme, par ses longs membres de vers à césure, et, dans le texte hébreu, par des assonances réitérées qui ressemblent beaucoup à des rimes. Deux strophes : les regards d'Israël sont constamment dirigés vers le Seigneur (versets 1-2) ; sa prière aussi (versets 3-4). Rythme de gradation : oculos et oculi (versets 1, 2) ; servorum et ancillæ (verset 2) ; dominorum suorum et dominæ suæ (verset 2) ; misereatur, miserere (versets 2 et 3) ; repleti sumus, repleta est (versets 3 et 4) ; despectione, despectio (versets 3 et 4). La Très Sainte Église Catholique chante les versets 1-3 du Psaume CXXII au Trait du Troisième Dimanche de Carême (Dominica Tertia in Quadragesima) comme un Cantique de confiance et d’humilité. L’aveu sincère de notre misère fait toujours descendre sur nous la Miséricorde de Dieu. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 122 est psalmodié aux Vêpres le lundi de la troisième semaine (III).
« Si le Seigneur n'avait été avec nous, qu'Israël maintenant le dise »
« Nisi quia Dominus erat in nobis, dicat nunc Israel »
Ce Psaume 123 paraît être une Action de Grâces au Dieu Sauveur que le Prophète met dans la bouche des Juifs après leur retour de Babylone. Elle convient parfaitement à la Très Sainte Église Catholique délivrée de la fureur des persécuteurs et aux Justes que la Grâce du Seigneur a tirés de la servitude du Démon et de la captivité du monde. Louange au Dieu Sauveur, ce Psaume CXXIII dépeint en termes dramatiques et vivants, au moyen d'images aussi belles qui pittoresques, avec autant de rapidité que de vigueur, la manière merveilleuse dont le Seigneur a arraché son Peuple d'entre les mains des puissants et cruels ennemis qui le menaçaient d'une ruine prochaine. Deux parties : sans le Secours de Jéhovah, Israël eût infailliblement péri (versets 1-5) ; sentiments de gratitude envers le Divin Libérateur (versets 6-8). L'art de la forme consiste surtout en ce que, pour faire un pas en avant, on en fait toujours la moitié d'un en arrière. Le rythme de gradation de ce Cinquième Psaume Graduel est donc très visible : nisi quia Dominus (versets 1 et 2) ; forte et forsitan (versets 3, 4, 5b) ; aqua et aquam (versets 4 et 5) ; pertransivit anima nostra (versets 5a et 5b) ; de laqueo, laqueus (versets 7b et 7c). Comparez aussi les versets 3a, 4a et 5b. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 123 est psalmodié aux Vêpres du lundi de la troisième semaine (III)
« Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion. Il ne sera jamais ébranlé, celui qui habite »
« Qui confidunt in Domino, sicut mons Sion. Non commovebitur in æternum, qui habitat »
Dans ce Psaume 124, Dieu se déclare le Protecteur de Son peuple d'Israël, et Il promet de l'affermir contre tous ses ennemis : ce qui s'entend principalement de l'Église, qui renferme le Vrai Peuple du Seigneur, et qu'Il a promis de rendre inébranlable jusqu'à la fin des siècles. Dieu protège les Justes qui ont confiance en Lui. Divers hébraïsants ont pensé que ce poème est un des plus récents de tout le Psautier. On l'applique assez communément à la situation du Peuple Théocratique en Palestine après la captivité de Babylone. Israël est opprimé par de cruels tyrans, et sa foi est mise à une rude épreuve ; il y a même des apostats dans ses rangs ; mais Jéhovah protège Sa chère nation, et ceux qui Lui demeureront fidèles sont sûrs de triompher finalement. Deux strophes : motifs de confiance en Dieu (versets 1-3) ; prière en faveur des Israélites fidèles (versets 4-5). Rythme de gradation de ce Sixième Psaume Graduel : sicut mons et montes (versets 1 et 2) ; in æternum et in sæculum (versets 1 et 2) ; in circuitu (verset 2) ; justorum et justi (verset 3) ; benefac et bonis (verset 4). La Très Sainte Église Catholique chante les versets 1-2 du Psaume CXXIV le Quatrième Dimanche de Carême (Dominica Quarta in Quadragesima) au Trait qui célèbre la Protection de Dieu sur l’Église, la Nouvelle Jérusalem qui ne sera point ébranlée comme la première. Cette Sainte Cité communique à Ses enfants la sécurité dont Elle jouit : car le Seigneur veille sur son Peuple comme sur Elle-même. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 124 est psalmodié aux Vêpres du lundi de la troisième semaine (III).
« Quand le Seigneur ramena les captifs de Sion, nous fûmes tout à fait consolés »
« In convertendo Dominus captivitatem Sion, facti sumus sicut consolati »
Le Prophète représente dans ce Psaume 125 la joie que reçût le peuple par les premières nouvelles qu'il apprit de la liberté que le Roi des Perses lui accordait et la prière qu'il faisait à Dieu pour obtenir l'entier accomplissement d'un si grand bonheur. D'autres croient que ce peuple se réjouissait d'être déjà retourné à Jérusalem et qu'il priait pour l'heureux retour de ceux qui pouvaient n'être pas encore revenus. Joie du retour après la captivité de Babylone, ce poème est certainement postérieur à l'exil. Il a beaucoup d'analogie, par le sujet traité, avec le Psaume LXXXIV. C'est tout à la fois un Remerciement et une Prière : un Remerciement pour le retour en Palestine d'un certain nombre de Juifs déportés en Chaldée ; une Prière pour demander le rétablissement prochain et complet de la nation. Deux strophes, qui commencent par la même expression : la première concerne le passé et la seconde l'avenir ; la première renferme l'Action de Grâces (versets 1b-3 ), la seconde la Prière (versets 4-6). Le rythme de gradation de ce Septième Psaume Graduel : in convertendo et converte (versets 1 et 4) ; magnificavit Dominus facere... (versets 2 et 3) ; mittentes et portantes (verset 6). Nous trouvons ce Psaume CXXV appliqué à l’Église entière délivrée par Notre Seigneur du joug de Satan et Sanctifiée par le ministère des Apôtres que Notre Seigneur Jésus-Christ a souvent comparé aux ouvriers de la moisson, c’est pourquoi nous le récitons à leurs secondes Vêpres. Depuis Vatican II, l’Église Conciliaire chante le Psaume 125 le Trentième Dimanche du Temps Ordinaire de l’année B, le Deuxième Dimanche de l’Avent de l’année C et le Cinquième Dimanche de Carême de l’année C. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 125 est psalmodié aux Vêpres du mercredi de la troisième semaine (III).
« Si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent. Si le Seigneur ne garde la cité, c'est en vain que veille celui qui la garde »
« Nisi Dominus ædificaverit domum, in vanum laboraverunt qui ædificant eam. Nisi Dominus custodierit civitatem, frustra vigilat qui custodit eam »
Le plus commun sentiment et le plus autorisé, est que ce Psaume 126 regarde le temps où les Israélites étant de retour de Babylone, et travaillant à rebâtir le Temple et la ville de Jérusalem, y trouvèrent de grandes oppositions de la part des peuples voisins. Le Prophète les exhorte donc à mettre en Dieu leur confiance. Ce qui se passait alors était la figure de ce qu'on vit arriver à l'établissement de la Sainte Église Catholique et de ce qui arrive encore tous les jours à l'égard des âmes qui travaillent à l'Édifice Spirituel du Temple de Dieu, qui ne manquent guère de trouver de grands obstacles à ce dessein. L'homme ne peut rien sans Dieu, pas de succès sans Dieu : telle est l'idée mère de ce Psaume CXXVI. En dehors du Divin concours, l'homme s'agite à pure perte, et toute son activité demeure stérile. Le psalmiste démontre la Vérité de cette pensée par plusieurs exemples, qu'il emprunte soit à la vie sociale, soit à la vie de famille. La construction de la maison qui doit nous abriter, la préservation de la cité dans laquelle nous vivons pleins de calme et de sécurité, l'acquisition des biens qui maintiennent et embellissent la vie, la génération et l'éducation d'enfants qui puissent servir de solide appui aux parents dans leur vieillesse : autant de choses qui dépendent de la Bénédiction de Dieu, et qu'aucun effort humain, quelque grand qu'il soit, n'est capable de procurer ou de conserver. Deux parties : Sans la Protection de Dieu, tous les efforts de l'homme demeurent vains (versets 1b-2c) ; Dieu Seul donne les enfants qui font la force de la Famille (versets 2d-5). Rythme de gradation de ce Huitième Psaume Graduel : nisi Dominus (verset 1bd) ; ædificaverit et ædificant (verset 1bc) ; custodierit et custodit (verset 1de) ; in vanum, frustra, vanum est (versets 1ce et 2a) ; surgere et surgite (verset 2ab) ; filii (versets 3 et 4). L’Église Catholique applique ce Psaume CXXVI à la Très Sainte Vierge aux Vêpres de toutes ses Fêtes : Marie est la Sainte Maison que la Sagesse éternelle s’est Elle-même bâtie. Notre âme est le Temple de Dieu et doit s’élever davantage vers le Ciel chaque jour dans le labeur, mais par la Grâce Divine. L’Église du Christ est la Cité Sainte qu’Il daigne garder Lui-même, bien qu’Il L’ait confiée aux Évêques. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 126 est psalmodié aux Vêpres le mercredi de la troisième semaine (III).
« Heureux tous ceux qui Craignent le Seigneur, et qui marchent dans ses Voies »
« Beati omnes qui timent Dominum, qui ambulant in viis ejus »
La version syriaque attribue la composition du Psaume 127 à Zorobabel après la fin de l'exil. Il décrit le Bonheur du Juste dans la vie domestique, la Félicité dont jouit, surtout au sein de sa famille, le Juste qui vénère et honore Dieu. Tableau idyllique d'un bonheur modeste : on voit le père de famille travaillant durement peut-être, mais récompensé de ses peines par une honnête aisance ; la mère qui, au lieu de chercher des distractions au dehors, trouve son bonheur dans le nombre et la prospérité de ses enfants, et ceux-ci, brillants de santé, se rangeant autour de la table. Deux strophes : une commune gracieuse description qui signale les trois sources des Saintes Joies de l'homme Juste : Dieu, le travail, la famille (versets 1-3) ; un souhait relatif à la longue durée de ces Joies (versets 4-6). Rythme de gradation du Neuvième des Psaumes Graduels : beati et beatus es (versets 1 et 2) ; qui timent et qui timet (versets 1 et 4) ; benedicetur et benedicat (versets 4 et 5) ; videas (versets 5 et 6). Le Psaume CXXVII n'est pas autre chose qu'un petit tableau de la fécondité d'une famille juive récompensée ici-bas de sa fidélité envers Dieu. Il vaut aussi bien pour une Famille Chrétienne, féconde et unie : c'est pourquoi ce Psaume a fourni l'Introït, le Graduel, et la Communion de la Messe de Mariage (Missa votiva pro sponso et sponsa). La Très Sainte Église Catholique le chante également au Graduel de la Fête de Saint Joseph Artisan, Époux de la Bienheureuse Vierge Marie (Sancti Ioseph Opificis Sponsi Beatæ Mariæ Virginis) du 1er mai. Le Juste de l’ancienne Loi est aussi une figure du Messie et ce Psaume entier est applicable à Jésus-Christ. Nous voyons qu’en effet l’Église le Lui applique aux Vêpres de la Fête-Dieu. Notre Seigneur Jésus-Christ a établi un Repas de Famille, l'Eucharistie, qui est aussi le Banquet de l'Église. On chante donc le Psaume 127 aux Vêpres du Saint-Sacrement sous cette antienne qui modifie légèrement le verset 3 : « Que les fils de l'Église soient comme des plants d'olivier autour de la Table du Seigneur ». Ce Psaume figure encore à l'Office du Sacré-Cœur sous une antienne empruntée à l'Évangile : « Venez à moi, vous tous qui êtes las et surchargés, et je vous soulagerai ». Ainsi le Psaume 127 se trouve évoquer la douceur de l'intimité avec le Christ.
« Ils m'ont souvent attaqué depuis ma jeunesse, qu'Israël le dise maintenant »
« Sæpe expugnaverunt me a juventute mea, dicat nunc Israel »
Plusieurs anciens rapportent encore ce Psaume 128 au temps du retour des Israélites après leur captivité lorsque les peuples voisins les empêchaient de rebâtir Jérusalem. Le Prophète les encourage donc par la vue de la Protection du Seigneur, qui les avait soutenus en tant de rencontres contre leurs ennemis. Mais ce qu'il dit convient aussi parfaitement au Peuple Nouveau, que toutes les persécutions des ennemis de l'Église n'ont jamais pu, et ne pourront point non plus empêcher de consommer ce grand Édifice de la Céleste Sion ; puisque toute leur haine et tous leurs efforts ne tourneront à la Fin qu'à leur propre confusion. Ce Psaume CXXVIII pour que Dieu daigne affermir le bonheur d'Israël, qui est vraisemblablement postérieur à l'exil, a un début analogue à celui du Psaume CXXIII. La situation décrite dans les deux poèmes est aussi la même après de grandes souffrances, dont il a été délivré grâce aux Secours d'en Haut, le Peuple Juif remercie son Libérateur Céleste avec les sentiments de la plus vive gratitude. Deux strophes : Israël a beaucoup souffert de la part de cruels ennemis, mais Dieu l'a secouru et sauvé (versets 1-4) ; anathèmes contre ces ennemis sans pitié (versets 5-8). Le rythme de gradation de ce Dixième Psaume Graduel est assez peu sensible : sæpe expugnaverunt a juventute... (versets 1 et 2) ; benedictio et benediximus (verset 8). La Très Sainte Église Catholique chante les quatre premiers versets au Trait du Premier Dimanche de la Passion (Dominica I Passionis) et dans la Liturgie des Heures, le Psaume 128 est psalmodié à l’Office du Milieu du Jour le jeudi de la quatrième semaine (IV).
« Du fond des abîmes je crie vers Vous, Seigneur »
« De profundis clamavi ad te, Domine »
Ce Psaume 129 d’espérance en la Miséricorde Divine est en même temps et du nombre des Graduels, convenant parfaitement à l'exil de cette vie figuré par celui de Babylone, et du nombre des Pénitentiaux, étant très propre aux pécheurs pour implorer la Miséricorde du Seigneur. Son auteur, malheureusement inconnu, le composa au nom de toute la nation, dont il s'approprie les sentiments d'une manière admirable. Quatre petites strophes : Appel à la Divine Miséricorde (versets 1-2) ; la double base sur laquelle s'appuie le suppliant pour formuler son appel (versets 3-4b) ; sentiment de vive confiance (versets 4-6) ; le poète prédit l'heureux résultat de sa prière (versets 7-8). Rythme de gradation de ce Onzième Psaume Graduel : sustinebit, sustinui te et sustinuit (versets 3 et 4) ; speravit et speret (versets 5 et 6) ; redemptio et redimet (versets 7 et 8). Le Nom du Seigneur est répété jusqu'à huit fois (cinq fois Yehovah, trois fois Adonaï). C'est également le Sixième des Psaumes de la Pénitence (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142), le Psaume des Morts qui sont retenus dans la profondeur de la terre pour y satisfaire à la Justice de Dieu, et qui ont besoin qu'Il use d'Indulgence en leur faveur. Non qu'il contienne des idées plus funèbres que la plupart des autres chants sacrés, mais il peint au vif la situation lamentable des Âmes du Purgatoire, au nom desquelles l'Église nous le fait réciter aux Trois Saintes Messes de la Commémoraison de Tous les Fidèles Défunts (In Commemoratione Omnium Fidelium Defunctorum) le 2 novembre ; au Trait du Dimanche de la Septuagésime (Dominica in Septuagesima) ; et à l'Alléluia et l'Offertoire du Dernier Dimanche après la Pentecôte (Dominica Ultima post Pentecosten) qui clôture l'Année Liturgique sur les Fins Dernières. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume CXXIX est psalmodié aux Vêpres du samedi de la quatrième semaine (IV) et le mercredi soir aux Complies.
« Seigneur, mon cœur ne s'est pas enorgueilli, et mes yeux ne se sont point élevés. Je n'ai pas recherché de grandes choses, ni ce qui est placé au-dessus de moi »
« Domine, non est exaltatum cor meum, neque elati sunt oculi mei. Neque ambulavi in magnis, neque in mirabilibus super me »
Le sentiment de plusieurs habiles Interprètes est que ce Psaume 130 a été composé par David, lorsqu'il était accusé d'orgueil par Saül et par plusieurs autres, et que ce Prince le persécutait sous prétexte qu'il attentait sur son royaume et sur sa vie. Il prend Dieu même à témoin, qu'il était dans une disposition de cœur toute opposée à cette ambition qu'on lui imputait. Humble abandon entre les bras de Dieu, il est comme l'écho développé de la réponse que le pieux roi fit à Michol, quand elle le blâma avec aigreur d'avoir chanté et dansé devant l'Arche en simple costume de prêtre : « Je veux paraître encore plus vil que cela, s'écria-t-il, et m'abaisser à mes propres yeux » (II Reg. VI, 21-22). Bien plus, le Psaume CXXX est comme un abrégé parfait de la conduite de David pendant toute sa vie : jamais il ne se produisit de lui-même, mais il attendit toujours que Dieu le tirât de l'oubli et le mît en lumière. L'abandon à la Providence, la soumission à ses desseins, la paix parmi les circonstances qu'elle avait daigné choisir pour lui, tels sont les traits de son noble caractère. Or ces traits nous sont présentés ici sous une charmante image. Pas de division proprement dite : les versets 1-2 expriment l'idée mère du poème sous une forme alternativement négative et positive. Le verset 3 contient un cri d'encouragement adressé à Israël par son roi. Dans la Liturgie des Heures le Psaume 130 est psalmodié à l'Office des Lectures du samedi de la première semaine (I) et aux Vêpres le mardi de la troisième semaine (III).
« Souvenez-Vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur »
« Domine, David, et omnis mansuetudinis ejus »
Ce Psaume 131, selon quelques Interprètes, peut avoir été composé par le Roi David, pour être chanté lors qu'on porterait l'Arche dans le Temple que bâtit depuis son fils Salomon. Ou selon d'autres ce fut Salomon lui-même qui le composa. Le désir ardent dont il paraît que brûlait le cœur de David pour la construction de ce Temple matériel de Jérusalem, et les dépenses si prodigieuses que le Roi son fils y employa ont été une excellente figure de ce qu'ont senti et de ce qu'ont fait les Saints Fondateurs de l'Église de Jésus-Christ pour son Établissement. Mais ce Feu Sacré qui a embrasé le cœur des Martyrs et des hommes Apostoliques, doit animer encore aujourd'hui d'une Sainte chaleur tous les vrais fidèles pour travailler dans eux-mêmes à cet Édifice Spirituel qui ne recevra sa dernière consommation que dans le Ciel. Dans cette Prière pour la maison royale de David, le poète conjure le Dieu d'Israël de couvrir de sa Protection Toute Puissante la royauté et le sacerdoce qui avaient leur centre à Sion, et aussi la nation tout entière. Ce cantique est certainement Messianique, comme l'oracle célèbre qu'il cite aux versets 11 et ss. (II Reg. VII, 12 ; Ps. LXXXVIII 4-5, 20 et ss.). Deux parties : Ce que David a fait pour le Seigneur (versets 1b-10) ; Ce que le Seigneur a fait de son côté pour David (versets 11-18). Chacune d'elles contient deux strophes : versets 1-5, 6-10, 11-13, 14-18. Le nom de David revient une fois dans chacune des quatre strophes (versets 1, 10, 11, 17). Le Rythme de gradation du plus long des Psaumes Graduels : Deo Jacob (versets 2 et 5) ; sacerdotes tui induantur..., et sacerdotes ejus induam... (versets 9 et 16) ; habitationem et habitabo (versets 13 et 14). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume CXXXI est psalmodié à l’Office des Lectures le samedi de la première semaine (I) et aux Vêpres du jeudi de la troisième semaine (III).
« Ah ! Qu’il est bon et agréable pour des frères d'habiter ensemble ! »
« Ecce quam bonum et quam jucundum, habitare fratres in unum ! »
On ne peut point assurer à quelle occasion ce Psaume 132 fut composé. Ce peut être néanmoins lorsque le Peuple de Dieu fut réuni après la captivité. C'est une exhortation sur les charmes de l'union fraternelle à la Charité et à l'union des cœurs qui doit se trouver entre tous ceux qui sont frères et qui correspond aux liens fraternels qui unissent dans le Temple et la Ville Sainte, les Prêtres et les Lévites. D'après l'hébreu, l'Itala et la Vulgate, il aurait été composé par David, et en réalité il respire complètement l'esprit de ce grand roi. On dirait un rejeton issu de son amitié fraternelle pour Jonathas. David aura pu l'écrire à peu près en même temps que le Psaume CXXI, lorsqu'il eut restauré le Culte Divin. Il y chante, sous des images tout orientales, le bonheur qu'il y a pour des frères à se trouver réunis, ainsi que les Israélites l'étaient au Sanctuaire, quand ils y accouraient de toutes leurs provinces à l'occasion des trois grands pèlerinages annuels. Le roi poète montre à ses sujets, privés sans doute de ces Joies Saintes pendant les troubles et les luttes intestines des années antérieures à son règne, quels précieux avantages ils pouvaient trouver à Les goûter en Dieu. Pas de division proprement dite, le verset 1 contient l'idée mère du poème, qui est ensuite développée et rendue sensible par deux belles comparaisons (versets 2-3). Rythme de gradation de ce Quatorzième Psaume des Degrés : la répétition des mots quod descendit et barbam au verset 2. La Très Sainte Église Catholique chante les versets 1et 2 du Psaume CXXXII le XXIIème Dimanche après la Pentecôte (Dominica Vigesima Secunda post Pentecosten) au Graduel : L'huile descendant de la tête d'Aaron le grand prêtre est une image de la Charité qui se répand du Christ sur son Corps Mystique qu'est l'Église. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 132 est psalmodié le vendredi de la quatrième semaine(IV) à l’Office du Milieu du Jour.
« Maintenant donc Bénissez le Seigneur, vous tous, les serviteurs du Seigneur, qui demeurez dans la Maison du Seigneur, dans les parvis de la Maison de notre Dieu »
« Ecce nunc benedicite Dominum, omnes servi Domini ; qui statis in domo Domini, in atriis domus Dei nostri »
On croit que ce Psaume 133, qui est le Dernier des Quinze Psaumes Graduels, fut composé pour servir à exciter les Ministres du Temple de Dieu à chanter sans cesse ses Louanges et à Lui rendre de continuelles Actions de Grâces, après qu'ils furent revenus de captivité et délivrés de la violence de leurs ennemis. Ce petit poème où les Ministres Sacrés sont invités à louer Dieu de tout leur cœur consiste en une pieuse invitation, adressée aux Prêtres et aux Lévites par le psalmiste, parlant au nom du peuple, et dans la réponse des Ministres Sacrés à cette invitation : Louez Dieu toute la nuit, s'écrie le peuple ; que le Seigneur vous Bénisse, répondent les Lévites. Le tout est exprimé d'une manière très vivante. Le Psaume CXXXIII est donc entièrement Liturgique par ses idées comme par sa destination. Il forme, pour ainsi dire, la doxologie des Cantiques des Degrés. Le rythme de gradation de ce Dernier Quinzième Psaume Graduel est surtout marqué par les mots benedicite Dominum (versets 1b, 2b) et benedicat te Dominus (verset 3a). Le Psaume 133 termine ainsi la suite des Quinze Psaumes de pèlerinage. En quittant le Temple, les pèlerins saluent les Lévites qui continueront à louer Dieu jour et nuit, et les Lévites répondent par une Bénédiction. Quand nous cessons notre prière, au moment du sommeil, nous savons que la Louange de Dieu ne cessera pas : qu'elle soit assurée par l'Office Nocturne des Ordres Contemplatifs, ou qu'elle reprenne au même moment avec le lever du soleil sur l'autre hémisphère. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 133 est psalmodié aux Complies le samedi.
« Louez le Nom du Seigneur ; louez le Seigneur, vous ses serviteurs »
« Laudate nomen Domini ; laudate, servi, Dominum »
Le Psaume 134 est une exhortation à louer Jéhovah, le Bienfaiteur d'Israël et l'Unique vrai Dieu et comme le précédent, le Psaume 133, il reproduit presque identiquement les premières lignes. Ce Psaume Liturgique, invite aussi les Ministres Sacrés à louer Dieu pour toutes les Merveilles opérées par Lui dans le domaine soit de la nature (versets 6 et 7), soit de l'histoire Israélite (versets 4, 8 et ss.) ; à ces Merveilles Il oppose le néant et l'impuissance des faux dieux (versets 15 et ss.). Ce poème ne manque ni de force ni de beauté ; mais cette beauté est toute d'emprunt. Il n'a presque rien d'original, et on ne l'a pas comparé sans raison à une mosaïque, dont les fragments divers ont été fournis par d'autres Psaumes ou par les écrits des Prophètes. Comparez les versets 1-2 et le Psaume CXXXII, 1 ; le verset 7 et Jer. X, 13 ; LI, 16 ; le verset 14 et Deut. XXXII, 36 ; les versets 16-20 et le Psaume CXIII, 12 et ss. L'époque de la composition paraît avoir été assez tardive, et l'on ne se trompe probablement pas beaucoup en la plaçant après la captivité de Babylone. Quatre parties irrégulières : Invitation à louer Dieu servant de préambule (versets 1-4) ; les principaux motifs de Louange (versets 5-14) ; vanité des idoles (versets 15-18) ; conclusion (versets 19-21). La Très Sainte Église Catholique continue d’employer les paroles de David pour louer le Seigneur avec les versets 3 et 6 du Psaume CXXXIV à l’Offertoire du IVème Dimanche de Carême (Dominica Quarta in Quadragesima) dit d'après le premier mot de l'Introït Dimanche de Lætare (Dimanche de Joie).
« Célébrez le Seigneur, car Il est Bon, car sa Miséricorde est Éternelle »
« Confitemini Domino, quoniam bonus, quoniam in æternum misericordia ejus »
Ce Psaume 135 a cela de particulier, que le refrain « car sa Miséricorde est Éternelle » est intercalé vingt-six fois entre chaque vers. Il n'est pas divisé en strophes. Une seule voix chantait sans doute chaque vers, et le chœur reprenait aussitôt le refrain « quoniam in æternum misericordia ejus » qui était comme le Répons de nos Saintes Litanies. Une Litanie d’Action de Grâces à Dieu pour ses Bienfaits sans nombre. Les Juifs le nommaient le grand Hallel ou la grande Louange à cause de cette répétition pleine de sens. C'est le Cinquième Psaume des Confitemini (Ps 104 ; Ps 105 ; Ps 106 ; Ps 117 ; Ps 135) qui contient, comme les autres Psaumes qui s'ouvrent par cette expression Confitemini Domino (Célébrez le Seigneur) une invitation pressante à Louer le Seigneur pour ses actions d'éclat, et spécialement pour ses bienfaits envers la Nation Juive. Vraisemblablement composé qu'après l'exil, ce Psaume CXXXV, à la manière du Psaume CXXXIV, a d'assez fréquents emprunts à des poèmes ou à des oracles prophétiques plus anciens. Sa division est très simple : Prélude qui contient une pressante exhortation à Louer Dieu (versets 1-3) ; les Merveilles de la création envisagées comme un premier motif de Louange (versets 4-9) ; les Prodiges accomplis par Jéhovah en faveur d'Israël envisagés comme un second motif de Louange (versets 10-25) ; une courte conclusion qui reproduit l'invitation du prélude (verset 26).
« Au bord des fleuves de Babylone nous nous sommes assis, et nous avons pleuré, en nous souvenant de Sion »
« Super flumina Babylonis illic sedimus, et flevimus, cum recordaremur Sion »
Le titre de ce Psaume 136 nous donne sujet de croire que c'est David qui l'a composé par un esprit prophétique et que Jérémie peut bien s'en être servi pour prédire la captivité du peuple de Dieu en Babylone et la déplorer lorsqu'elle fut arrivée, quoi qu'il ne fût pas lui-même à Babylone. Chant élégiaque des Hébreux captifs à Babylone, une élégie vraiment admirable, un des chefs d'œuvre de la poésie lyrique des Hébreux, le patriotisme et la religion ne peuvent pas s'élever plus haut. La tristesse du début, l'émotion touchante des lignes qui suivent, et l'indignation qui éclate à la fin en imprécations terribles, forment une gradation du plus grand effet. Le rythme, qui est d'abord doucement élégiaque, devient de plus en plus agité ; accumulant les sons gutturaux et sifflants, il est bientôt tellement expressif, qu'on trouverait difficilement un Psaume qui se grave plus facilement dans la mémoire. Celui-ci est tout à fait pittoresque au point de vue de l'harmonie. Ces dernières réflexions se rapportent surtout au texte primitif. Trois strophes : les tristesses de l'exil (versets 1-4) ; sentiment d'un ardent amour pour Jérusalem (versets 5-6) ; anathèmes contre les ennemis d'Israël (versets 7-9). C'est un excellent cantique que le Prophète met dans la bouche des captifs pour leur faire déplorer le malheur de leur exil et les faire soupirer vers Jérusalem. La Très Sainte Église Catholique se sert encore très avantageusement de ce Psaume CXXXVI pour représenter à Ses enfants les misères de cette vie et les faire Saintement aspirer vers leur Patrie qui est le Ciel par un parfait détachement de tout ce qui est sur la terre. Le premier verset : Sion, c'est la Patrie, le Lieu où nous retrouverons notre Père ; Babylone, c'est la terre d'exil où nous sommes encore, est chanté à l’Offertoire du XXème Dimanche après la Pentecôte (Dominica Vigesima post Pentecosten). Depuis la censure du Concile Vatican II, les trois derniers versets ont été retirés des livres liturgiques en raison de leur cruauté difficilement compatible avec leur message moderniste.
« Je Vous célébrerai, Seigneur, de tout mon cœur, parce que Vous avez écouté les paroles de ma bouche. Je Vous chanterai des hymnes en présence des Anges »
« Confitebor tibi, Domine, in toto corde meo, quoniam audisti verba oris mei. In conspectu angelorum psallam tibi »
Il est incertain en quelle occasion David composa ce Psaume 137. Il le composa peut-être quelque temps après la mort de Saül lorsque tout Israël se fut rangé sous son sceptre (II Reg. V, 1 et ss.) ; ou bien, un peu plus tard, quand il eut reçu de Dieu la glorieuse Promesse relative à la perpétuité de son trône (II Reg. VII, 7 et ss.). C'est une excellente Action de Grâces qu'il rend à Dieu pour tous les biens qu'il avait reçus de Lui et qui lui donnent sujet de se confier pour toujours en son Assistance. Action de Grâces à Dieu pour ses bienfaits passés et sentiments de confiance pour l'avenir : ce cantique s'ouvre en effet par une Action de Grâces toute délicate et aimante, pour les bienfaits sans nombre que David avait reçus du Seigneur ; il souhaite ensuite que tous les princes de la terre s'associent à cette pieuse louange du roi israélite ; il se termine par un sentiment d'entière confiance en Dieu. De là trois strophes : Action de Grâces pour le passé (versets 1b-3) ; souhait et prédiction relativement aux Païens (versets 4-6) ; sentiment de vive confiance en Dieu (versets 7-8). La Très Sainte Église Catholique chante le septième verset « Quand j’aurai marché au milieu des tribulations, Vous me vivifierez, Seigneur ; Vous étendrez Votre main contre la fureur de mes ennemis et Votre droite me sauvera » à l’Offertoire du XIXème Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Nona post Pentecosten) : les épreuves ne manquent pas sur notre route, gardons confiance et croyons en cette Main Divine qui nous soutient et veut nous Sauver. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume CXXXVII est psalmodié aux Vêpres du mardi de la quatrième semaine (IV).
« Seigneur, Vous m'avez sondé et Vous me connaissez »
« Domine, probasti me, et cognovisti me »
Comme il est tres incertain en quel temps ou à quelle occasion ce Psaume 138 fut composé, il suffit de dire que David y représente la vaste étendue de la Connaissance de Dieu à laquelle rien ne peut échapper et la conséquence qu'on en doit tirer, qui est que le Seigneur qui connaît ainsi toutes choses Jugera les hommes sur cette connaissance si parfaite qu'Il a de toutes leurs actions, et les Récompensera ou les Punira avec une souveraine Équité selon qu'ils le mériteront. Confiance dans le Jugement de Dieu qui voit et connaît toutes choses, le psalmiste commence par décrire la science infinie (versets 1-6) et l'immensité de Dieu (versets 7-12), attributs en vertu desquels nul ne saurait échapper à Dieu. La création de l'homme par les Mains Divines est, aux yeux du poète, une raison spéciale de l'intime Connaissance que le Seigneur a de nous (versets 13-16). David expose ensuite sa propre manière d'agir soit avec les amis (versets 17-18), soit avec les ennemis de Dieu (versets 19-21). Il conclut par une ardente Prière (versets 22-24). Grande beauté de pensées, style admirable. Plus on lit ce poème, plus on l'admire, et plus on y découvre de profondeurs ; il est un des plus riches en enseignements théologiques sur la nature de Dieu. Deux parties, dont l'une est générale et théorique, l'autre particulière et pratique : éloge de la Science parfaite de Dieu à laquelle rien ne saurait échapper (versets 1b-18) ; les sentiments du poète envers les ennemis du Seigneur et envers ce grand Dieu Lui-même (versets 19-24). Quatre strophes (versets 1-6, 7-12, 13-18, 19-24). La Très Sainte Église Catholique se sert encore très avantageusement de ce Psaume CXXXVIII avec les versets 1 et 2 : « Seigneur, Vous m’avez éprouvé et Vous me connaissez : Vous avez été témoin de ma Mort et de ma Résurrection » à l’Introït Resurréxi du Dimanche de Pâques (Dominica Resurrectionis) où dans la Paix du Matin de Pâques, Jésus chante Sa reconnaissance à son Père. Depuis la censure du Concile Vatican II, les versets 19 à 22 sur les ennemis de Dieu ont été retirés des livres liturgiques en raison de leur cruauté difficilement compatible avec leur message moderniste. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 138 est psalmodié aux Vêpres du mercredi de la quatrième semaine (IV).
« Délivrez-moi, Seigneur, de l'homme méchant ; délivrez-moi de l'homme injuste »
« Eripe me, Domine, ab homine malo ; a viro iniquo eripe me »
Ce Psaume 139 paraît avoir été composé par David lorsqu'il se voyait tout environné des pièges que le Roi Saül lui tendait. Selon d'autres, cette Prière confiante pour obtenir le Secours de Dieu contre d'odieux calomniateurs aurait été composée à l'occasion de la révolte d'Absalom. Il n'est pas sans analogie avec les Psaumes LVII et LXIII, leur conclusion est la même pour la pensée. Il renferme une Prière pressante pour invoquer l'Aide du Seigneur contre des ennemis méchants et puissants, qui agissaient traitreusement contre lui, surtout en paroles. Le suppliant espère être exaucé, comme il l'a été en d'autres circonstances semblables. Il prédit la ruine de ses ennemis qui permettra aux bons de relever la tête. Cinq petites strophes dont les trois premières sont marquées par le sélah hébreu : le psalmiste se plaint à Dieu des calomnies de ses ennemis (versets 2-4) ; il décrit leurs embuches perfides (versets 5-6) ; prière confiante (versets 7-9) ; souhaits contre les coupables (versets 10-12) ; espoir en la Justice Divine (verset 13). Saint Hilaire croit, que c'est proprement une Prière que Jésus-Christ fait à Dieu comme homme, et comme revêtu de l'infirmité de nôtre nature ; et qu'elle convient aussi à tous Ses membres, lorsqu'ils se voient exposés à tant de périls et au milieu de tant d'ennemis de leur Salut. La Très Sainte Église Catholique se sert encore très avantageusement de ce Psaume CXXXIX avec le verset 5 : « Seigneur, préservez-moi de la main du pécheur, et délivrez-moi des hommes injustes » à l’Offertoire de la Sainte Messe du Mardi Saint (Feria Tertia Maioris Hebdomadæ) après l'Évangile sur la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon Saint Marc (XIV, 1-72 ; XV, 1-46) lorsque le Messie demande le Secours de son Père contre les embûches de Ses ennemis qui se préparent à Le faire mourir. Depuis la censure du Concile Vatican II, les versets 10 à 12 sur les Feux de l’Enfer pour les ennemis du Christ ont été retirés des livres liturgiques en raison de leur cruauté difficilement compatible avec leur message moderniste. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 139 est psalmodié aux Vêpres du samedi de la quatrième semaine (IV).
« Seigneur, j'ai crié vers Vous, exaucez-moi ; écoutez ma prière, lorsque je crierai vers Vous »
« Domine, clamavi ad te, exaudi me ; intende voci meæ, cum clamavero ad te »
On croit que ce Psaume 140 a été composé par David à la même occasion et sur le même sujet que le précédent, le Psaume 139, c'est-à-dire, dans le temps que Saül le persécutait. Le psalmiste est en fuite, loin du Sanctuaire, et plongé dans une détresse profonde. Il conjure le Seigneur de le préserver de toute participation à l'iniquité des pécheurs ; tout en acceptant courageusement l'épreuve que Dieu lui a envoyée ; il en demande la délivrance avec un sentiment de vive confiance. D'après le verset 2b, ce cantique est une Prière du Soir. L'Église primitive lui donnait déjà ce nom par opposition au Psaume LXII, qu'on appelait le Psaume de l'Aurore. Quatre strophes inégales : prélude ou appel à Dieu (versets 1-2) ; prière pour obtenir d'être préservé de toute participation à la méchanceté des Impies (versets 3-4) ; David accepte comme un bien les coups dont le frappent les méchants mais il demande néanmoins à Dieu d'en être délivré (versets 5-7) ; pressante et confiante prière (versets 8-10). C'est une excellente Prière dans la persécution et l'angoisse pour demander à Dieu entre autres choses la circonspection pour ne point pécher par sa langue. La Très Sainte Église Catholique se sert très avantageusement de ce Psaume CXL avec les versets 2-4 : « Que ma prière s'élève devant Vous comme l'encens ; que l'élévation de mes mains Vous soit comme le sacrifice du soir. Mettez, Seigneur, une garde à ma bouche, et une porte de défense à mes lèvres. Ne laissez pas mon cœur se livrer à des paroles de malice, pour chercher des excuses au péché, comme les hommes qui commettent l'iniquité ; et je n'aurai aucune part à leurs délices » à chaque Sainte Messe lors de l’encensement de l’Autel par le Prêtre après l’Offertoire. Le deuxième verset est chanté au Graduel du XIXème Dimanche après la Pentecôte (Dominica Decima Nona post Pentecosten) comme une offrande de tout notre être à Dieu, montant vers Lui comme la fumée de l’encens. Depuis la censure du Concile Vatican II, le dernier et dixième verset sur les Impies qui tomberont dans leur piège a été encore retiré des livres liturgiques en raison de sa cruauté difficilement compatible avec leur message moderniste. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 140 est psalmodié aux Vêpres du samedi de la première semaine (I).
« De ma voix j'ai crié vers le Seigneur ; de ma voix j'ai supplié le Seigneur »
« Voce mea ad Dominum clamavi ; voce mea ad Dominum deprecatus sum »
Il paraît par l'Écriture, que David s'est retiré dans deux différentes cavernes durant la persécution de Saül : dans la caverne d'Odolla lorsqu'il s'enfuit de devant Achis Roi de Geth et dans la caverne d'Engaddi où il épargna Saül lorsque ce Roi y tomba entre ses mains. Les uns croient que ce qui est dit dans ce Psaume 141 regarde la première de ces deux cavernes ; et les autres le rapportent à la seconde. Quoiqu'il en soit, il paraît que lorsque David fit à Dieu cette excellente prière, il était dans un extrême péril, et n'avait aucune espérance humaine de se sauver : ce qui semble convenir mieux à l'état où il se trouva d'abord dans la caverne d'Engaddi étant tout environné par les troupes de Saül, quoi qu'il y ait d'autres choses qu'on a peine à accorder. Cette prière de David ainsi renfermé dans une caverne et persécuté par tant d'ennemis, convient admirablement, selon plusieurs Interprètes, à Notre Seigneur Jésus-Christ. David parle dans la caverne, dit Saint Hilaire, mais il prophétise par rapport à Jésus-Christ. Car, comme dit un Interprète, les titres des Psaumes n'en marquent pas toujours la matière, mais l'occasion. Prière dans une profonde angoisse très simple et très claire. Le psalmiste se trouve dans une situation qui est humainement désespérée, et il insiste sur son isolement douloureux ; du moins il sait qu'il peut compter sur Dieu, dont il invoque le Secours avec confiance. Trois strophes : invocation servant de prélude (versets 2-4b) ; David est sans espoir du côté de la terre (versets 4-5) ; il n'en met que plus complètement son espoir en Dieu (versets 6-8). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume CXLI est psalmodié aux Vêpres du samedi de la première semaine (I).
« Seigneur, exaucez ma prière ; prêtez l'oreille à ma supplication selon votre Vérité ; exaucez-moi selon votre Justice »
« Domine, exaudi orationem meam ; auribus percipe obsecrationem meam in veritate tua ; exaudi me in tua justitia »
Quoique dans l'Hébreu le titre ne porte autre chose que ces premières paroles : Psaume de David, ce que les Septante ont ajouté, fait connaître à quelle occasion il fut composé, c'est-à-dire, lorsqu'en punition de l'adultère et de l'homicide que David avait commis, il vit son fils Absalom se soulever contre lui et lui déclarer une guerre ouverte. Il s'humilie donc devant Dieu dans la vue de ses deux graves péchés mortels ; et implorant sa Miséricorde avec un vif sentiment de sa misère, il apprend par son exemple à tous les pécheurs à s'humilier et à gémir comme lui en la Présence de Dieu. Aussi la Sainte Église met ce Psaume 142 dans la bouche des Pénitents, et c'est le Dernier de ceux qu'Elle appelle Pénitentiaux : (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142). David a composé cette Prière au milieu d'une grande détresse comme une sorte de guirlande, tressée avec des fleurs qu'il prit çà et là en d'autres cantiques. La plainte alterne avec la prière. David appelle le Seigneur à son secours, Lui décrit son angoisse, et se met à L'invoquer de nouveau. On devine, tant le cri est énergique, que la détresse est extrême et le péril pressant. Toutefois le suppliant ne se contente pas de demander à Dieu sa délivrance ; il Le conjure aussi de le conduire dans le droit chemin de sa Volonté Sainte. Deux parties égales, marquées par le sélah hébreux : la Plainte domine dans la première (versets 1-6) ; la Prière dans la seconde (versets 7-12). Trois strophes dans chaque partie. La Très Sainte Église Catholique se sert très avantageusement de ce Psaume CXLII avec les versets 9-10 à l’Offertoire du Lundi Saint (Feria Secunda Maioris Hebdomadæ) où le psalmiste, au nom du Rédempteur, après avoir imploré le secours, demande à Dieu qu’Il daigne être Fidèle dans l’accomplissement de ses Divins Décrets pour le Salut de l’homme. Depuis la censure du Concile Vatican II, le dernier et douzième verset : « Et, dans votre Miséricorde, Vous détruirez mes ennemis, et Vous perdrez tous ceux qui persécutent mon âme, car je suis Votre serviteur » a été encore retiré des livres liturgiques en raison de sa cruauté difficilement compatible avec leur message moderniste. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 142 est psalmodié à la suite du Psaume 50 à l'Office des Laudes du samedi comme aux Laudes de l’Office des Ténèbres du Vendredi Saint chanté dans la nuit du Jeudi Saint au Vendredi Saint.
« Béni soit le Seigneur mon Dieu, qui enseigne à mes mains le combat, et à mes doigts la guerre »
« Benedictus Dominus, Deus meus, qui docet manus meas ad prælium, et digitos meos ad bellum »
Les Septante et la Vulgate ont ajoutés au titre de ce Psaume 143 : Contre Goliath pour marquer qu'il regarde la victoire que David remporta contre Goliath ; soit que David l’ait composé peu de temps après, ou depuis la mort de Saül, en reconnaissance de la Grâce que Dieu lui avait faite en cette occasion si importante. Mais comme le combat de David contre Goliath était la figure de Celui de Jésus-Christ contre le Démon ; aussi ce Psaume CXLIII peut être expliqué de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme de David. Action de Grâces pour une grande victoire et Prière pour obtenir le Secours du Ciel contre d'autres ennemis puissants. Cinq strophes irrégulières, dont la troisième et la quatrième sont terminées par un refrain : Action de Grâces à Dieu pour un premier triomphe porté grâce à son Tout-Puissant Secours (versets 1-2) ; éloge de la condescendance aimable du Seigneur envers l'homme (versets 3-4) ; prière pour demander une autre victoire (versets 5-8) ; promesse de louanges et réitération de la prière (versets 9-11) ; description de la vaine prospérité des ennemis d'Israël (versets 12-15). Dans ce Psaume encore, on retrouve d'assez nombreux passages qui paraissent être des échos d'autres chants sacrés, ou bien, que ces chants auront eux-mêmes empruntés, dans le cas où ils seraient de date plus récente. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 143 est psalmodié aux Vêpres du jeudi de la quatrième semaine (IV).
« Je Vous exalterai, ô Dieu mon Roi, et je Bénirai votre Nom à jamais, et dans les siècles des siècles »
« Exaltabo te, Deus meus rex, et benedicam nomini tuo in sæculum, et in sæculum sæculi »
Le titre nous marque que David composa ce Psaume 144 pour lui servir à chanter les Louanges du Seigneur. Et en effet il ne contient autre chose que tout ce qui peut contribuer à relever la Grandeur de Dieu. C'est un Psaume alphabétique dont chaque verset commence par une lettre nouvelle d'après l'ordre de l'alphabet hébreu. La lettre nûn n'est pas représentée dans le texte original, voilà pourquoi le Psaume n'a que vingt et un versets au lieu de vingt-deux. Les Septante et la Vulgate contiennent équivalemment le verset 13cd omis « Le Seigneur est Fidèle dans toutes ses Paroles et Saint dans toutes ses Œuvres » ; mais il est possible que ce soit là une interpolation, ce distique ne faisant que reproduire le verset 17, à part le léger changement qui porte sur le premier mot. Pas de division proprement dite, ainsi qu'il arrive dans les Psaumes de cette catégorie. On peut du moins distinguer quelques groupes de versets qui développent la même pensée. Éloge de la Majesté et de la Bonté du Seigneur, admirable tableau de la Toute Puissance de Dieu, et surtout de sa Bonté paternelle à l'égard de Ses créatures. Les anciens rabbins la goutaient d'une manière extraordinaire : quiconque, disaient-ils, récitera ce Psaume trois fois par jour est sûr d'être sauvé. La Très Sainte Église Catholique se sert très avantageusement de ce Psaume CXLIV avec les versets 15-16 au Graduel de la Solennité de la Fête-Dieu ou de la Fête du Très Saint Corps du Christ (In Festo Sanctissimi Corporis Christi) et du XXème Dimanche après la Pentecôte (Dominica Vigesima post Pentecosten) pour redire notre confiance envers Dieu de qui nous recevons Tout ; les versets 18 et 21 au Graduel du Quatrième Dimanche de l’Avent (Dominica Quarta Adventus) et du Mercredi des Quatre-Temps de l’Avent (Quarta Quatuor Temporum Adventus). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 144 est psalmodié à l’Office des Lectures le dimanche de la troisième semaine (III) et aux Vêpres du vendredi de la quatrième semaine (IV).
« Ô mon âme, Loue le Seigneur. Je Louerai le Seigneur pendant ma vie ; je chanterai mon Dieu tant que je serai. Ne mettez pas votre confiance dans les princes »
« Lauda, anima mea, Dominum. Laudabo Dominum in vita mea ; psallam Deo meo quamdiu fuero. Nolite confidere in principibus »
Ce Psaume 145, qui n'a pour titre dans l'Hébreu qu'Alléluia peut avoir été composé par David dans cet esprit de prophétie qui lui faisait découvrir si longtemps devant la captivité et la délivrance de son peuple ; et avoir servi ensuite aux deux Prophètes Aggée et Zacharie ajoutés au titre par la Septante et la Vulgate, pour exhorter les captifs à espérer leur retour en Palestine et à se confier pour cela en Dieu. L'application est facile à faire, de ce qui regardait la Jérusalem terrestre à ce qui regarde la Jérusalem du Ciel, où tous ceux qui gémissent en ce monde comme en un lien de captivité, doivent tendre de tout leur cœur. L'auteur de ce beau cantique de Louanges à Dieu, Secours de tous les affligés, exhorte ses concitoyens, délivrés naguère du plus grand de leurs maux, mais qui avaient encore beaucoup à souffrir de l'hostilité des Samaritains et des peuples d'alentour, à mettre leur confiance uniquement en Dieu, dont la Puissance, la Fidélité et la Bonté sont infinies, et non dans les hommes, fragiles et inconstants. Comparez le Psaume CXLII qui a beaucoup de pensées et d'expressions analogues. Un court prélude (verset 2abc) ; le corps du Psaume (versets 2d-9) ; une conclusion (verset 10). La Très Sainte Église Catholique se sert très avantageusement de ce Psaume CXLV dans l'Antienne de l'Offertoire du Troisième Dimanche après Pâques (Dominica Tertia post Pascha) où l’âme est invitée à louer Dieu, à Le louer dans la nouvelle Vie de Résurrection à laquelle Il nous a élevés ; Vie perpétuelle qui ne connaît point de mort. Le verset se rapporte avant tout au Christ, à la Vie de qui nous participons grâce aux Sacrements. Dans la Liturgie des Heures, ce Psaume 145 est psalmodié aux Laudes du jeudi de la quatrième semaine (IV).
« Louez le Seigneur, car il est bon de Le chanter ; que la louange soit agréable à notre Dieu et digne de Lui »
« Laudate Dominum, quoniam bonus est psalmus ; Deo nostro sit jucunda, decoraque laudatio »
Ces deux Psaumes, le Psaume 146 et le Psaume 147, n'en forment qu'un seul dans l'hébreu, et à bon droit, car ils sont intimement unis par le fond : un sujet identique dont le développement va toujours croissant ; et par la forme avec un même rythme. D'ailleurs, notre Version Latine fond elle-même les deux Psaumes en un seul par le numérotage des versets : le Psaume 146 (versets 1 à 11) et le Psaume 147 (versets 12 à 20). L'auteur est inconnu mais pour la date de la composition, on admet assez généralement l'époque de Néhémie, alors que les Juifs venaient de rebâtir et de fortifier Jérusalem avec un saint et généreux enthousiasme. Comparer les Psaumes CXLVI, 2 et CXLVII, 13 avec Néhémie II, 5 et VII, 4. La captivité de Babylone a pris fin, l'État Théocratique est rétabli, et la Ville Sainte a été elle-même relevée de ses ruines ; la prospérité commence à régner de nouveau dans le pays. Le psalmiste exhorte les Israélites, ses frères, à remercier Dieu de tant de Grâces, à louer le Seigneur qui a délivré les Israelites captifs et reconstruit Jérusalem. Trois strophes qui commencent toutes par une Invitation à Louer le Seigneur et dont chacune exprime un motif spécial de Louange : Le Psaume CXLVI célèbre la Bonté et la Puissance de Dieu (versets 1-6) ; la suite du Psaume CXLVI vante sa Providence (versets 7-11) ; et le Psaume CXLVII chante ses Bienfaits nombreux à l'égard d'Israël (versets 12-20). Mais toutes les pensées de détail se groupent autour de l'idée principale, qui est le rétablissement heureux des murs de Jérusalem. Le Psaume 147 peut s’expliquer, selon le sens spirituel, de l'Église de Notre Seigneur Jésus-Christ, et particulièrement de Celle du Ciel, où tout est en paix et en assurance. Le Seigneur a fortifié l’Église bien mieux qu’Il n’avait fortifié Jérusalem ; ce n’est pas avec des portes et des verrous, c’est avec sa Croix et par la Manifestation de sa Puissance. D’ailleurs la Très Sainte Église Catholique se sert très avantageusement du Psaume CXLVII dans sa totalité à la Procession Solennelle des Rameaux en invitant Jérusalem, figure de l'Église et de nos âmes, à Louer son Seigneur pour tous les Bienfaits reçus de Lui ; et également aux Laudes de l'Office des Ténèbres du Vendredi Saint chanté dans la nuit du Jeudi Saint au Vendredi Saint. En tant que Jérusalem, la ville sainte est la figure de nos églises, on chante donc ce Psaume à l’Office de Consécration d'une église et à l’anniversaire de leur Dédicace aux Vêpres. En tant que Jérusalem, figure la Société des Fidèles, à la Fête-Dieu ; et en tant que figure de la Très-Sainte Vierge, Mère de Dieu à toutes les Fêtes de Marie (voir dans le Sanctoral). Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 147 est récité ou chanté aux Laudes les vendredis de la deuxième (II) et de la quatrième semaine (IV).
« Louez le Seigneur du Haut des Cieux ; louez-Le dans les Hauteurs »
« Laudate Dominum, de cælis ; laudate eum in excelsis »
Après les grandes Faveurs que Dieu avait faites à son Peuple, le Prophète invite par ce Psaume 148 toutes les créatures, depuis les Anges jusqu’a celles qui sont sans raison ou inanimées, à louer ce Dieu Tout-Puissant ; mais il y exhorte particulièrement les Israélites, comme ayant reçu des marques si singulières de sa Bonté. Ce magnifique Alléluia de Louanges à Dieu de toutes les créatures du Ciel et de la terre, date comme le précédent de l'époque de Néhémie. Il a pour objet de remercier Dieu d'une grande Faveur accordée par Lui à son Peuple ; Faveur qui consistait très probablement dans le rétablissement de la Nationalité Juive après l'exil (verset 14). Transporté de joie au souvenir de ce Bienfait, le poète invite toutes les créatures, soit du Ciel, soit de la terre, à louer le Divin Libérateur d'Israël. Combien ce beau titre de Peuple qui approche de Dieu convient mieux encore aux Enfants de l’Église à qui Dieu se donne et s’unit d’une manière si intime dans le Sacrement de son Amour. C'est la même pensée qui se manifeste dans le Cantique des trois jeunes gens dans la fournaise (Dan. II, 51-90) et dans l'Hymne au Soleil, ou plutôt l'Hymne au Créateur de Saint François d’Assise. Deux parties : que les Cieux avec tout ce qu'Ils renferment louent le Seigneur (versets 1-6) ; que la terre avec tout ce qu'elle renferme loue le Seigneur (versets 7-14). La Très Sainte Église Catholique se sert très avantageusement de ce Psaume CXLVIII dans le verset alléluiatique, qui était probablement à l’origine une simple acclamation suivant la lecture de l’Évangile selon Saint Jean II, 1-11 du Miracle des Noces de Cana du Deuxième Dimanche après l’Épiphanie du Seigneur (Dominica Secunda post Epiphaniam) où les Anges et les Vertus sont invités à louer Dieu. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 148 est psalmodié aux Laudes du Dimanche de la troisième semaine (III).
« Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; que Sa louange retentisse dans l'Assemblée des Saints »
« Cantate Domino canticum novum ; laus ejus in ecclesia sanctorum »
Les Interprètes expliquent ce Psaume 149 de louange et de triomphe par rapport aux victoires des Machabées, ou à celles de David, ou à celles que le peuple d'Israël remporta sur ses ennemis après son retour de Babylone. Dans l'incertitude de ces différentes opinions, il suffit de dire que le Prophète invite le Peuple de Dieu, et en Sa personne tous les Chrétiens, à Lui chanter un Nouveau Cantique d'Action de Grâces pour toutes les preuves qu'ils ont reçues de sa Divine Protection contre tous leurs ennemis soit corporels on spirituels. Mais nombreux croient généralement que ce Psaume CXLIX a été composé après la captivité de Babylone. Il s'harmonise très bien, par les idées et par le style, avec l'époque d'Esdras et de Néhémie, pendant laquelle l'État Théocratique se rétablissait peu à peu. La joie de voir Jérusalem, le Temple et le pays sortir insensiblement de leur ruine inspirait aux Israélites des chants nouveaux qui débordaient de reconnaissance (versets 1 et ss.) D'un autre côté, ils étaient entourés de voisins jaloux et méchants, qui s'opposaient de toutes leurs forces à la restauration de la Théocratie, et il fallait lutter énergiquement contre eux, de là les sentiments exprimés dans les versets 6 et ss. et le désir de triompher de ces cruels ennemis. Deux parties : Louange à Dieu, l'aimable Bienfaiteur d'Israël (versets 1-5) ; excitation à la Guerre Sainte (versets 6-9). La seconde strophe n'a été complètement réalisée qu'à l'époque du Messie, car Lui Seul a vaincu et continue de vaincre tous les peuples de la terre, les soumettant l'un après l'autre à son Joug Divin. Dans la Liturgie des Heures, le Psaume 149 est psalmodié aux Laudes du Dimanche de la première semaine (I).
« Louez le Seigneur dans son Sanctuaire ; louez-Le dans le firmament de Sa puissance »
« Laudate Dominum in sanctis ejus ; laudate eum in firmamento virtutis ejus »
Ce Psaume 150 est encore composé sur le même sujet que le précédent, c'est-à-dire sur les Louanges qui sont dues à Dieu à cause de sa Grandeur, de son Élévation et de son Pouvoir Suprême. Doxologie Solennelle : Louez le Seigneur ! C'est une exhortation à Louer le Seigneur adressée d'abord tout spécialement à Israël, mais qui, en s'achevant, retentit bien au delà des limites du Pays Juif, puisqu'elle concerne tout ce qui a vie (verset 6). Division : prélude qui indique les motifs de la Louange (versets 1-2) ; le psalmiste invite les Israélites à célébrer le Seigneur avec toute sorte de joyeux instruments (versets 3-5) ; conclusion générale (verset 6). Les Interprètes remarquent qu'on ne peut connaître au juste quels étaient tous ces Sept instruments de musique. La Très Sainte Église Catholique se sert très avantageusement de ce Psaume CL à l’Office des Laudes de la Vigile Pascale du Samedi Saint (De Vigilia Paschali in Sabbato Sancto). Cette Veillée Pascale s'achève, en effet, par un abrégé des Laudes que les Moines chantent chaque matin au lever du soleil. Aussitôt après que le Célébrant a pris les ablutions, le chœur entonne trois Alléluia et poursuit avec le Psaume 150. Dans la Liturgie des Heures, ce Psaume CL est encore récité à la fin des Laudes les second et quatrième Dimanches.
Les 150 Psaumes en latin et dans plusieurs traductions françaises avec des commentaires :